TW - sang
En rentrant à la pension, je repense à ce qu'il s'est passé chez Judy.
Voulais-je vraiment l'étouffer ?
Voulais-je réellement qu'elle oublie ?
Je ne suis peut-être qu'égoïste...
Edwin ne méritait certainement pas ça...
Nous n'étions que des enfants que le sort s'est acharné sur nous...
Nous étions des enfants, comme elle.
Et comme on nous l'a volée, nous lui avons pris son innocence.
Je sais, je ne pourrais plus jamais la regarder comme je la regardais.
Peut-être qu'au fond, j'aimerais que quelqu'un arrive pour me faire oublier mon geste.
De toute façon, ce qui est fait est fait.
Je ne peux plus revenir en arrière.
Le monstre en moi a agi...
Mais enfin, qu'est-ce que je raconte !
Je ne la mérite même pas !
Je ne mérite pas d'aller lui reparler.
Le regard qu'elle me jetait...
Ce regard qui criait que l'on vienne l'aider...
Ce regard que l'on jette avant de mourir face à son agresseur.
À travers ses yeux bleus transparents, je voyais sa peur et malgré tout, j'ai fait ce que j'ai fait...
Je devrais aller voir Edwin...
Peut-être qu'il me pardonnera...
Je mets ma clé dans la serrure, baisse la clenche et pousse la porte.
« Edwin ! » je m'écris.
Personne ne répond.
Je referme la porte et retire mes chaussures.
« Edwin, mon frère, c'est moi ! J'aimerais te parler ! »
Seul le bruit d'une bougie qui fond me répond.
Je monte les marches jusqu'à sa chambre, mais il n'est pas là.
Et puis cette odeur m'interpelle.
Cette odeur qui réveille en moi mon côté prédateur.
Je redescends les marches en courant et en arrivant sur le palier, une mouche se pose sur mon doigt.
Mon cœur accélère.
« Edwin ! » je hurle.
Je me précipite jusque dans le salon et alors, je découvre une scène d'horreur.
Je reste bouche bée face au massacre.
Il faut même que je me frotte les yeux quelques secondes afin d'être sûr de ce que je vois.
Ça ne peut qu'être une œuvre de mon frère.
Une bouffée d'amertume me traverse.
Je verse une larme et m'approche d'elle.
Ses bras et ses jambes sont accrochés à des cordes qui sont elles-mêmes reliées aux quatre coins du mur de notre salon.
Son cou est tranché et du sang dégouline encore un peu de celui-ci.
Son visage est blanc, mais il reste taché de quelques taches de sang.
Désorienté, je m'approche et passe ma main dans ses cheveux, mouillés de sueur, je suppose.
En passant mes doigts entre ses cheveux, je peux ressentir toute la peur qui l'a traversé quand il l'a tué.
« Edwin, pourquoi ?! » je hurle.
Je me décale d'elle et vais passer mes mains sur ma tête à cause du stress qui m'envahit.
La dernière fois que j'ai vu une scène de crime aussi affreuse, c'était il y a plus de 100 ans.
Edwin était tellement énervé contre moi qu'il avait tué la fille que j'aimais secrètement.
Je ne lui ai jamais pardonné.
Encore aujourd'hui, cette histoire a un gout amer.
Maintenant, il ne me reste plus qu'à l'enterrer.
Alors, je vais détacher ses lourdes mains, la mettre dans le coffre de ma voiture, et la conduire jusqu'au bois le plus proche où j'enterrai son corps encore chaud.
J'ai beaucoup de fois eu à creuser des tombes.
Des personnes que j'ai aimées, haït, ou même que je ne connaissais pas, mais cette fois-ci, c'est différent.
Savoir que sa mort aurait pu être évité si je n'avais pas été égoïste me ronge.
**
En revenant à la maison, je découvre que les lumières sont allumées.
Je descends de la voiture et cours vers la pension dans laquelle je trouve Edwin en train de se servir à boire.
« Edwin, pourquoi ? » je m'exclame en le voyant dans la cuisine.
Il se tourne vers moi :
« C'était une prévention, mon frère. »
Il passe devant moi et s'apprête à monter les escaliers, mais je l'arrête :
« Alyson... Pourquoi elle ? Je comptais m'excuser, Edwin... »
Peut-être qu'au fond, je lui mens, peut-être que jamais, je ne serais venu le voir pour lui présenter ne serait-ce qu'un désolé.
Il se stoppe et pivote sa tête vers moi :
« Tes excuses viennent trop tard, Scott. Je ne suis pas non plus fière de mon geste, mais si telle est la solution pour te faire comprendre que Judy doit rester en dehors de nos affaires, te faire comprendre que cette fille est mienne et que je donnerai pour elle, je serai prêt à tuer n'importe qui. »
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The Prophecy (RÉÉCRITURE)
RomanceUn jour, Charles Baudelaire a dit : "l'amour est une rose Chaque pétale est une illusion Chaque épine est une réalité" Il avait raison. Judy avait 16 ans quand elle a enfin compris le sens de cette citation. "Il n'y a pas de fleur sans pluie" Mo...