ACTE III

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Matignon


Scène 1
Bureau du premier ministre

Un tapotement sur la porte de son bureau, sortit le ministre de sa concentration.

-   Entrez !
-   Monsieur le ministre, le président du rassemblement national souhaite s'entretenir avec vous.
-   Comment, maintenant ?

Une ombre s'était avancée alors avec impatience, pénétrant les lieux sans attendre.

-   Pardonnez cette visite impromptue monsieur le ministre...
-   Monsieur Bardella....siffla-t-il presque.

- ... Mais je souhaiterais que nous échangions. Pouvez-vous me recevoir ?

Le ministre eut un temps de pause, comme réalisant. De légères vaguelettes l'englobèrent, lui provoquant chaleur et tournis. Cela faisait au moins deux heures qu'il avait commencé à se plonger dans le dossier en cours et il n'avait pas relevé la tête depuis. Ceci devait expliquer cela.

-   Et bien... soit. Souhaitez-vous un café ?
-   Non je vous remercie.
-   Bien. Vous pouvez nous laisser, remercia Attal dans un sourire chaleureux.

Le jeune brun passa complétement la porte que la jeune femme referma derrière elle. Cependant il n'osa pas avancer plus, se contentant d'observer l'homme châtain qui semblait organiser quelques notes. Sa chemise blanche, légèrement entrouvre et ses cheveux ébouriffés de moitié témoignaient d'une chaleur pesante. Le bruit d'une horloge en coin donnait le ton, tel un métronome impatient. Un silence pris place, qu'aucun ne souhaitait semble-t-il concéder. Au demeurant.

-   Gabriel...
-   
Je pensais qu'après avoir refusé notre débat d'entre deux tours nous resterions à l'écart un moment. Que me vaut cette visite impromptue ?

Jordan avait avalé sa salive, contrarié.

-   Le candidat n'est pas le décideur. Tu devrais le savoir depuis le temps. Et puis, c'était plus prudent.
-   Prudent ? Pourquoi ? C'est bien toi qui voulais profiter de notre « alchimie », non ? Tu aurais eu toute l'attention dont tu rêves avec ce débat, je me trompe ?
-   Qui aurait reposé sur une volonté de nous mettre à mal et qui n'aurait absolument pas tenu compte de notre discours. J'ai conscience que ce n'est pas un jeu, tu sais ? En individuel nous allons pouvoir défendre notre positionnement. Notre programme. Ce pourquoi on travaille depuis toutes ces années. On doit se recentrer sur le cœur du sujet politique, Gabriel.

Attal s'était redressé, sortant les mains de ses poches et s'était mis à applaudir.

-   Le cœur... du débat... politique. Bravo. Les édits ne t'amusent plus ? Pourtant tu as particulièrement pris position sur le sujet.
-   Je sais faire la part de choses.
-   Ou peut-être que ton arrogance t'a perdu ? Cette dernière vidéo n'était vraiment pas une bonne idée.
-   Cette vidéo ne me pose aucun problème.
-   A toi peut-être pas... mais Marine ? Les électeurs ?
-   Ecoute. Tu m'as demandé en premier d'arrêter tout ça. C'est ce que je fais. Si on met de la distance entre nous les gens se lasserons.
-   Tu crois ça ? Ah c'est vrai, j'oubliais. Tu es un novice en la matière, toi. Ça utilise les réseaux sans en connaitre les répercussions. Et ça espère l'absolution, lança Attal dans un sourire condescendant.

Attal fit le tour de son bureau, relevant les manches de sa chemise. La chaleur était particulièrement montée ces dernies jour. Un disfonctionnement dans la climatisation empêchait de rafraichir les pièces du premier étage. Et l'air manquait.

#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant