TRIBUNES - PARTIE VI

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"La dissolution de l'Assemblée nationale. "Parenthèse Inattendue" de l'été 2024. Et qui aura fait se révéler au grand jour chacun des partis politique du pays, au point de ne plus vraiment savoir séparer "Le Bon" de "La Brute", ni du "Truand".

S'il fallait la résumer en une idée, on aurait pu dire qu'elle avait été une épreuve olympique à elle seule. Comme une entame aux luttes à venir. Un préambule symbolique.
Elle s'était allumée dans une flamme inévitablement frondeuse, et chacun s'était donc attendu à ce qu'elle permette à ses concurrents de se démarquer les uns des autres. A faire montre de gagne et de grandeur. D'hégémonie, comme l'espérait tant le président. A les faire se sortir un peu de leur torpeur politique.

Mais à défaut de la sueur et de la compétitivité escomptée, la lutte s'était fardée du sceau du dévoiement et de l'odeur de la naphtaline égotique...

Le principe olympique et son fair-play courtois n'avaient pas pris. Et il n'y n'avait pas eu de grands exploits à offrir au peuple. Aucune médaille. Aucun enlèvement. Aucune joie.
Le rassemblement avait pensé un temps obtenir au moins celle du mérite, après un premier tour aux couleurs de son étendard, mais c'est à peine s'il avait pu attraper au vol quelques honneurs étatiques.

L'épreuve s'annonçait pourtant belle. Les candidats s'étaient appliqués à l'unisson sur la ligne de départ, avec une certaine excitation. Le coup d'envoi avait été tiré de façon nette, et sans appel. Mais la ligne d'arrivée n'avait jamais semblé si loin et si incertaine. D'aucun la cherchait encore.

Tacle du pied, empoignement, attaque non réglementaire... Entre repêchage et disqualification, les prises n'auront pas su briller par leurs grandes amplitudes. Alors que dans sa zone de passivité, le président avait souri. Et applaudis. Jugeant les mérites ex-aequo par simple assentiment.

Au final, cet avant olympiade n'avait pas fait le poids. Au point que les vrais jeu, qui avaient pris leur essor dans la capitale, avaient suffi à faire se détourner le regard du peuple. Les athlètes étaient devenus leur gladiateurs, les seuls bienfaiteurs d'un rêve de gloire, qui avait été celui de simplement vouloir y croire. Encore.

Et peut-être comme une réalité tragique derrière ce déploiement patriotique inespéré...

Peut-être qu'elle avait été là, la victoire. Celle d'un homme qui avait su manœuvrer la partie comme personne. Réussissant cet exploit fou de mettre tous les partis "En marche" le temps d'un tour d'arène. La main saluant, l'expertise large, et le costume exposé. Pour finalement se retrouver dominer par le peuple des roturiers; Des décorés, des acclamés, des regards fiers et des exploits français. Des "Marchand" de rêve sur un gouvernement ensablé.

L'odyssée législative avait failli, dans son incapacité à réunir, à consacrer, à faire vibrer à l'unisson. Créant des clans. Et des guérillas entre ressortissants.
Sans même un bruit, elle s'était figée, à la manière d'une crèche pastorale. Que l'on range dans sa boîte, puis dans son carton. Pour être reléguée au grenier. Jusqu'au prochain miracle annoncé. Au prochain psaume proprement macronien. Un "Ainsi soit-il" de plus.

Commencer "Ensemble", s'arrêter "Ensemble", puis repartir "Ensemble". Macron l'avait donc fait. Il y avait eu les jeux, il y avait eu les grandes vacances, puis finalement, il y avait eu la rentrée... Une rentrée qui avait sonné à son tour à contre temps, dans une fin de récréation aléatoire. Pas de liste de fournitures, pas de cahier de liaison, pas d'emploi du temps. Juste le clairon d'un rappel à l'Ordre. Et aux devoirs.
Les élèves avaient rejoins leur classe. Et leur place.

La photo de classe s'était voulu belle. A l'image de ses rangs. Et l'embrasement s'était fait à nouveau épique.

La gauche, se voulant bon élève, éparpillée sur toutes les rangées, avait attaqué la droite sur ses exigences sévères, qu'elle avait comparé sans retenue aux partis des extrêmes, en bon rapporteur.
La droite, au premier plan, s'était voulu exigeante et intransigeante, les crayons proprement taillés et les livres couverts, dans sa volonté de plaire au nouveau professeur principal. Quitte à en rajouter. Dix points, une image.
Le rassemblement, assis au fond, en juge de touche et quarterback de la saison, avait pris à cœur de tacler les débordements, prenant les paris et comptant les mises, pendant que les insoumis, en bon perturbateurs, avaient fomenté quelques soulèvements à venir, entre boule de papier biodégradable et sarbacane en plastique recyclé, fournis par les silencieux écolabellisés.
En premier de la classe, parfumé et coiffé, et assis au centre comme à son habitude, le groupe Ensemble avait assuré sa royale présence et s'était -parait-il- voulu soudé. Oubliant le reste du monde. Et surtout de se positionner. Se contentant de rappeler qu'il ne pouvait que compter, en éternel préféré de l'état patriarcal.
La vidéo sur le harcèlement, préparé par l'ancien premier ministre, avait bien été diffusée comme prévu, le jour de la rentrée des classe. Elle n'avait cependant pas empêché les attaques ciblées et sarcastiques ; alors qu'en coin de table, caché derrière son cartable, le petit Délogu en avait fait les frais bien malgré lui...

Oui la photo s'était voulu belle. L'uniforme porté avec soin. Chacun avait lancé ses billes et participé au mouvement social... Les cours d'éducation civique étaient allé bon train. A défaut de ceux de l'histoire. Et de la mémoire.
La demande de destitution du président par la France insoumise avait fait quelques tours de piste, le temps d'un échauffement de gymnastique, avant d'être renvoyée aux vestiaires.

Macron s'était bien amusé du haut de son postulat de grand directeur. Il avait pris le temps nécessaire de vaquer à la vacuité du FSE, le foyer socio-éducatif, entre partie de babyfoot et voyage à l'étranger, payés par le pot commun de l'électorat parental.

Les nouveaux CPE s'étaient gaussé bien fort. Et le nouveau programme faisait grincer des dents

La rentrée du gouvernement n'avait jamais aussi bien porté son nom. Alors que déjà, dans les échos des couloirs, on entendait les rumeurs courir, et que circulaient, sous le couvert d'un faux secret, les noms des prochains délégués à venir."



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#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant