Acte I

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Palais de l'Elysée
26 juin 2024


Scène 1
Un des Salons de l'Elysée


- Deux nouveaux édits depuis ce matin ! Les gens n'ont vraiment que ça à foutre ma parole.

L'homme soupira fortement et claqua son téléphone sur la petite table près de lui.

-  Relax, Pierrot. Ça leur passera. Et puis faut bien reconnaitre que certains sont très drôles. Perturbants, mais drôles.
-  J'avoue. Les jeunes s'y intéressent de plus en plus. Ça les éclate. J'en entend parler tous les jours.
-  Ce qui est plutôt une excellente chose, tu ne crois pas ?
-  Une bonne chose ? Tu sais que la seule chose qui les intéresse c'est de savoir qui de vous deux se la prend ? T'en a conscience ?

Jordan Bardella avait souri. Un sourire net et plein. Légèrement tourné vers l'extérieur droit, accentuant la proéminence de son muscle zygomatique. Un sourire suffisant. Son acolyte, Pierre-Romain  Thionnet, dit Pierrot, et directeur du NRJ -le parti pour les jeunes du rassemblement- scrollait les réseaux depuis le début de matinée. 

-  C'est plutôt bon enfant. Pas de quoi s'alarmer.
-  Bon enfant ? Les fan fictions on en parle ?
-  C'est pas si terrible, détend-toi.
-  Ah mais ça t'éclate vraiment en fait ? Tu réalises qu'au dernier forum des jeunes que j'ai dirigé, on m'a demandé à six reprises si vous étiez vraiment intime ?

Le jeune brun avait pouffé tout en prenant une gorgée de café.

-  Et qu'est-ce que tu as répondu ?
-  Que je poserais la question à Nolwenn ?
-  Hey ! Ne mêle pas Nolwenn à ça !
-  Ah ben que Dieu l'en garde, effectivement !
-  Pauvre con.
-  Nan mais qu'est-ce que tu voulais que je dise ! Question suivante ?
-  C'est juste dans l'air du temps. Et honnêtement, c'est plutôt bénéfique pour moi.
-  Tu nous expliques ? demanda alors une voix à la tessiture basse et légèrement éraillée.
-  
Les gens ne jurent que par ça, se tourna alors le jeune brun vers cette dernière. Les réseaux sociaux débordent d'histoire extravagantes de ce genre et de delulu névrosés. Et ils en redemandent.
-  Et ça te plait ? Te faire passer pour une tata qui bave sur la concurrence ?
-  Tu vois le mal partout, Pierrot, lança l'homme dans un nouveau sourire. Et puis je n'ai pas besoin de me faire passer pour quoi que ce soit. La concurrence, comme tu dis, s'en occupe déjà.

Le jeun Bardella sourcilla allégrement, un léger rictus collé aux lèvres. Son regard se voilà un court instant mais il n'en laissa rien paraitre. Il continua ses allées retour jusqu'à la fenêtre, sa tasse en main comme perdu dans des pensées aléatoires.

- Depuis que les édits sont apparus ma cote de popularité n'a jamais été aussi en hausse, reprit-il. J'ai vu les abonnements à mes différents profils augmenter et une vidéo sur cinq de Tik Tok fait circuler ma tête. La moindre de mes publications est suivis, likés, commentées... Vous l'avez constaté n'est-ce pas ? Et si jamais je note une baisse de motivation, il me suffit d'ajouter une petite touche personnelle.

-  Oh oui. C'est à me demander encore à quoi je sers.
-  Votre plume est indéniable monsieur Thionnet, rassurez-vous.
-  Trop aimable.
-  Et puis finalement, je ne fais que donner au bon peuple ce qu'il réclame, ajouta le jeune homme dans un nouveau sourire.
-  
Il est vrai que la masse s'exalte du moindre scandale, fit à nouveau la voix placée plus loin. Surtout quand il est lié au sexe et au pouvoir.
-  Exactement.
- Pierre-Romain a évoqué Nolwenn. Que pense-t-elle de tout ça ? Je veux dire, ça fait partie de ton idée votre éloignement actuel ? Ou ça n'a rien avoir ?
-  Disons que nous avions déjà évoqué la possibilité de prendre du temps pour réfléchir. Et la façon dont les choses se sont mises en place a aidé notre éloignement. Et je pense qu'il faut que j'en profite le temps que ça dure. D'autant que, sauf le respect que je dois à votre illustre famille, mes déplacements en sa compagnie n'aide pas.
-  Ce n'est pas comme si les gens n'étaient pas au courant de votre relation. Mais je comprends.
-  Le temps que ça dure ? reprit le prénommé Pierre-Romain. Mais c'est qu'il y prend goût le garçon. Et voilà. Un de plus ! ! ajouta-t-il alors qu'il avait recommencé à scroller sur son téléphone.
-  
La donne à changer. Là où ça aurait pu être perçu comme une hérésie il y a encore deux ans, c'est aujourd'hui vu comme un divertissement. La politique a toujours été un spectacle. Du cirque la plupart du temps. Et le cirque n'amuse plus personne. Aujourd'hui ce que les gens veulent c'est le voyeurisme que leur offre les réseaux sociaux. Je suis devenu le candidat d'une téléréalité bien différente de d'habitude. Je suis un candidat, avec des stratégies, des opinions, mais aussi des sentiments. Et surtout, des secrets, ajouta-t-il dans un sourire satisfait. Finalement, je suis peut-être un humain malgré tous mes défauts, railla le jeune candidat.
-  Et Gabriel ? Il en pense quoi ?

#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant