Chapitre 2 | Prendre ses marques

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Alessio

4 ans plus tard, New York.

Le souffle entre coupé, le corps en sueur, je me faufile à travers les meubles, malgré la pénombre j'arrive a sortir sans buter le mobilier que je commence à connaître après quatre année ici. Les mains posées sur le garde-corps en verre du toit, je contemple cette ville illuminée malgré l'heure tardive.. Totalement différent de mon quartier paumé. A cette heure-ci, il n'y avait que la drogue qui régnait. Ici aussi, sinon je n'aurais pas de travail, mais disons que les gens ne laissent rien paraître.

Bonne image, évidemment.

On vit dans une société où on a tous peur du jugement. A vrai dire, je ne m'en suis jamais soucié, et je ne compte pas commencer ici. Blindé ou pas, je ne changerais pas mes habitudes, mes sorties sans dépenser pour autant, mes vêtements qui ne brillent pas.

Je m'en fous.

Mes yeux me brûlent et je lutte pour rester ouvert. Pourtant je sais que je ne trouverais pas le sommeil. J'ai l'impression que ma vie n'a plus de sens depuis que je suis ici. Je travaille, encore et encore. Je profite avec ma sœur, parfois. Disons que notre relation puérile à laisser place à deux adultes désormais.

Elle va fêter ses 22 ans.

Malheureusement pas avec moi, je suis bien trop prise par le travail. Et elle compte fêter ça avec son petit copain et ses nouveaux collègues de travail. Elle est devenue comédienne pour des petites pièces de théâtre.

Une partie du jeune Alessio, encore lycéen, s'est brisé quand j'ai appris la nouvelle sans qu'elle m'invite. Je suis devenu si invisible à ses yeux.

Je ne lui en veux pas, elle à évolué, elle a réussi, elle a une vie amplement heureuse et méritée. Je ne peux pas la blâmer parce qu'elle à réussit là ou moi j'ai échoué.

A l'appart c'est devenu compliqué, entre le bazar laissé derrière elle, les soirées où elle invite son copain, et les semaines entières où je ne la vois pas passer la porte. Mon mental en a pris un sacré coup.

Pourquoi je suis comme ça ?

Si...nostalgique.

Non, enfaite c'est bien pire.

Je déteste que les gens changent, c'est absurde car l'évolution fait partie de notre vie. Et pourtant je hais les personnes qui finissent par changer. De personnalité, de perception, de mode de vie. Car ça impacte toujours notre relation. Je préfère la routine, quitte à m'en lasser, plutôt que de devoir affronter les regards qui changent. Finalement, je finis par ne plus reconnaître mes proches, alors que moi...je reste le même au fond.

C'est sûrement moi qui ait un problème.

Je ferais mieux de me rendormir.

Je me perds sur les différents building illuminés, qui me rappellent de nombreuses cartes postales, photos, film, et j'en passe. En oubliant, que je suis moi même sur le toit de l'un d'eux. Avec le temps je me suis habitué à la hauteur et au vent qui me foudroie dès que je sors. Ce qui n'était pas le cas pour Valentina. Heureusement qu'au premier été ici, elle s'est rapidement familiarisée avec la hauteur quand il fallait se baigner.

— Je pensais que tu dormais, pourquoi tu es là ? Résonne une petite voix dans mon dos. Je me retourne, ses cheveux longs flottent dans les airs.

— Je fume, ça me détend, j'ai fait un cauchemar.

Je lui montre ma cigarette comme preuve avant qu'elle ne fasse demi-tour sans un mot.

Je fini par retourner dans mes draps froids. Le sommeil m'emporte jusqu'au lever du soleil. Les yeux rivés au plafond dont les lueurs sont déformés par l'éclat de la lune. Je me mets à rêvasser.

Les secrets de nos âmes  [T1 + T2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant