ACTE VI

438 13 17
                                    


Scène 1
Palais de l'Elysée


- « Les Patriotes pour l'Europe. Nouvelle alliance des droites nationalistes européennes. »
« A défaut d'entrer à Matignon, Jordan Bardella devient président des patriotes pour l'Europe » « Patriotes pour l'Europe, quel est ce nouveau groupe nationaliste que Jordan Bardella va présider à Strasbourg. » « Avec ses 30 eurodéputés, le RN prend la direction des Patriotes »

Le président avait claqué les quelques feuillets qu'il tenait entre ses mains un peu trop fort. Mais la satisfaction était là. Entouré de ses proches collaborateurs, il souriait avec une délectation sans pareil.

-   Ahhhh. Je pourrais y passer des heures.
-   Félicitation, monsieur le président. Encore une fois vous avez mené la partie d'une main de maître.
-   Merci Hayer. Mais le mérite en revient à ce cher Jordan. Toute cette attention posée sur lui nous ferait presque oublier nos problèmes, n'est-ce pas ? Quand on pense qu'il va s'occuper de nous débarrasser des difficultés liées à l'immigration et l'insécurité sans que nous en soyons les détracteurs principaux, je pense qu'une coupette s'impose.

Posté un peu à l'écart, le premier ministre avait observé toute la scène, dubitatif.

Les problématiques du pays semblaient en effet être devenues quasi inexistantes depuis l'annonce de l'alliance des différents partis d'extrême droite de l'union européenne. Et il ne comprenait pas vraiment cet engouement.

Le rassemblement national n'avait pas pris le pays, certes, mais il venait de prendre l'Europe, épaulé par la Russie et l'Italie, prévoyant des retombées forcément intrusives dans le clivage des différentes législations en cours.

S'en réjouir ne présageait donc rien de bon.

- On peut ne pas l'aimer, continua Macron dans un petit rire, mais notre petite pouliche a le mérite de voir le verre à moitié plein. Et il ne s'est pas gêné de trinquer avec, quand l'opportunité d'être au parlement c'est présenté.

-    C'est ce qu'on appelle avoir les crocs, non ?
-   Oh !! très bon jeu de mot Elisabeth, bravo. Vous êtes connectés.

L'équipe avait ri.

-   Nous devons lui reconnaitre ça, il a de l'audace.
-   Il est combatif et d'une très bonne élocution.
-    Et plutôt bg. N'oublions pas le bg.
-   Vraiment Elisabeth, qu'en dirait Olivier ? taquina le président dans un petit rire forcé.
-   Afff ? Il m'en ferait surement une formule mathématique ?
-   Il est déjà un chevalier de l'ordre du mérite respectable, on ne peut pas être parfait, plaisanta un des conseillers.
-   Je suis sûre que vous savez faire usage du 49.3 quand cela s'avère nécessaire, ma chère, lança le président dans un rire suggestif.

Gabriel n'avait pas bougé. C'est-à-dire qu'il était là mais à des milles de pensées et de lassitude.

Il se contentait de passer de son verre aux visages de chacun des protagonistes présents. Il les regarda se gausser, en bon castor de la république, comme l'avait jeté le député Tanguy pendant une interview télévisée. Il devait reconnaitre que l'image était belle. Et il ne put s'empêcher de penser aux propos de Marine Le Pen quant au "cirque" que se gouvernement représentait. Un cirque, oui. Oui, l'image de son gouvernement était belle.

Aussitôt, il réalisa combien son esprit s'était mis à formuler de pensée sombre sur ceux avec qui il avait pourtant œuvré pendant des années. Et s'en voulu immédiatement. Son rapprochement avec le crépuscule du rassemblement national avait semble-t-il biaisé son jugement. Il allait devoir s'y atteler à nouveau. L'heure n'était plus au sentimentalisme. Plus maintenant.

#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant