PARTIE III - ACTE III

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Scène 1
Matignon - Parvis
00h02

Point de vue Gabriel ATTAL

-35 minutes avant Impact

« Constat »


« Allez Gaby » « Pragmatique on a dit »

« Respire un bon coup » « Arrête de te prendre la tête » « Et avance »

J'avais soupiré je crois. Déterminé. Pensais-je.

La voiture faisait ses derniers mètres. Et je les avais envisagés comme une ligne d'arrivée, au temps réel. Il me fallait un nouveau départ.

Les réactions que j'avais pu avoir tout au long de cette journée m'avaient mis à mal. Et je détestais ça. Surtout quand je savais que j'avais été vu dans cet état. Mes humeurs en général, je les contrôlais. Mais mes éclats... j'avais toujours la peur irradiante qu'ils puissent me desservir. Un jour ou l'autre. Et qu'on les retourne contre moi. Alors je les maintenais. Fermement. Et autant que possible.

Seul Stéphane avait vu ces parts de moi incontrôlées. Et juste pour ça, j'avais l'impression qu'il garderait toujours, quoi qu'il arrive, un pouvoir sur ma vie. Et sur moi.

Je m'étais toujours considéré comme une personne pragmatique. Même si on me décrivait rêveur. Je croyais à la réalité franche et à l'efficacité nette. C'était ça ma vision de la vie. Et surtout de la politique. Mes idées, je les déguisais sous le masque de l'ambition. Et ça m'avait toujours suffi.

Être terre à terre était un besoin, pour que mes ailes ne m'emportent pas trop loin, et qu'elles ne me fassent pas chuter, comme un Icare inconsidéré. Mon émotivité pouvait me briser vite. Et ma fierté m'avais déjà fait perdre trop de combats. Alors je me raccrochais aux faits. Toujours.

-   Merci Gil. Je monte directement.
-   Bien, monsieur le ministre. Bonne soirée à vous.



Scène 2
Couloirs de Matignon
00h03

Point de vue Gabriel ATTAL

-34 minutes avant Impact

« Réflexion »


Se raccrocher aux faits. C'était essentiel pour ne pas basculer. Ne jamais faire d'une idée une vérité absolue. Surtout sans avoir d'éléments à charge. Mais plus facile à dire qu'à faire. On est bien d'accord.

-   Bonsoir monsieur le ministre.
-   Monsieur le ministre.
-   Bonsoir messieurs. Tout est calme ?
-   Très calme.
-   Parfait, bonne soirée à vous.

Tout à mon ascension jusqu'à ma chambre, mon esprit avait continué son plaidoyer. J'avais encore salué quelques agents de sécurités mais ma réflexion prenait toute la place. Comme un appel au réconfort.

« Ces escaliers auront ma peau avant la fin de mon mandat »

« s'il finit un jour ? »

« Parle pas de malheur »

« J'ai envie d'un bain »

J'avais soupiré.

Depuis gamin, je réglais mes problèmes en me parlant à moi-même. Ça peut paraitre bizarre vu de loin , surtout en se revendiquant pratique et réaliste, mais j'avais mes raisons. Mon vécu.

#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant