PARTIE III - ACTE II

360 10 56
                                    


Scène 1
Parking du palais de l'Elysée
Fin de matinée


- Oh, monsieur le premier ministre, bonjour ! Comment allez-vous ?
- B-bonjour ?

Gabriel eut un instant d'hésitation. Il savait qu'il avait déjà vu ce visage mais il ne se rappelait pas où.  Son esprit se troubla.

- Vous arrivez à trouver du temps pour vous avec tout ce cafouillage politique ? Endosser deux casquettes cela ne doit pas être évident tous les jours, j'imagine ?
- Et bien oui, je... j'essaye du mieux que je peux. Mais je pense que ma tâche de ministre doit rester la priorité le temps que les choses se mettent en place.
- Bien sûr, vous avez raison. Et heureusement que nous vous avons. Même si je ne devrais pas dire ça à voix haute, dit-elle sur un ton de chuchotement qui se voulu jovial.

Le ministre était tétanisé à l'idée de ne pas savoir à qui il s'adressait. C'était avec ce genre de chose qu'on pouvait vite se retrouver embarqué dans des histoires sordides qui finissent à la une. D'autant qu'il la connaissait, c'était certain. A cette pensée il remercia spontanément le ciel d'en être marginalisé de facto.

- On pactise avec l'ennemi ? fit une voix forte.
-
Tenez, qu'est-ce que je disais, lâcha la jeune femme discrètement. Tante Marine, comment vas-tu ?! s'exclama-t-elle alors avec dynamisme.

Et là, le flash fut violent et instantané.

- Je vais bien, Nolwenn, merci. Que fais-tu là ?
- Je suis passée te voir comme prévu ?
- Pourquoi ne pas m'avoir rejoint au bureau?
- Je rejoins... un ami à Fréjus, en fin d'après-midi. J'ai pensé qu'on pourrait gagner du temps en commençant dans la voiture ?
- Et on t'as laissé passer ?

Le temps avait mis sur pause. Et pourtant tout tournait à une vitesse vertigineuse.

-   J'ai mes accès aussi, figure-toi, dit-elle dans un petite rire sec. Au passage ta tenue est parfaite. Bravo, avait dit la jeune femme en se reculant légèrement.
-  Je te remercie. J'ai suivi scrupuleusement tes conseils. Nolwenn m'épaule sur la communication visuel et marketing, précisa finalement Marine en direction de Gabriel, hypnotisé par l'échange. Elle m'a fait comprendre que ma garde-robe de vielle ne passait plus.
-   Oh, d'accord. Enfin je veux dire.... J-Je ne savais pas que vous faisiez partie de l'équipe, se reprit le ministre ayant craint d'être mal compris.
-   N'abuse pas , répondit-elle à la députée en roucoulant. Mais tu dois bien admettre que la couleur te convient bien mieux. Tu es une personne dynamique, il faut le montrer à tes électeurs. Vous ne trouvez pas ? demanda-t-elle alors en se tournant vers Gabriel.
-   Bien sûr. Mais nous savons tous combien madame Le Pen est une personne énergique et engagée, et ce quel que soit sa tenue.
-   Merci bien, monsieur Attal, répondit la députée dans un sourire tout en vapotant.
-   J'ai tout de suite compris que vous ne m'aviez pas remise, lança alors la jeune femme très à l'aise.
-   Oh, je... et bien-
-   Oh, mais je vous comprends, rassurez-vous. Je ne suis même plus vraiment sure qu'on ait déjà été présenté... Marine?
-   Aucune idée je t'avouerais.
-   De toute façon vous ne pouvez pas connaitre tout le monde, n'est-ce pas ? Et puis c'est aussi le but. Je ne cherche pas à attirer les lumières sur moi. Je préfère rester dans l'ombre.

La jeune brune avait étendu un sourire oblique. Pour avoir l'habitude d'en user lui-même, l'impression pesante que cela lui laissa fut écrasante.

- Nolwenn a toujours suivi de près le travail du parti. Et ses conseils se sont avérés plusieurs fois pertinents. Elle gère une partie de mes réseaux également. Enfin, quand elle y pense ?
- Oups ? Je suis désolé, Marine. Je vais être plus attentive.
- Je n'en doute pas. Mais tu m'excuseras aussi, j'ai mis quelqu'un d'autre sur le coup en attendant.
- T'es la meilleure.

#ELECTIONS_SOUS_EDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant