Chapitre 30 | Au-revoir

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Elya

" Partir sans se retourner est parfois la meilleure solution pour ne pas souffrir, au détriment de ceux qu'on aime. Mais nous ne choisissons pas le moment pour avoir le coeur brisé."

C'est ce que je me suis répété plusieurs fois hier.

Rio est parti. Du haut de ses dix ans, il a rejoint le ciel. Sans surprise, je me suis effondré en apprenant la nouvelle. Je suis rentré des cours avec l'ignorance de ce qui m'attendait une fois à la maison. L'image de son corps sans vie au milieu du salon avait un goût amer. Je n'ai pas parlé de la soirée, le lendemain au lycée, je restais de marbre. J'avais prévenu Kiara par message, elle m'a soutenue malgré mon comportement froid, elle ne m'a fait aucune remarque.

Ce n'est que lorsque nous sommes au plus bas que nous voyons les vrais amis.

Beaucoup seront là lors de nos réussite mais peu se porteront volontaire pour essuyer nos larmes. C'est la triste réalité. Malgré le mois de mai bien entamé, la pluie est présente.

Un dimanche en plus.

Suite au retour de mon père j'ai dû trouver une autre solution que de sortir tard. Je sors toujours lorsqu'il fait nuit, mais désormais je déambule dans les rues le matin. Il est à peine six heures mais j'enfile la première veste pendue sur le porte manteau puis claque la porte derrière moi. Je me sens seule comme jamais je ne l'étais auparavant. Alessio s'est volatilisé je ne sais où. Nous nous sommes vus pour la dernière fois il y a trois semaines. Depuis, il n'a plus fait irruption dans ma vie. C'est un sentiment étrange de l'avouer, mais sa présence me manque. Si j'en crois mon état nauséeux depuis quelque jours, j'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Ça ne serait pas étonnant vu le nombre de fois où il se met en danger comme un idot. Si seulement tout était différent...

A côté de ça, le vide se fait ressentir dans la maison. Il n'y a plus cette petite boule de poil pour me réconforter ni pour m'accueillir comme un fou lorsque je rentre du lycée. A la place je retrouve mes parents en pleine dispute. Parfois je me demande si un divorce ne serait pas mieux pour tout le monde. Ces derniers temps, ma mère est sur mon dos dans le but de me mettre la pression pour mes examens. Je dois être à la hauteur, il ne me reste plus qu'un mois.

Ou plutôt devrais-je dire, être à la hauteur de mon frère.

Quelle ironie.

On me demande d'être à la hauteur d'un monstre. Parce qu'au final, c'est toujours lui que ma mère favorisera. Peu importe les efforts fournis afin qu'elle soit fière de moi. C'est comme si rien de tout ça n'existait. Comme si je n'existait pas à ses yeux. Je ne suis qu'un échec, changer ne conviendra jamais. Un rire rempli de sarcasme s'échappe quand je repense au fait que j'espérais qu'un jour la balance pencherait de mon côté. Impossible, ça sera toujours moi le problème.

Voilà pourquoi je m'efforce à me taire. Je ne supporterai pas que je sois la fautive, pas cette fois. Je ne pourrai pas l'entendre. Je préfère ne rien savoir. Je ne veux même pas leurs avis sur cette histoire. Je me contente d'imaginer leur réaction, c'est moins douloureux.

De l'eau imprègne ma baskette. Sans l'avoir remarqué, je marche dans des flaques depuis que j'ai laissé mes pensées déraper. Je me suis éclaboussé comme une idiote. Ma capuche n'a pas joué son rôle plus de dix minutes. Mes cheveux sont collés à mon visage à cause de l'averse. Mes mèches brunes regorge d'eau au point que je suis obligé de les essorer.

Le vent me fit tressaillir mais ce ne fut pas suffisant pour me donner l'envie de rentrer chez moi. Plus rien ne me donnait l'envie d'y aller, pas même mon père. Sont attention est reporté sans cesse à leurs disputes, ça le fatigue alors il n'a plus ce sourire contagieux. Il y a encore quelques mois je n'avais qu'une hâte, c'était de me rapprocher de la fin du lycée, au final, c'est devenu tout l'inverse.

Les secrets de nos âmes  [T1 + T2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant