J'ouvre les yeux.
Je l'ai laissé faire ce choix.
Au milieu de cette chambre aux murs blancs, je lâche sa main chaude et celle de mon frère.
Je le regarde presque après avoir repris mes esprits et je découvre que son regard est vide d'émotions.
C'est comme s'il avait été débranché de toutes émotions.
« Scott, ça va ? »
Il se lève du sol froid où il était assis et me passe devant avant de s'arrêter devant la porte et de jeter un coup d'œil à Judy qui dort, branchée à toutes sortes de machines.
« Tu devrais rentrer, Edwin. N'oublie pas ce qu'elle t'a demandé. Refais ta vie, par d'ici. »
Il baisse les yeux et part, laissant derrière lui la porte ouverte.
Devrais-je le suivre ?
Mais où est-ce que je pourrais bien aller ?
Devrais-je reprendre le collier de Judy ?
Je n'ai pas le temps de me poser toutes ces questions existentielles que quelqu'un entre dans la pièce :
« Comment vas-tu, mon garçon ? »
C'est la mère de Judy.
Je me lève de la chaise.
« Je vais bien, je devais partir de toute façon, vous pouvez venir vous assoir. »
Elle s'approche et attrape mes mains :
« Non, mon garçon, reste assis. Il faut dire que Judy ne me parle plus beaucoup depuis peu. Depuis l'accident, je n'ai parlé à personne, Molly est partie, et Judy est en réanimation. Si tu veux bien, j'aimerais parler avec quelqu'un, alors comment vas-tu, réellement ? »
Je me rassois.
Cette femme doit être un ange.
Je n'ai jamais vu de personne comme elle.
Je crois qu'au fond, moi aussi, j'aurais aimé avoir une mère...
« Écoutez, madame Miller, j'ai tout fait pour sauver Judy, mais elle, enfin... je n'ai pas réussi... »
Elle s'accroupit devant moi et pousse des mèches de mon visage :
« Enfin, mon garçon, tu ne peux rien faire de plus que les médecins... Ce n'est pas ta faute si Judy ne se réveille pas. »
Si seulement elle savait...
Si seulement cette femme si gentille et aimante savait ce qu'il se passait dans la vie de Judy...
« Tu sais, elle ne parle pas beaucoup, mais pour autant, je sais qu'elle est folle amoureuse de toi. Je ne l'ai jamais vu aussi épanoui. Et ce collier que je crois tu lui a offert, elle le garde toujours avec elle. Il est si cher à son cœur... Je crois que tu es l'une des rares personnes qui lui accorde autant de bienveillance. Edwin, tu es l'ange gardien de ma fille, c'est pour ça que je veux que tu saches que quoi qu'il arrive, tu seras toujours le bienvenu chez nous si tu as besoin de quelque chose. »
Elle se relève et va embrasser sa fille sur le front :
« Prends soin d'elle, mon garçon. Le jour où je partirais, je veux que tous les jours, tu lui rappelles à quel point elle est extraordinaire et comment sa mère malade l'aimait. »
Elle verse une larme et part sans que j'aie le temps de la rattraper.
Alors à mon tour, je me lève pour rejoindre la porte de la chambre.
Avant de repartir, je jette un dernier coup d'œil à mon âme sœur :
« Je promets Judy Miller de respecter ton choix. Quand tu te réveilleras, sache que tu pourras toujours venir me voir. Je t'aime. »
Je baisse les yeux et ferme la porte derrière moi en partant.
Ma décision est prise, je ne partirais pas.
Je ferais mieux, je resterais à la surveiller de loin jusqu'à ce qu'elle me demande de revenir.
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The Prophecy (RÉÉCRITURE)
RomanceUn jour, Charles Baudelaire a dit : "l'amour est une rose Chaque pétale est une illusion Chaque épine est une réalité" Il avait raison. Judy avait 16 ans quand elle a enfin compris le sens de cette citation. "Il n'y a pas de fleur sans pluie" Mo...