Scène 1
Palais de l'Elysée
Bureau du président de la République
Gabriel avait lu silencieusement chaque tribune.
Assis dans le bureau du président qui se tenait près d'une fenêtre, il avait pris sur lui ne pas laisser son esprit dévier. Mais la difficulté était là.
Les derniers mots de Jordan résonnaient en lui très distinctement et faisaient un écho trop grand à ce qu'il venait de lire. Il ne put s'empêcher de voir dans les dernières lignes un appel à cette mystification. Pourtant, de l'espoir, il n'en avait plus vraiment.
- Les choses avancent comme je l'avais prévu, assena Emmanuel Macron d'une voix claire. C'est une bonne chose. Nous devons encore gagner un peu de temps. Le prochain mouvement devrait bientôt se faire. Et je vais avoir besoin de toi.
- C'est-à-dire ? demanda le ministre sur la défensive.
- Je vais devoir nommer un nouveau premier ministre, tu le sais. Et tu sais aussi à quel point je mise sur toi. Tu es le meilleur candidat pour me succéder, Gabriel. Et le plus apte à faire barrage aux extrêmes, quels qu'ils soient.
Gabriel avait ouvert de grand yeux, bousculé par le compliment. Avec la pléthore de décisions prises à la hâte par le président au cours de ce dernières semaines, il ne s'attendait pas à échanger sur un sujet aussi sérieux. Il avait fait son deuil des échanges constructifs et des projections à long terme le concernant, aussi il ne sut pas vraiment comment aborder cette attention.
- Vous succéder ? répéta-t-il incrédule.
- Bien sûr. Les législatives n'était que le début. Pourquoi as-tu l'air si surpris ? Ne t'ai-je pas demandé de me faire confiance ?
- Et bien je...
- Réfléchis Gabriel. Si tu ne faisais pas parti de l'équation j'aurais mis fin à tout ça depuis longtemps.
Pris d'un doute, le premier ministre sourcilla légèrement.
- Est-ce que c'est pour ça que vous avez dissolu l'assemblée sans m'en parler ?
Le président avait souri.
- Te mettre devant le fait accompli était une nécessité, Gaby. Je sais que si je t'en avais parlé tu aurais démissionné immédiatement. Et je te connais maintenant. Si tu avais pensé que c'était le seul moyen de sauver la situation tu n'aurais pas changé d'avis, même si je te l'avais refusé. Je ne crois pas me tromper en disant que c'est la réaction que tu aurais eu n'est-ce pas ? Et c'est pourquoi c'est exactement la version qui a été donné à l'assemblée.
- Le fusible..., sembla réaliser le ministre en replaçant doucement les pièces du puzzle une à une.
- Oui. Le fusible. Tu es le premier ministre, Gabriel, repris le chef d'état. A ce titre il était logique que tu te places en rempart. Surtout quand on considère que la suggestion de la dissolution vient de ton principal opposant. Par ailleurs, te refuser cette première démission, outre le fait qu'elle a permis de te positionner comme un politique responsable, m'a également autorisé, si je puis dire, à refuser la deuxième, sous couvert d'une légitimité à laisser la démocratie en place jusqu'au bout. Les partis s'insurgent de ma position à ce sujet mais ils oublient que l'équilibre n'est pas la majorité. Et que dans le contexte actuel, avec le début des jeux olympiques dans deux semaines, il faut que le gouvernement tienne.
Bien que Gabriel semblât enfin comprendre, il ne sut pas vraiment quelle réaction adopter. L'homme n'avait en effet pas compris pourquoi le président avait fait circuler, au lendemain de la dissolution, la rumeur selon laquelle il aurait dit lui-même être un « fusible » prêt à sauter pour la république. Non pas qu'il ne le pense pas, bien au contraire. Mais il n'avait jamais compris pourquoi, comme pour la dissolution elle-même, le président ne lui en avait simplement pas parlé.
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#ELECTIONS_SOUS_EDITS
FanfictionQuand l'arrivée d'une vague d'édits sur les réseaux sociaux pendant de simples élections, vient remettre en question l'amitié de longue date de deux hommes politiques. Avertissements: Scènes matures Relation homosexuelle Langage potentiellement cru
