Après la scène de Kwan roulant une pelle à Poppy sous mes yeux, j'avais clairement besoin de prendre l'air... ou de m'écorcher les yeux, au choix. J'ai plutôt choisi la première option.
Ma présence ce soir n'est pas le résultat de mon affection pour cette pimbêche d'Harper. Nous avions un accord, et je tiens toujours parole.
Appuyé contre l'une des poutres du porche, je fixe l'écran de mon portable. Plus précisément le texto que j'ai reçu cette aprèm de la part de Nate Pierce en m'informant de la venue imminente de ce fameux recruteur à l'université de Pinecrest. Il m'invite à me pointer le 25 juin, et à tenter ma chance auprès des Rapides.
Ces dernières semaines, j'en suis même venu à oublier la proposition de Pierce, à présent, l'angoisse me gagne à nouveau. Je suis clairement perdu. L'idée me tente énormément, mais... ça me fout une trouille bleue. Si jamais je me pointe, qu'arrivera-t-il si ça se passe terriblement mal et que ça me retombe en pleine face ? Je doute beaucoup que le coach Miller apprécie un tel revers de ma part, ce serait le poignarder dans le dos.
Bordel, ça devrait être un choix plutôt simple. Il suffirait que je réponde à Pierce que je ne suis pas intéressé, et ça cesserait de me tourmenter. Au lieu de quoi, je ne cesse de fixer ce message, comme si la réponse à tous mes problèmes se trouvait entre ces lignes.
— Mec ! me hèle la voix d'Ian.
Doucement, je me retourne. Son air grave m'interpelle.
— Un problème ?
— C'est Poppy. Elle s'est enfermée dans les toilettes du deuxième étage, elle n'ouvre pas la porte.
À peine a-t-il prononcé son nom que j'ai l'impression que le monde autour de moi tourne au ralenti. Ma respiration devient lourde, et une apesanteur désagréable s'empare de mes membres, alors que son prénom résonne dans mes oreilles tel un écho au fin fond de la montagne.
Il n'a pas le temps d'entamer sa prochaine phrase, je me fraie déjà un chemin à l'intérieur. Je fais des coudes et des mains pour atteindre les escaliers, les gravis de deux en deux, Ian sur mes talons. Je ne l'entends plus, pourtant, je sais qu'il s'adresse à moi, mais je ne pense plus qu'à Pops. Une brûlure me prend au bide, je ressens la bile remonter tout le long de ma gorge.
J'ai vraiment un putain de mauvais pressentiment.
— Je crois qu'elle a eu un souci avec Kwan, embraye mon ami lorsque nous atteignons le deuxième étage.
Sa voix m'atteint enfin, même si mes pensées partent dans tous les sens. Qu'est-ce que cet enfoiré lui a infligé ?
— Il a quitté la fête il y a quelques minutes, enchaîne Ian, ou plutôt certains de ses frères de Delta Zeta Kappa l'ont trainé dehors afin qu'il débarrasse le plancher. Son nez pissait le sang, il était super furax. Si tu veux mon avis, il était en pleine descente.
D'office, je me retourne pour lui faire face. Il pissait le sang ? Bordel, qu'est-ce que ce connard a foutu ?
— Je crois... qu'il a... outrepassé ses limites.
— Pardon ? rugis-je.
Une colère sourde gronde en moi, menace d'exploser et d'emporter tout ce qui se trouve sur mon sillage. Il a intérêt à ne pas avoir posé un doigt sur elle sans son consentement. Sinon, il ne passera pas la nuit. Putain, non ! Je l'avais prévenu.
Que Dieu le protège s'il a déconné, parce que moi, je ne le raterai pas.
— Cass, calme-toi, m'incite Ian.
Mes réactions ne lui échappent pas, il doit déjà savoir ce qui me traverse l'esprit. En ce moment, j'imagine mille et une manières de faire disparaître son cadavre après l'avoir passé à tabac.
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Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)
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