Chap 21 : Lorsque le vase déborde.

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Je retourne à l'appartement, seule cette fois, prête à affronter mes colocataires. Voilà un peu plus de quinze jours que nous jouons à qui rend plus fou l'autre et je dois dire que je suis bien plus détendue qu'eux physiquement parlant. Je ne sais pas si c'est parce que je suis rarement seule ou si c'est parce qu'ils comprennent que je suis déterminée à ne pas céder.

J'aime la manière dont ils réagissent lorsque je sors de ma chambre, les cheveux ébouriffés après une bonne partie à trois. Gabriel ne dit rien, mais son regard parle pour lui, en revanche Aaron... Aaron pète carrément les plombs et ne peut s'empêcher de me provoquer davantage. Je sens que j'approche doucement du but. Je sens qu'ils vont craquer pour faire de moi leur priorité.

J'ouvre la porte de l'appartement et fronce les sourcils en découvrant le silence inhabituel. J'observe le salon ainsi que la cuisine, un sourire se forme sur mes lèvres.

— À moi, la paix, murmuré-je à moi-même.

Je ferme la porte puis traverse la cuisine jusqu'à ma chambre afin de terminer mon roman. Après une journée à avoir discuté avec Julien et Clyde, échangeant des idées sur comment aborder la relation de couple à trois, me voilà mille idées en tête, impatiente de les poser sur mon Word.

À mesure que je m'approche, des voix murmurées atteignent mes oreilles. Mon cœur commence à battre plus vite. Je m'arrête net en entendant leurs voix, une étrange angoisse monte en moi. J'entre brutalement dans ma chambre, les découvrant assis sur mon lit, mon ordinateur entre leurs mains.

— Qu'est-ce que vous faites ? m'écrié-je, la voix tremblante de rage.

Aaron lève lentement le regard, ses yeux brûlant de colère.

— Tu te moques de nous ? Ce roman, c'est nous, Bonnie. Chaque putain de détail ! Tu nous as exposés comme ça ? Tu crois que c'est un jeu ?

Gabriel ferme doucement l'ordinateur et se lève, ses yeux verts étincelant de frustration et de colère.

— Tu ne nous as pas seulement utilisés comme inspiration, Bonnie. Tu nous as littéralement mis en scène. Tu te rends compte de ce que ça signifie ? De ce que ça pourrait faire si quelqu'un lit ça ?

Je sens mes joues devenir cramoisies, autant par la colère que par l'embarras.

— Ce roman, c'est ma thérapie, ma façon d'exprimer ce que je ressens. Vous avez envahi mon espace privé en le lisant sans permission ! dis-je en essayant de garder mon calme, surtout en sachant ce que disent mes nouveaux chapitres que j'ai écrits cette semaine tard dans la nuit, exposant tous mes sentiments pour ces lions qui chaque jour, font battre mon cœur de plus en plus fort sans même le remarquer.

Aaron avance vers moi, son visage à quelques centimètres du mien, ses yeux lançant des éclairs.

— Ton espace privé ? Et notre vie privée, Bonnie ? Tu y as pensé une seconde ? Tu sais ce que ça fait de se voir étalé comme ça ?

Gabriel pose une main apaisante sur l'épaule d'Aaron, essayant de calmer la situation, mais ces reproches me sortent de mes gonds.

— Se faire étaler comme ça. Et vous, vous savez ce que ça fait de se faire rejeter comme une merde après avoir servi de distraction ! Vous m'avez utilisée comme un jouet et puis vous vous êtes barré comme des enfoirés !

J'aperçois Aaron reculer légèrement, pris de court par ma réponse. Gabriel ferme les yeux un instant, soupirant profondément avant de parler.

— Bonnie, ce n'était jamais notre intention de te blesser. Nous avons fait des erreurs, c'est vrai, mais ce roman... tu as révélé des choses très intimes sur nous tous.

A Heart For TwoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant