Chapitre 3 | Retrouver l'espoir

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Alessio

Je jongle entre les différents rayons de ce magasin luxueux. Je cherche désespérément une cravate verte émeraude pour ajouter une touche de couleur à mon costume. Je ne veux pas de leurs remarques à la con sur ma façon de m'habiller. Autant leur en mettre plein les yeux. J'aime prendre soin de ma tenue lors de grandes occasions, et le travail dans les bureaux. Sur le terrain, c'est très différent depuis que je n'ai plus affaire au sang. J'ai été clair, je ne comptais plus souiller mon âme en me nourrissant de celles des autres comme le fond la plupart de ses hommes. Alors je vole. Niveau éthique, je l'accorde, ça ne vole pas haut. Mais, j'espère me racheter au moins rien qu'un peu. Je ne veux plus qu'on me voit comme un monstre alors qu'en réalité, j'ai toujours voulu offrir le monde à mes proches. En effet, pas de la meilleure des manières, mais c'est l'intention qui compte.

Moyennement sûr de cette phrase quand il s'agit de moi, en fait.

— Je peux vous aider ? Retentit une voix mielleuse dans mon dos.

Je fis un tour sur moi-même en manquant de trébucher. Je déteste qu'on me sorte si brusquement de mes pensées.

— Oui, je voudrais une cravate couleur émeraude.

Elle me fit signe de la suivre, j'emboitai le pas alors qu'on se faufiler à l'arrière du magasin. Je reste tout de même en garde envers ce comportement étrange. Aucune vendeuse n'emmène ses clients dans l'arrière boutique. Je scrutais les alentours mais rien ne me sautait aux yeux. Il faut que j'arrête de me concentrer sur nos ennemis, même s'ils sont plus nombreux. Parfois il vaut mieux se méfier de nos amis plutôt que de nos ennemis.

J'en ai fait les frais. Un rire rempli de sarcasme s'échappe de ma gorge. Je détourne le regard quand j'aperçois la vendeuse en train de me fixer.

— J'ai celle-ci, me sourit-elle en me tendant le tissu.

Je secouai négativement la tête en lui redonnant la cravate.

— Non, elle est trop pâle, je veux de la couleur.

— Pourtant vous avez l'air de porter des vêtements assez...sombre. Fait-elle remarquer.

Je frottais mes mains entres elle avant de perdre patience.

— Je veux quelque chose de nouveau, je désire la plus belle de toutes, la plus soyeuse, douce, la plus éclatante. Peu importe.

— Très bien, je vais vous trouver ça.

Quelque chose à changer dans son regard, on dirait que mon ton ne lui a visiblement pas plus. Après plusieurs minutes à me faire patienter comme un con au milieu du bordel et des cartons, elle revient vers moi. Son sourire émane de l'hypocrisie si bien que ça me donne des frissons désagréables.

Alors toi, tu ne sais pas à qui tu te frottes. Tu viens de m'offrir ma nouvelle cible sur un plateau d'argent. J'aurais pu voler des exemplaires de vêtements luxueux. Mais n'ayant pas mes équipements, ni mes acolytes. J'avais peur de foiré. J'attendrai quelques jours.

— La voilà.

Elle me la jette presque en pleine tête, je la dévisage tout en me rendant vers la caisse. Je paye rapidement puis sors en trombe de la boutique.

Je frôle plusieurs personnes sur mon passage jusqu'à regagner ma voiture flambant neuve. Les mains sur le volant, je ne perds pas de temps. En moins de deux je rejoins notre appartement. Car oui, même si j'ai pris Valentina sous mon aile en attendant de rattraper le temps perdu. Elle semble s'être bien approprié les lieux. Je n'ose pas la réprimander, pourtant ce manque de gêne me déçoit quelque peu venant d'elle. Ses fréquentations ici l'ont changées. J'aurais dû m'en douter me diriez-vous.

Ouais, mais je fonce toujours tête baissée.

Je reçois un appel alors que je pénètre dans le garage souterrain de mon immeuble. Je ne prends pas la peine de regarder, je le ferais une fois posé tranquillement.

Dans l'ascenseur, je croise un jeune couple, presque à deux doigts de se sauter dessus. Je retiens un rire gêné.

Je ne suis clairement pas le plus sage dans cette catégorie, je l'avoue. Mais disons que je prends soin de ne pas traumatiser autrui.

Bordel, tenez vous un peu ?

Il s'arrête au huitième étage pour mon plus grand bonheur, au détriment de leurs voisins.

Tant pis pour eux.

Une fois au dernier étage, je marche lentement dans le couloir calme et silencieux. Je déverrouille la porte, puis me hisse à travers la pénombre. Ce matin elle dormait alors je n'ai pas ouvert les volets, et visiblement elle non plus. Je laisse faire les volets électriques tout en retirant ma veste.

Je jette enfin un coup d'œil à mon téléphone. Il s'agit d'un message venant de mes parents. Nous avons plus ou moins renoué les liens par message. Mes lèvres se retroussèrent.

Papa :

Nous avons pris la décision de t'inviter avec ta soeur pour le dîner de Noël. >

Je lui réponds que je serais présent, je sais que ma sœur a reçu ce message également, probablement avant moi d'ailleurs. Mais elle ne m'a rien dit pour ne pas influencer ma réponse. Je ne sais pas si j'ai envie de jouer à la famille parfaite. Mais renouer avec eux ne ferait pas de mal. Je n'ai jamais pu leur parler de ce que j'ai fait pour Valentina après cet accident. Il n'ont pas conscience que j'en ai sacrifié mon quotidien, mon âme. On m'a tout pris, sans épargner quoi que ce soit. Même mon cœur n'est plus là. Et pourtant, j'y croyais dur comme fer il y a quatre ans.

Je quitte enfin la conversation après l'avoir fixer durant cinq minutes. Je farfouille dans les placards en cherchant de quoi me nourrir ce soir. Je pourrais me payer un restaurant. Mais que faire de l'argent quand on est seul pour le dépenser. Je me suis toujours méfié des vautours qui rôdent ici, la soif d'argent se fait ressentir.

Je n'ai jamais goûté au luxe pendant mon enfance, alors je me rattrape.

Mais depuis un certain temps ce même schéma m'ennuie, c'est un cercle vicieux dont je ne veux plus appartenir. Je pensais que ça serait différent en venant ici, mais je suis toujours second, et le temps se fait de plus en plus long.

Alors que les pâtes carbonara cuisent. J'envoie un texto à Pablo. Je veux prendre les commandes, pour de bon cette fois. Au moins tester avant de partir. Je fais peut-être une énorme connerie, ce qui ne m'empêche pas de le faire pour autant.

Évidemment.

Après plusieurs minutes, mon téléphone vibre.

Pablo :

Je vais prendre les mesures nécessaires, je suis fière que tu me fasse cette demande. Je m'assurerais que ton rôle sera respecter. >

Un rictus au bord des lèvres, je place mes couverts sur la table dans un mouvement robotique, la tête nichée dans mes pensées. J'avale rapidement mon plat puis, je fais également quelque tâche ménagère que Valentina ne prend plus soin de faire. Je vais finir par prendre une femme de ménage si ça continue. Je n'ai pas le temps d'entretenir l'appartement, et ça se voit.

Il est désormais autant en désordre que mon cerveau.

Ce même cerveau qui me joue des tours en me remémorant des souvenirs lointains. Ils sont plus souvent douloureux.

J'étais peut-être le méchant de notre histoire, mais qui a dit qu'ils ne pouvaient pas souffrir, eux aussi ?

Quatre putain d'année, et je me torture encore. Ses yeux verts, si sombres et scintillant à la fois. Ils me hantent, me collent, m'oppressent. Ils me rappellent à quel point j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie. Mais je n'ai pas de doute, elle a une force surhumaine, elle s'en est remise. C'est ce que je me dit pour éviter de culpabiliser. Et si elle avait laissé filer son rêve par ma faute ?

Impossible.

— Putain, je veux que ça s'arrète. Je ne la retrouverais jamais, pourquoi je m'acharne sur le passé ?

Ouais, elle n'est rien d'autre que du passé. La mauvaise partie de mon passé. Celle qui n'aurait jamais dû m'atteindre une fois de plus. 

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