ACTE IV

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Scène 1
Bureau du rassemblement national
8 juillet


-   On y est. La balle a changé de camps.
-   On dirait bien.

Jordan avait dû accuser le coup. Même s'il ne s'attendait pas une majorité, les scores du front populaire l'avait laissé sans voix.

- Comment tu vas ? demanda Marine, en lui tapotant gentiment le genou.

- Vous m'aviez prévenu. Mais j'ai toujours un peu de mal à trouver un sens à tout ça.

- Il va en falloir du chemin, tu sais. Les Français ne sont pas encore prêts à se sortir la tête de l'eau. Ce sont des révolutionnaires avant d'être des votants. Et ils ont une capacité phénoménale à accuser les coups.

- Pourquoi la gauche ?

- C'est juste l'histoire qui de répète, tu sais. Mitterrand en quatre-vingt-huit, Chirac en quatre-vingt-dix-sept. Ils ont tour à tour dissolu l'Assemblée nationale et fait changer le gouvernent de côté alors que rien ne les y obligeait. Emmanuel a très bien manœuvré. Avec un gouvernement sans majorité absolue et grâce à la coalition il garde le pouvoir avec l'appui de la gauche insoumise et d'une partie de l'électorat. Il faut lui reconnaitre sa maitrise de la stratégie échiquéenne.

- Et nous dans tout ça ? A quoi on sert ? Si l'un passe à l'autre sans jamais nous prendre en compte, à quoi on sert ?

- Je pense que ta déception t'aveugle, Jordan. Nous n'avons jamais été aussi haut au gouvernement. Et dans le cœur de notre électorat. N'oublie pas que leur entente n'était viable que pour le besoin de ces élections. Maintenant que c'est terminé chacun retrouve sa place. Nous sommes aujourd'hui la majorité.

- Jusqu'à la prochaine fois ?

La présidente du rassemblent, observa avec attention son jeune poulain, que la contrariété avait semble-il assombri. Rendu plus dure, plus mature aussi surement.

- C'est toujours difficile, la première défaite, dit-elle en lui tapotant affectueusement l'épaule. Surtout quand elle a été précédée par un si grand engouement. Tu t'y feras. Ça fait partie des choses contre lesquelles tu devras t'armer. Et qui te feront grandir.

- Comment avez-vous fait ? Toutes ces années, sans jamais lâcher ?

- J'ai voulu le faire plus d'une fois. Surtout quand je voyais que l'aveuglement de mon père nous menait à notre perte à chaque nouvelle élection. Notre parti subit encore cette image erronée que les gens nous prête sans chercher à nous connaître vraiment. Mais n'oublie jamais qu'au départ de tout ça, à l'origine, Jordan, la vrai, les partisans de notre mouvement étaient des résistants. Ne te laisse jamais détourné de ça et de l'idée que la présence de quelques personnalités fascistes ou de tortionnaires waffen SS à la création de ce mouvement nous définisse. Il y a des opportunistes dans chaque parti. Ce sont nos actions qui compteront et qui seront jugées.

- Mm.

Le jeune homme de vingt-huit frottait ses doigts de hauts en bas, d'une main à l'autre, comme si son cerveau avait besoin de lui appliquer une mécanique de répétition pour lui permettre de ne pas trop réfléchir. Et force était de constater que ça ne fonctionnait pas du tout.

- Vous avez eu des nouvelles de Gabriel ? demanda alors le plus jeune.

- Il a donné sa démission ce matin comme prévu. Cette période va être difficile pour lui.

#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant