Chap 2 : Un accord

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Deux semaines plus tard

Je me réveille avec la vue de leurs chambres, chaque matin, en face de la mienne. Ce qui ne manque jamais de me rappeler la situation inconfortable dans laquelle je me trouve. Les premiers jours, je suis resté enfermé dans ma pièce à coucher jusqu'à ce que les premiers cours débutent. Puis les suivants, week-end compris, les accrochages ont commencé comme l'utilisation de la salle de bain ou le volume de la musique beaucoup trop fort, m'empêchant d'étudier dans ma chambre.

Aaron et Gabriel semblent prendre un malin plaisir à me taquiner et à tester mes limites. J'ai beau faire comme s'ils n'existaient pas. Néanmoins, c'est une chose impossible. Ils sont là, partout. Lorsque je dis « partout », c'est vraiment en tous lieux.

Encore une fois, je m'extirpe de la salle de bain après une douche froide en dissimulant la nuit blanche que j'ai passée à essayer de réviser avec leur mélodie de rock assourdissante. Je m'empresse dans la cuisine en découvrant une fois encore leur bazar qui me sort par les yeux.

— Aaron, tu as laissé de nouveau, ta serviette mouillée sur le canapé ! m'exclamé-je en m'avançant vers cette dernière.

Il me regarde avec d'un air narquois, sans se donner la peine de bouger, ses doigts gravés de lettres gothiques se refermant sur son genou.

— Détends-toi, Bonnie. C'est juste une serviette.

— Oui, mais c'est la cinquième fois cette semaine. Tu pourrais au moins essayer de ne pas être un goujat, rétorqué-je en la ramassant.

Gabriel, qui est en train de préparer le petit déjeuner, pivote vers moi avec un sourire amusé. Ils m'en font voir de toutes les couleurs et ça m'insupporte de plus en plus.

J'ai beau demander chaque jour à l'accueil s'il y a un désistement de chambre, mais de toute évidence, le monde adore me faire tourner en bourrique.

— Tu sais, Bonnie, il y a un vieux dicton qui dit que la patience est une vertu. Peut-être devrais-tu l'apprendre.

Je lève les yeux au ciel et décide d'ignorer sa remarque. J'ai retenu que répondre à leurs provocations encourage leur comportement. Au lieu de cela, je choisis de me concentrer sur mes études et sur les moments de détente que je peux passer avec Clyde, qui, heureusement, est souvent présent pour me soutenir dans cette cohabitation cauchemardesque.

Après avoir étendu la serviette d'Aaron sur l'appareil pour le sécher, je me rends à ma chambre et ferme la porte derrière moi en souhaitant trouver un peu de tranquillité pour travailler. Je m'installe à mon bureau et ouvre mon manuel de littérature anglaise, essayant de me plonger dans mes lectures. Quelques minutes plus tard, on frappe. Je soupire et me prépare à une nouvelle confrontation.

— Entre, l'invité-je en espérant que ce soit Clyde.

Malheureusement, c'est Gabriel qui se présente, une tasse à la main. Il s'avance et la pose près de moi avec un sourire moins arrogant que d'habitude.

— Paix, dit-il en levant les paumes. J'ai pensé que tu aimerais un café.

Je le regarde, méfiante, mais la prends avec un léger sourire.

— Merci, Gabriel. C'est... gentil.

— Tu lis quoi ?

Je relève les yeux de mon bouquin en replaçant mes lunettes sur le haut de mon nez. C'est bien une première, qu'il entre dans ma chambre, encore plus qu'il s'intéresse à ce que je fais. Depuis que nous vivons ensemble, j'évite tout contact avec eux, sauf lorsque le séjour se trouve sens dessus dessous, me retrouvant à faire le ménage derrière eux, tels des enfants.

A Heart For TwoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant