Chapitre 37 - Judy Miller

9 3 8
                                    

Maman est morte.

Aujourd'hui, j'enterre la seule personne en qui je pouvais avoir une confiance aveugle.

Nous sommes le matin du 25 novembre.

Après Thanksgiving, elle est partie à l'hôpital seule où ils ont déclaré son décès.

Molly a dû rentrer chez elle après m'avoir menti en promettant que tout irait bien.

Edwin et Scott m'ont demandé si je voulais qu'ils restent.

J'ai répondu non.

Ils m'ont proposé de venir chez eux.

J'ai dit non.

Depuis qu'elle est partie, je ne suis sorti qu'une fois de chez moi.

C'était pour aller acheter un cercueil.

Edwin a insisté pour s'occuper de l'administratif et Scott...

Et bien...

Il n'est pas réapparu depuis ce soir.

Ce matin, en me levant, je ne suis pas triste.

Je ne ressens aucune émotion.

Je suis vide.

En passant devant sa chambre, j'ai envie de tout casser.

J'aurais dû me rendre compte qu'elle allait mal.

Les médecins ont dit qu'elle savait depuis une semaine qu'elle ne passerait pas les fêtes.

Je suis orpheline et j'ai l'impression que c'est de ma faute.

Ces derniers temps, je n'ai pas arrêté de ne penser qu'à moi et à mes problèmes.

Mon téléphone sonne.

Je n'ai pas envie de décrocher, mais je n'ai pas le choix.

Je n'ai pas donné signe de vie depuis deux jours.

J'attrape le téléphone et appuie sur le bouton.

« Judy, c'est moi Edwin, je voulais savoir si tu avais besoin de quelque chose ? »

Je ne réponds rien et reste fixe face à mon téléphone alors que cette douleur s'installe dans ma poitrine.

« Judy, ta respiration ne me prouve pas que tu es en vie, j'ai besoin d'entendre ta voix me dire que tu vas bien. »

J'inspire et j'expire :

« Je n'ai pas besoin de ton aide, Edwin », je dis d'une voix tremblante avant de raccrocher.

Je ne me suis jamais senti aussi mal.

J'ai l'impression que jamais je ne pourrais aller mieux.

Je pose le téléphone et vais devant mon miroir de salle de bain pour nettoyer mon visage mouillé.

Je prends une serviette et la passe sur moi.

Je ne prends pas le temps de me maquiller et passe juste un coup de brosse dans mes cheveux bouclés.

J'enfile une robe noire qu'elle m'a achetée il y a quatre ans.

« Le jour où tu seras prête, tu porteras cette robe qui est aujourd'hui trop grande pour toi, mais j'imagine que ce jour n'est pas aujourd'hui. Prends en soin, petite princesse. »

M'avait-elle dit.

Parlait-elle du jour de son enterrement.

Qui est prêt à ne plus avoir de parents.

Qui est prêt à se faire adopter.

Car oui, étant un mineur sans plus aucune famille capable de prendre soin de moi, après aujourd'hui, je passerais à l'adoption.

Edwin a réussi à faire en sorte que j'aie deux jours seul, mais aujourd'hui, je rencontre la personne qui m'a adopté.

C'est allé très vite, mais j'imagine que c'est comme ça que ça se passe.

J'attrape mon téléphone, enfile mes converses noires et part de la maison.

**

En arrivant devant l'église vieille de 100 ans, je me rends compte que ce moment va être long.

Il y a une dizaine de personnes que je serais incapable de nommer.

Une femme s'avance vers moi.

« Judy Miller ? »

Elle n'est pas très vieille et n'a pas l'air méchante.

« Oui ? »

Elle sourit.

Comment peut-elle esquisser rien qu'un sourire ?

« Je suis une amie de ta mère. Elle m'a beaucoup parlé de toi, mais je n'ai jamais eu l'occasion de te rencontrer. Toutes les personnes ici étaient des amis à elle. Je voulais te présenter mes condoléances. Si tu as besoin de parler, nous sommes là. »

Elle me fait un clin d'œil et repart.

C'est bien la première fois que je vois une personne aussi joviale le jour d'un enterrement.

Alors que tout le monde entre dans l'église, je reste planté devant elle.

Molly doit déjà être à l'intérieur.

Quant aux frères Anderson, un a disparu et l'autre, je ne suis même pas sûr qu'il vienne.

Je prends une inspiration et me prépare à avancer mon pied.

Et c'est alors que l'on m'attrape la main.

Mon corps s'arrête de trembler.

Je pose le regard sur ma main gauche et lève les yeux.

« Je ne t'abandonnerais jamais. »

Je souris et verse une larme qu'il m'essuie de son autre main :

« Je sais que c'est compliqué entre nous en ce moment, mais j'ai fait une promesse et... et même après ce qu'il s'est passé, je suis encore plus convaincu que je t'aime. »

Il garde sa main sur mon visage que j'approche un peu plus de lui.

Je ne contrôle plus ce que je fais.

Peut-être que mon cerveau a demandé à mon cœur de prendre le relai ?

Je me mets sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur.

Il baisse un peu le visage et ses lèvres touchent les miennes.

Je ne saurais dire pourquoi, mais lorsque je l'embrasse, j'ai l'impression qu'il pourra me rendre heureuse, comme si maman nous avait aidé à nous retrouver.

Je décolle mes lèvres et il retire sa main de mon visage pour se remettre droit face à l'église.

« Dès que tu es prête.

- Je suis prête. »


The Prophecy (RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant