Chapitre 19 | Stone

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Alessio

J'attrape ma veste en cuire, le soleil s'est déjà couché afin de laisser place aux folies de la nuit. Les lampadaires qui éclairent la ville passent à une vitesse affolante. D'un air amusée Matteo me lance :

— Tu comptes crever plus vite à rouler comme ça ?

Après ce que j'ai vu hier soir, ce n'est pas l'envie qui me manque. Je me contente d'un "non" de la tête avant de me concentrer de nouveau sur la route.

Arriver à destination, notre bar préféré nous plonge dans une ambiance différente que celles dont j'ai l'habitude avec Pablo et toute l'équipe. Assis sur les tabourets,mes pieds n'atteignent plus le sol tant ils sont hauts. Matteo sort soudainement des joints avant de sortir un sachet de poudre blanche.

— Tu déconnes ? Plus jamais je ne touche à cette merde, range ça avant de te faire chopper.

— Relax, c'est safe ici.

Je secoue la tête avant de passer une main sur mon visage.

Je fais signe au barman qui nous reconnaît rapidement. A une époque nous étions ici, assis à ces mêmes places chaque samedi soir. Je n'avais rien d'autre a faire que de me saouler et me droguer. J'étais complètement perdue face à ma propre vie, mais est-ce réellement différent aujourd'hui ?

Et je craque, j'attrape un joint et je retrouve cette sensation, je comprends pourquoi je faisais ça. Et puis les minutes passent et vient un deuxième puis troisième. À côté de ça je suis à mon deuxième verre de whisky. C'est ce qu'on appelle une descente aux enfer.

Dans tous les sens du terme.

Le sentiment de culpabilité prend le dessus, ce qui m'enfonce encore plus bas et je redemande un énième verre, c'est un cercle vicieux. Même quand je veux tout oublier, mon train de vie, mes problèmes, même en faisant recours à mes anciennes méthodes, ça ne marche pas.

J'entend Matteo demander un verre, il en est à son quatrième, peut-être cinquième finalement.

— Non, les mecs vous êtes dans un état lamentable je ne peux pas vous resservir.

En effet, en quelques heures de temps nous avons atteint le point de non-retour.

— Allongez-vous sur les banquettes au fond de la salle, à la fermeture je vous ramènerai chez vous.

Ces paroles sont suivies d'une petite tape dans le dos, ce qui redouble mon envie de vomir.

— Merde, j'avais oublié, allez vous allongés ! ajoute-le serveur. Nous suivons ses conseils au pied de la lettre, mes yeux me brûlent, la nausée est insupportable. Mais la fatigue prend le dessus, je m'endors en quelques secondes.

𓆙𓆙𓆙

En ouvrant les yeux je remarque que je ne suis ni au bar, ni chez moi, mais belle et bien dans le canapé à côté de Matteo. Je pousse un grognement.

Tout sauf ça.

Il nous a ramener, pas chez nous mais chez matteo, avec ma voiture...ce qui l'a obligé à appeler un taxi pour rentrer sereinement chez lui. Le pire c'est que je suis ici, alors que dorénavant je n'ai plus aucune envie de penser à elle. C'est stupide mais au fond, j'espérer avoir ma chance avec elle. Car c'est la seule à avoir vu le vrai Alessio. Celui que je ne montrait plus.

Et j'ai été con.

Véritablement con.

Je la pensait différente, mais hier soir elle m'a prouvé le contraire. Je ressent simplement de la déception. Je suis déçu d'elle, de moi pour le comportement que j'ai eu hier, j'ai rechuté et je n'aurai pas dû car aujourd'hui je vais devoir subir les symptômes du sevrage, le manque, la tentation, l'envie.

Les secrets de nos âmes  [T1 + T2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant