Elya
Un mois plus tard.
Je m'avance lentement vers le bâtiment sombre. J'ai choisi la tenue la plus confortable pour aujourd'hui. Je suis vetu d'un jogging noir ainsi qu'un pull oversize gris. Je porte des baskets de sport simples en guise de chaussures. Avec Kiara nous sommes prêtes à passer notre dernière épreuve écrite : la philosophie. Après nos semaines de révisions acharnées, j'espère au moins que nous aurons la moyenne.
Tous assis sur nos chaises, le stress est palpable. Le silence règne dans la salle comme si personne n'osait respirer. Je n'ai pas de quoi m'inquiéter mais je ressens tout de même cette sensation désagréable. Cette petite voix qui nous dit que nous n'en sommes pas capables. Et ça m'agace au plus haut point.
Au bout de quelques minutes, je me retrouve devant ma copie.
Ne doute pas de toi pour tes examens.
Avait-il raison ?
J'écris encore et encore au point que mon poignet n'en puisse plus. Je fais ressortir toutes les connaissances acquises depuis ces années de lycée. Et je crois que ça marche.
Ma jambe se mit à trembler.
Et si je ne réussissait pas à cause de mes écarts ?
Et si je passais à côté de ce que j'ai toujours voulu ?
Je secoue la tête, c'est impossible, je veux réussir, je dois réussir. Jusqu'à présent j'avais l'impression de réussir. Je ne peux pas échouer à la dernière étape. Certes ce n'est qu'un exercice, mais personne ne doit se reposer sur ses lauriers. Et surtout pas moi. Je ne peux pas me le permettre. Je veux être fière de moi et briller à travers les yeux de mes parents.
J'ai terminé peu de temps avant la fin de l'examen. Le temps restant je l'ai passé à regarder par la fenêtre et à rêver de ma vie future. Je me posais aussi des centaines de questions à propos d'Alessio, de nous, de moi.
Les coudes sur la table, la tête sur mes mains je fus interrompus par un de nos professeurs.
" Posez vos stylos, l'épreuve est terminée"
Aucune phrase ne m'a fait redescendre en pression aussi vite que celle-ci.
Je descends les escaliers, une fois dans la cour j'inspire fortement. Un immense bol d'air frais remplit mes poumons. J'expire bruyamment quand une main se pose sur mon épaule, je sursaute avant d'apprendre que ce n'était que Kiara.
— Excuse moi je ne pouvais pas rester dans la salle plus longtemps...
— Je te comprends, comment ça s'est passée ? S'enquiert-elle.
Son expression change du tout au tout quand Jules arrive. Sur le coup, je ne comprends pas. Puis je me souviens qu'il sont en froid depuis que Jules m'a attrapé et fait la morale le jour ou Alessio m'a déposé au lycée. Kiara est ma meilleure amie, même dans mes pires erreurs elle me suit, elle me réprimande...mais elle me suit. Ce qui n'est pas le cas pour Jules, et ça en devient alarmant vu les regards assassins qu'ils se lancent.
— Vous allez passer à autre chose ou c'est pour demain ? Riais-je dans le but de détendre l'atmosphère.
Kiara me dévisage et j'explose de rire, Jules fait de même.
Je me ravise et réponds à la question que m'a posée mon amie peu de temps auparavant :
— Moi j'ai eu du mal à me concentrer, mais une fois partis, impossible de m'arrêter !
— Moi aussi ! Ajoute Jules tandis que Kiara grimace.
— Je suis contente pour vous, je ne sais pas si j'ai réussi, j'en doute. Elle tente de masquer les tremblements dans sa voix mais je la connais trop pour ne pas m'en apercevoir.
— Kiara...je ne peux pas savoir à ta place, mais même si tu dis vrai, tu as à gérer absolument toutes les autres matières, soit fière de toi.
Elle sourit de nouveau, ce qui veut dire que je suis parvenue à lui remonter le moral pour un petit temps.
L'après-midi est déjà terminée. Je devais faire les boutiques avec ma mère mais elle a décliné notre sortie pour je ne sais quelle raison, de toute façon j'ai l'impression de ne vivre qu'avec Matteo.
Lorsque je passe la porte, je retrouve Rio qui m'attendait avec impatience pour lui faire sa promenade du jour. Aussitôt rentrée je me sers un jus d'orange avant de rebrousser chemin. Je n'ai pas besoin d'emporter une laisse, il n'y a pas de passage ici, et mon chien m'écoute à la perfection. Ce genre de moment me permet de me ressourcer, c'est à ce moment précis que je repense au lac. Après tout, les beaux jours arrivent.
Le lac offrait une vue magnifique, les fleurs colorées décoraient le paysage. Rien que pour cet endroit je pourrais regretter ma vie ici. Mais il faut faire des sacrifices . On a rien sans rien. Je compte profiter de tout ce qui m'entoure ici avant de partir.
Rio vagabonde à travers les herbes hautes et je ne peux m'empêcher de sourire. Les oiseaux sont présents pour assurer une belle mélodie. Heureusement car aujourd'hui je n'ai pas apporté mon casque. Je profite de la nature d'une nouvelle façon, ce n'est pas plus mal.
— Rio, non !
Trop tard, il a sauté dans l'eau. Je le laisse profiter à sa manière. Je m'allonge au sol et un papillon se pose sur mon pull. Ces insectes sont si beaux et élégants. Je l'observe de plus près avant qu'il ne s'envole. Rio me rejoint à son tour en m'arrosant au passage.
— Tu aurais pu attendre...Rigolé-je avant de me redresser.
Sur le chemin du retour, j'accélère le pas. J'ai reçu un message de ma mère. Finalement elle rentre plus tôt que prévu. Je souffle en m'imaginant crouler sous les tonnes de questions qu'elle va me lancé par rapport au bac.
Ça ne manque pas, mon pressentiment était véridique. En seulement le temps d'un repas, ma mère m'a posé des questions plus stressantes les unes que les autres. Elle ne semble pas satisfaite de moi alors que je lui ai dit que dans le pire des cas j'aurais la moyenne mais d'après mon ressenti, je devrais avoir largement au dessus. Je ne comprend pas ce qui lui conviendrait. Elle n'est jamais présente pour moi et elle ose me me reprocher que je ne suis pas assez douée au niveau scolaire.
Je sors de table ne pouvant plus supporter ses propos sans m'énerver.
En arrivant dans ma chambre j'appelle immédiatement Kiara et je lui raconte tout, j'ai besoin d'extérioriser. Elle est tout autant surprise que moi.
— Elle n'est jamais contente...je sais que tu as fais de ton mieux, et puis pourquoi te comparer à ton frère ? ça devrait être interdit, ce n'est pas une compétition. Souffle-t-elle, exaspérée.
— Matteo n'est pas un ange il est loin de l'être mais au yeux de ma mère, il sera toujours mieux que moi.
Jusqu'au jour où tout le monde ouvrira les yeux sur la personne qu'il est réellement.
— Si tu veux venir à la maison tu sais où je suis, la porte sera toujours ouverte.
— Merci, mais je pense que ça ne ferait qu'empirer la situation.
— Oui, tu as raison, je te laisse Elya, prends soin de toi.
Après lui avoir souhaiter une bonne nuit et raccroché, je me dirige vers la salle de bain.
L'eau chaude a le pouvoir de détendre tout mon corps, chaque muscles, et ce n'est pas à négliger après une journée comme celle-ci. Lorsque j'en ressors, ma peau frissonne à cause de l'écart de température. Je me sèche rapidement pour éviter d'attraper froid. Après avoir enfilé mon pyjama en satin, je me munit de ma brosse et démêle mes cheveux avec précaution.
De retour dans ma chambre je me faufile à travers les draps frais et réconfortant, j'ai lancé une playlist apaisante afin d'éviter de penser une nouvelle fois aux examens qui m'ont pris la tête toute cette semaines. Demain, on est vendredi et j'ai très hâte d'y être. Je sens que je vais m'amuser avec Kiara.
On est encore trop jeune pour ne plus profiter de la vie.
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Les secrets de nos âmes [T1 + T2]
RomancePar moments, l'envie nous prend de nous fondre dans le néant car nôtre âme ne trouve aucun repère pour s'ancrer dans ce monde trop vaste. C'était le ressenti d'Elya...elle qui n'avait aucun répit, elle subissait sans savoir pourquoi. Sa vie était dé...