Chapitre 43 : Confession de deux cœurs indomptables.

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PDV : Gabriel

Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours connu mes parents défoncés. Nous vivions dans une caravane, dont l'odeur me répugnait à chaque fois que je revenais de l'école. Un soir, j'ai retrouvé ma mère une aiguille dans le bras complètement sonné, ce n'était pas une première, en revanche sans savoir pourquoi, mon père sans est pris à moi me tabassant jusqu'à en perdre connaissance. Je n'ai jamais vraiment su le pourquoi, surement la défonce qui l'a rendu aussi impulsif. Dès le lendemain, en voyant mon état, le corps rempli d'ecchymose et le coquard noir à l'œil droit, la directrice a appelé une assistante sociale et tout s'est enchaîné, je n'avais que huit ans et je quittais cette vie merdique pour ce que je croyais un monde meilleur pour moi. C'est ce que m'avait promis, Catherina, mon assistance sociale de trente-deux ans, mais elle avait tout faux. Mon passage en foyer fut une catastrophe, j'étais ce qu'on appelle un martyre pour les autres ce qui m'a forgé une carapace jusqu'à devenir un putain de manipulateur sans scrupules. J'en avais un ras le bol d'être le souffre-douleur des autres puis j'ai aperçu Aaron entrer dans ce foyer comme une putain de lumière dans ma vie, deux ans après. Son corps maigre, son visage pâlit tout chez lui dévoilé un putain de cauchemar pire que le mien. Sans aucune hésitation, je suis allé à sa rencontre parce qu'il m'attirait sans que je sache la réelle raison.

Il y avait quelque chose en lui, une douleur partagée, un besoin désespéré de trouver quelqu'un qui puisse me comprendre, mais aussi le comprendre. Sa présence m'a donné une raison de me battre davantage, de croire qu'il y avait encore quelque chose de bon dans ce monde pourri. Je m'étais donné pour objectif de protéger ce garçon qui avait un an de moins jusqu'à ce qu'il devienne une partie intégrale de ma vie. Personne, mise à part moi, ne l'avait approché sans aucune once de peur, sans crainte, malgré la colère qui dégageait de son visage. Au début, il était très distant, parfois je le retrouvais enfermé dans le placard de notre chambre. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'avait dit : « Je ne veux plus qu'on me touche. »

Cette phrase a marqué mon esprit et j'ai su que je devais faire quelque chose, laisser de côté mon passé merdique pour me concentrer sur lui, pour le sauver parce que moi, juste par sa présence, je me sauvais sans qu'il ne le sache.

Petit à petit, j'ai commencé à gagner sa confiance. Je l'ai aidé à sortir de ce placard, littéralement et métaphoriquement. Chaque jour, je lui montrais qu'il pouvait compter sur moi, que je serais là pour lui, quoi qu'il arrive. Nous avons partagé nos histoires, nos douleurs et nos rêves brisés. Ensemble, nous avons trouvé une force que nous ne soupçonnions pas.

Aaron avait une résilience incroyable, une force intérieure qui m'impressionnait, mais il restait toujours sur ses gardes. En revanche, c'était le premier à foutre son poing dans la tronche des connards qui nous cassaient les couilles. À quinze ans, j'ai appris les joies du sexe et tout ce qui l'entoure. Je ne parle pas de tendresse ou d'amourette. Oh mon Dieu que non, les filles étaient pour moi des problèmes, en revanche le sexe lui, c'était une putain de libération. Quand je parle de sexe, c'est sous toutes les formes et là j'ai trouvé ma rédemption, ma voie. Ce fut dans notre piaule en foyer que mon meilleur pote m'a retrouvé une nana à quatre pattes, quatre ans de plus que moi, que je culbutais jusqu'à la faire crier, pleurer. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais je lui ai fait signe de nous rejoindre et là tout s'est révélé. À deux, nous étions plus forts, plus invisibles, plus connectés que jamais, prenant chacun son pied d'une façon différente, mais complète, prenant ce que nous voulions sans la moindre attache.

Après cette partie de jambe, plus que mémorable, dois-je avouer. Nous avons fait un pacte de partager tout ce qui nous passe entre les doigts et de ne jamais laisser une nana nous séparer. Ce n'était soit nous deux, soit personne.

A Heart For TwoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant