Alessio
Je sais qu'elle souffre en silence. Chaque jour je cherche mais je ne trouve pas. Je fais les cents pas en m'imaginant tout un tas de scénario sordide. Comment pouvons-nous aider une personne qui trouve son réconfort dans son mal-être ? Comment pouvons-nous sauver quelqu'un qui s'accroche sans cesse au poids qu'il ressent dans la poitrine ? Comment pouvons-nous sortir cette personne de l'enfer si elle craint de ne rien ressentir d'autre que de la souffrance ? Comment pouvons-nous guérir une personne qui préfère souffrir plutôt que se sentir vide, inexistante ? Comment pouvons-nous aider quelqu'un qui s'est habituée à souffrir ?
Je suis devenu complètement parano depuis qu'elle a posé les yeux sur moi. Je suppose que je m'imagine à la place de Matteo, il n'a aucune idée de ce qu'elle subit.
Je dois lui en parler.
Elya
Après ma journée chargée au lycée suivie de mes révisions pour le bac en rentrant, je suis épuisée. Et la faim se fait ressentir dans mon estomac.
Je descends dans la cuisine et scrute les moindres recoins de la pièce pour voir si mon frère s'y trouve. Le champ est libre. Du haut de mon mètre soixante, je dois me hisser sur la pointe des pieds afin d'atteindre le placard pour me munir d'un bol que je vais remplir de céréales pour mon goûter. Je ne m'en lasse pas, je pourrais en manger même lorsque j'aurais soixante ans. Les céréales sont mon péché mignon. Soudain, un bruit me fit sursauter. Matteo pousse un cri digne d'un film d'horreur. En sursautant, j'ai provoqué la chute du bol que je tenais entre mes mains il y a quelques secondes. Celui-ci se fracassa en un milliards de morceaux sur le carrelage sombre de la cuisine.
je suis morte.
Les pas de mon frère résonnent. Il pointe le bout de son nez aussi rapidement qu'un guépard qui chasse sa proie.
Je veux disparaître de la surface de la terre avant qu'il ne m'approche.
— Ah...t'es là toi ? grimace-t-il. Tu peux arrêter de foutre le bordel ? Tu me dérange, je suis en pleine partie vocale. Ramasse les bouts de verre, tout de suite. M'ordonne-t-il en me pointant le bol brisé sur le sol.
— Quoi ? Pas avec mes mains je vais me couper. Répondis-je du tac au tac.
— Elya.
Sa voix est ferme, il me fait comprendre que je n'ai pas la possibilité de négocier quoi que ce soit.
J'hésite pendant quelques secondes.
Il me saisit par la nuque avant qu'il ne me jette au sol. J'atterris sur mes genoux, mes mains s'écrasent sur les bouts de verre qui s'enfoncent peu à peu dans mes paumes.
— Aïe, mais t'es complètement malade ?
— Répète ?
Je n'ai pas l'occasion de le faire, ses mains font pression sur mon dos de sorte à ce que le verre pénètre plus profondément dans ma chair.
Putain de malade mentale.
Il retire le poids qu'il exerçait sur moi et je me relève pour constater les dégâts que mes mains ont subi. Mon envie d'hurler augmente lorsque je retire chaque morceau. Une fois que tout est retiré. Je me dirige vers la salle de bain pour désinfecter mes plaies. Entre-temps, mon psychopathe de frère est reparti dans sa chambre.
— BORDEL. Hurlé-je lorsque le liquide atteint ma chair, les picotements et la douleur surgissent une nouvelle fois.
Les larmes dévalent le long de mes joues mais ce n'est pas ce qui préoccupe mon esprit. Je me contente d'appliquer le bandage sur chacune de mes mains.
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Les secrets de nos âmes [T1 + T2]
RomancePar moments, l'envie nous prend de nous fondre dans le néant car nôtre âme ne trouve aucun repère pour s'ancrer dans ce monde trop vaste. C'était le ressenti d'Elya...elle qui n'avait aucun répit, elle subissait sans savoir pourquoi. Sa vie était dé...