PARTIE IV - MODUS OPERENDI

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***FLASH-BACK***

Vendredi 14 mai 2010
Paris - Ruelle 
St Germain des prés

- Faire table rase ? T'es sérieux ?
- Tu as une meilleure idée ?
- Nous ignorer, c'est bien aussi non ?
- Pfff! T'en es proprement incapable, Juan. D'ailleurs... je me demande bien pourquoi ? Je te fascine à ce point ?
- Pfff. T'es vraiment un Attal. A prendre ses rêves pour des réalités...

La mâchoire de Gabriel s'était serrée de rage. Ok. Ne pas craquer. Apparemment c'est tout ce que ce fou voulait. Mais pourquoi ?

- Tu mets tellement d'énergie à me détester... ca doit être usant, à force.
- Il faudrait que je pense à toi pour ça.
- C'est bien le débat...

Les deux jeunes hommes s'étaient regardés avec intensité, tout à leur ressentiment. Et leur questionnement. Une légère musique s'échappait du bar situé à quelques mètres à peine. Le téléphone de Gabriel avait vibré deux fois. Et comme un battement. En coin de rue. En coin de gorge. Au repli de cet instant si particulier.

-  Tu représentes tout ce que je déteste. Si prétentieux, si suffisant..., avait sifflé Branco, la tête posée contre le mur et les yeux fermés. Si... faux.
- On était fait pour se rencontrer, si je comprends bien...

Juan avait rouvert les yeux, tombant dans ceux de Gabriel. Des yeux brillants et déterminés. Insolents et profonds. Vrais. Le jeune brun avait alors caressé sa mâchoire avec trouble, comme pour s'extirper de cette prise d'otage inattendue. 

- Tu tapes fort pour une fille...

Gabriel avait inspiré profondément en resserrant ses poings. Il avait deux choix. Lui en coller une autre ou s'en amuser. La balle était dans son camps. Il ne savait pas pourquoi il s'infligeait ça, mais il le faisait. Peut-être parce qu'il n'était pas si blanc dans cette histoire, même si elle n'aurait jamais dû aller si loin. Non il n'aurait jamais dû subir cet acharnement démesuré, et auquel Juan s'était appliqué avec tellement d'ardeur. Mais oui il avait dragué cette fille. Oui il avait dénigré le fils d'immigrés et son physique. Et oui il avait merdé comme le gosse de riche de quinze ans qu'il avait été à l'époque. Mais il avait appris. Et grandis.

- Qu'est-ce que ca te coûte... Essayes ?
- Et ca changerait quoi, hein ? On se parlerait ? Comme si de rien n'était ?

L'étudiant brun avait pouffé, les yeux rivés au ciel, toujours assis au sol.

- Ca serait si horrible ? Souffla Gabriel avec lassitude.
- A toi de me le dire ? 
- Non.
- Non ?
- Non, ca ne le serait pas.
- Pfff. Et qu'est-ce que tu en sais? 
- Et toi ? Qu'est-ce que tu en sais, toi ? C'est moi qui devrais t'envoyer te faire foutre. Fais au moins l'effort d'essayer, non ?
- Pffff. Si pathétique.
- Je te confirme.

Il y eut un regard supplémentaire. Le dernier avant le couperet final. La décision était imminente. Et elle frappait les murs et les esprits avec force.
Finalement Gabriel se redressa et fit quelques pas. Avant que d'étendre sa main. Dans l'attente d'une destinée encore muette.

- Qu'est-ce que tu fous ? demanda Juan pris de court.
- Je suis un gentil scout. J'aide les infirmes. Tu te lèves ?
- Va te faire voir.
- Toi d'abord.
- Gabriel !
- Juan ? 
- Tu m'emmerdes.
- Je te retourne le compliment.
- Tu veux quoi ?
- Prouve-le moi.
- Q-quoi ? De quoi tu parles.
- Que j'ai tord...

Le regard de Gabriel s'était fait plus profond. Et le coin de sa bouche s'était étiré, extirpant le brun de son échappement coutumier.

-  Prouve-moi qu'on a rien en commun, qu'on a rien à se dire. Et je reconnaitrais ma défaite. Mais si c'est toi qui as tord, tu devras t'excuser...
- Pfff. Dans tes rêves.
- Tu as donc si peur de perdre ?

#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant