MATIGNON
Scène 1
Premier étage
00h12
Les couloirs étaient déserts. Enfin.
Ce n'est pas comme si ça arrivait aussi souvent qu'on aurait pu le croire, même en pleine nuit.
Etre à Matignon vous coûte bien plus qu'une vie privée. Il vous prive des silences nécessaires à la formulation des pensées personnelles.
Gabriel arpentait les couloirs du premier étage sans but précis. Marcher, juste, était source d'apaisement après une journée à courir.
Les réunions s'étaient enchainées à une allure irréelle. Et rien n'avait plus alors compté que les dossiers, les amendements, les représentants en tout genre.
L'homme avait eu envie d'accompagner sa marche d'une Vodka frappé.
Première pensée personnelle du jour.
La raison, ou la paresse, lui avait fait préférer une bière blonde. Mais la petite bouteille en verre brun l'accompagnait plus qu'elle ne le rassasiait.
Au moment de passer près d'un escalier, son esprit bifurqua vers les coursives. Et Jordan.
Et il eut un doute troublant quand il ne sut comment catégoriser cette pensée-ci. Il repensa alors à la Vodka.
Il avait bien entendu regarder avec attention l'intervention de son opposant au 20H00. Simple formalité, qu'il avait pourtant attendue avec une agitation incertaine.
Le jeune politique avait tenu sa position. Donné son avis. S'était excusé. Et ça avait eu l'air assez simple vu de l'extérieure, même si le ministre avait pu sentir un agacement certain dans la démarche. Gabriel le connaissait suffisamment maintenant pour savoir combien cela lui avait couté.
Il s'avait ce qu'il en coûtait de devoir s'excuser à une heure de grande écoute.
Il savait combien cela pouvait être démoralisant de devoir porter la charge d'une décision quand elle n'a jamais été la vôtre. Il en avait fait les frais plus que quiconque sous ce gouvernement.L'homme soupira. Son inconscient l'avait poussé jusqu'aux coursives. Et il fut pris d'une sensation étrange en arrivant dans ce lieu qu'il avait pourtant arpenté des centaines de fois.
Il se sentit seul. Etrangement seul. Fragmenté.
Il décida de repartir aussitôt. Avec cette sensation de fuir quelque entité inconnue.
Mais au moment de passer la porte, son cœur fut pris d'un spasme violent et froid.
L'entité était là.
Scène 2
Coursives
00h23
- Qu' est-ce que tu fais là ?
- J'avais envie d'un verre.
- Et tu t'es dit, « Tiens, c'est porte ouverte, si j'allais chez Gaby ? »
- Avoue que ça fait tout de suite plus « Chill » que « Chez Fouquet's ».
- T'es rentré commun ?
- Comme d'hab ?Jordan avait donc débarqué. A nouveau. Et sans prévenir.
Il avait tenté de plaisanter en informant monsieur le premier ministre que sa sécurité laissait vraiment à désirer. Mais qu'il comprenait qu'on puisse ne pas résister à son charme.
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#ELECTIONS_SOUS_EDITS
FanfictionQuand l'arrivée d'une vague d'édits sur les réseaux sociaux vient remettre en question l'amitié de deux hommes politiques que tout devrait opposer. Avertissements: Scènes matures Relation homosexuelle Langage potentiellement cru