Chapitre 8 - Judy Miller

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Je lui fais un dernier sourire histoire de la rassurée et part ouvrir les grandes portes qui mènent jusqu'à dehors.

Je vais chercher mon vélo et pédale jusqu'à la pension.

La légende raconte que pendant les années 20, un sacrifice aurait été fait dans le jardin.

Certains disent que les deux garçons sacrifiés hantent encore la maison aujourd'hui.

Personne ne sait qui ils étaient.

Tout ça pour dire que cette maison a juste servi de lieu pour Halloween en 2015.

Plus personne n'y est retourné après que Jason Smith a été retrouvé pendu et vidé de son sang à l'étage dans l'une des chambres pendant la fête.

Enfin, tout le monde sait qu'il s'est suicidé.

**

En arrivant devant la maison, je découvre qu'elle n'a pas changé.

Il y a toujours ces grandes barrières usées par le temps qui cachent la grande allée avec le bassin et les boxs pour les chevaux sur le côté.

Je laisse mon vélo contre la haie et pousse la barrière pour entrer.

Cette dernière a été posée là pour, je ne sais quelle raison. Elle n'est jamais fermée. Peut-être qu'est juste là pour donner encore moins envie de rentrer dans la bâtisse.

Malgré tout, la maison a l'air calme. Ses briques blanches sont comme neuves et les fenêtres sont tellement propres que l'on peut voir à l'intérieur. Edwin a dû faire beaucoup de ménage avant qu'elle ne ressemble à ça.

Les arbres sont taillés et la pelouse et lisse.

L'eau est presque transparente et il y a de nouveau des chevaux dans les boxes.

C'est quasiment trop beau.

Il est très rare que je passe devant la maison. Les seules fois où je n'ai pas le choix, je ne la regarde même pas. J'ai peur. Oui.

Même si certains ados se sont amusé à aller l'explorer et qu'ils ne leur sont rien arrivés, dans un autre contexte, je n'aurais jamais traversé la barrière qui fait peur.

Je traverse la grande allée et vais toquer à la porte en verre granuleux qui empêche de voir à travers.

Le porche au-dessus de ma tête me protège du soleil en attendant que j'aie le courage de toquer. Cette porte vieille de 100 ans me fait comme des appels. Comme ci cette dernière me prévenait du danger que je pouvais courir. Pourquoi fallait-il qu'Edwin habite ici ?

Bon, quand il faut y aller, il faut y aller...

Je prends une grande inspiration et tape mon point contre la porte.

J'attends quelques secondes et on vient m'ouvrir.

La clenche se baisse, la porte s'entre-ouvre et là, ce n'est pas Edwin, mais quelqu'un d'autre qui m'ouvre.

« Bonjour, tu es... ? » me demande-t-il peu enthousiaste.

Je reste bloquée sur son doux visage qui m'hypnotise et ne répond rien.

« Jolie blonde ! Tu es là pour quoi ? »

Je reprends mes esprits et me reconnecte à la réalité :

« Oui, pardon. Je suis Judy, je voulais voir Edwin, mais il n'est pas là, alors ce n'est pas grave. Je vais retourner en cours. »

Je m'apprête à partir et il m'arrête :

« Non ! Attend, il ne devrait pas tarder à entrer, vient, entre. »

Je retrouve mon visage vers lui.

Ses beaux yeux noirs me font comme un appel.

Comme si je me sentais obligée de rentrer avec lui.

Comme si, si je ne le suivais pas, je me sentirais mal pour le reste de ma vie.

Alors c'est ce que je fais.

Il ouvre un peu plus la porte et me laisse entrer dans la demeure qui n'a pas changé.

« Tu peux poser ton sac. » me dit-il en passant devant moi.

Je lui souris :

« Dis-moi, je ne connais pas ton prénom. Tu es ?

— Je suis Scott. Tu veux boire quelque chose ? »

Je pose mon cartable par terre :

« Ça ira, je suis juste là pour voir Edwin. De plus, je n'ai pas l'âge... Après, je repars...

— Oh Judy, ne me dit pas ça... Tu veux savoir à quel âge j'ai bu ma première goutte d'alcool ?"

Alors que je m'apprête à lui répondre, il y a un bruit derrière moi :

« Tiens, le voilà qui arrive ! »

Je me retourne et je le vois.

Edwin Anderson, le beau gosse.

Il porte un T-shirt d'une couleur que je n'arrive pas à voir, puisqu'il cache ce dernier avec sa chemise à fleurs dès qu'il se rend compte que je suis face à lui.

« Edwin, Judy. Judy, mon frère Edwin. » s'exclame Scott derrière moi.

« Frères ? » je reprends.

Scott place sa main sur mon épaule et un frisson parcourt mon corps, de ma tête à mes pieds :

« J'avoue que je n'aime pas trop me vanter. Mais j'aurais cru que mon doux Edwin t'aurait dit qu'il avait un frère. » me chuchote-t-il à l'oreille.

« N'est-ce pas Edwin ? Dis-moi, qu'est-ce que tu caches avec ta veste ? Il fait chaud non ? Je suis sûr que Judy a très envie de savoir ce que tu caches sous ta veste, n'est-ce pas, Judy ? » il reprend en s'approchant plus d'Edwin.

Je souffle :

« Non. En fait, Edwin, je voulais juste te dire que ce que tu as fait à Alyson était vraiment méchant. La menacer ? Sérieusement ? Je m'attendais à mieux d'un garçon comme toi. Je ne sais pas comment c'est possible, mais elle avait l'air d'extrêmement t'aimer en très peu de temps. Tu aurais pu être plus sympa avec elle. »

Scott applaudit :

« Bravo Judy, très peu de personnes osent parler comme ça à Edwin...

- Scott, arrête » marmonne Edwin.

Ces deux frères sont réellement étranges...

C'est comme ci Edwin essayer à tout pris d'avoir une discussion avec son aîné.

« Vous savez quoi, je vais partir. Edwin, ça ne sert à rien de venir me voir, moi ou n'importe qui d'autre de mon entourage, avant un bon moment. Tant que je n'aurais pas d'explication, oublie-moi. Ce n'est pas que je défende Alyson, mais je n'ai aucune explications, ce que me rend extrêmement mal à l'aise.

- Mais... », reprend-il

Je le pousse et ouvre la porte :

« Je n'ai pas besoin d'être accompagnée. Au revoir Scott. »


The Prophecy (RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant