Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)

Chapitre 13 - Knight ⚾

Le regard braqué sur le batteur de l'équipe adverse, je clos mes paupières en prenant une profonde inspiration. Placé sur le monticule, je laisse mes sens me submerger, et j'essaye également de couper tout contact avec certains stimuli extérieurs, en particulier les spectateurs. Ils me fixent, crient mon nom, dans l'attente. La concentration est primordiale, je ne dois pas me laisser distraire par quoi que ce soit. Il s'agit de la fin de la neuvième manche, la dernière du match si les Black Hawkes continuent à avoir l'avantage.

Pendant tout le jeu, je n'ai cessé de me démener, de me démarquer afin de faire un sans-faute. Me perdre dans le jeu est ma façon à moi d'évacuer tout le stress, les doutes, même si ces derniers reviennent très souvent au galop. Le baseball est pour moi un exutoire depuis fort longtemps. Cette discipline m'a aidé à garder la tête hors de l'eau dans les moments les plus difficiles de ma vie. Il m'a apporté du réconfort, un but, un rêve. Je suis tombé amoureux de ce sport que j'ai la chance de pratiquer encore aujourd'hui.

Il est la seule chose que mon paternel ne m'a pas pris en se cassant et en nous abandonnant. Je me suis plongé corps et âme pour devenir le meilleur, l'échec n'est pas une option.

Ces quelques minutes sont cruciales, nous ne devons perdre sous aucun prétexte. En cet instant, cette responsabilité retombe sur mes épaules. Après tout, cette rencontre décidera si nous continuons dans la course de notre conférence, avant d'atteindre les Super Regions, puis finalement la College World Series, le point culminant de la saison. Et même si nos chances sont plutôt minces, dans le sport il ne faut jamais s'avouer vaincu.

La frustration est la pire ennemie qui puisse exister, elle mine le moral et met les hommes à genoux. Garder espoir et rester positifs malgré les adversités est notre crédo, celui de notre coach. Il croit en nous et nous croyons en lui. Nos rêves ne doivent pas être entachés par quelques défaites, car parfois, tout se joue à un point près. Et si nous avons suffisamment de persévérance, alors nous atteindrons notre but. J'en suis persuadé.

La seule chose dont nous devons nous préoccuper, c'est de faire de notre mieux et d'être fiers du travail accompli. Pas de regrets, pas de remords.

Le stade est plein à craquer, les supporters des deux équipes débordent d'enthousiasme, créant une ambiance palpitante, électrique. Néanmoins, même si nous jouons à domicile, je ressens la pression plus que jamais. Leurs regards braqués sur moi, ils attendent mes prochains mouvements, sur le qui-vive.

Le cœur palpitant, je serre la balle dans ma main avant d'ouvrir les yeux. Je régule ma respiration pour maintenir le calme. Les yeux fixés sur mon objectif, je prends une impulsion sur mes jambes, pivote mon tronc et lance la balle de toutes mes forces sur le receveur, en priant pour que le batteur la voit à peine passer.

Le front recouvert de sueur, je vois le projectile avancer à la vitesse de l'éclair et atterrir dans les mains de mon coéquipier. Comme s'il chassait une mouche, le batteur des Rapides de l'université de Pinecrest rate sa cible.

Soulagé, je pousse un soupir lorsque l'arbitre crie « strike out ». Il est éliminé après trois échecs.

— C'est terminé ! poursuit-il. Les Black Hawkes d'Oak Ridge remportent le match 4-3 !

Soulagé comme jamais, je lance ma casquette en l'air avant de la rattraper.

Les supporters de notre équipe se lèvent et nous font une ovation tandis que la pression commence à quitter tous mes muscles. Le sourire aux lèvres, je les salue au moment où j'entends mon nom transcender des gradins. Ma poitrine se remplit d'un sentiment de joie, de fierté pendant que ces personnes louent mes efforts et mon compromis vis-à-vis de l'université.