Episode Flashback #2 : L'Ancien Mysterio

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Mysterio, celui que je connais en tout cas, se nommait Quentin Beck. Avant toute cette histoire, il était producteur spécialisé dans les films fantastiques, un genre dont il est profondément fan, dont on pouvait en voir les traces dans ses repaires et même dans sa cellule de prison. Le problème étant que le monde du cinéma est sans pitié, un véritable océan où les requins dévorent les petits sans la moindre empathie, et ces productions sincères, manuelles mais peu extravagantes faisaient pâle figure devant les gros blockbusters avec des effets spéciaux à en avoir la nausée et tous traités par des employés délocalisés et sous-payés. Il avait beau redoubler d'inventivité en termes d'histoires et de trucages, à la seule exception de sa première production qui avait pu rembourser son budget par un hasard inattendu, toutes ces productions finissaient en Direct-To-DVD et ne remboursaient plus leur budget.

Les années s'étaient écoulées et Quentin Beck commençait à songer à abandonner son rêve de jeunesse, de cinéma. Il avait même projeté de le faire véritablement mais tenait à réaliser un dernier film, le film qu'il avait en tête depuis tout petit, le film qui conclurait sa tentative de carrière. Mélange particulier de fantastique et de science-fiction, c'était un ancien astronaute qui avait des pouvoirs magiques mais dont les nouvelles capacités lui avaient monté à la tête et l'avait fait sombrer dans la criminalité.

Les gens avaient bien assez de pitié devant son parcours malchanceux pour financer son dernier film, voyant en Beck une incarnation d'Ed Wood, mais il était hors de question de financer le marketing de ce projet. Quentin Beck devait s'en charger seul mais, dans un dernier élan d'égo, dans l'espoir désespéré que cette proposition puisse faire un succès qui le maintiendrait hors de l'eau quelques années, il voulait que le marketing de ce film soit aussi original que marquant.

Le déclic eut lieu lors d'une soirée arrosée où, sous l'ivresse de ces alcools à bas prix, son partenaire lui proposa de se déguiser en son personnage principal et de semer le trouble dans la ville pour se faire connaître. Ce qui n'était qu'une blague d'ivrogne fut interprété au premier degré par le producteur désespéré et entreprit, dès le lendemain, à l'aube, de planifier ce projet insensé. Avec un costume qu'il fit de ses propres mains et en exploitant ces machines pour créer ces trucages, il se permit de dérober des machines venant d'autres sociétés de production et se mit à fabriquer d'autres trucages par lui-même. L'idée de marquer les esprits par cette initiative audacieuse lui monta à la tête et désirait toujours faire plus grand, plus fort, plus impactant. C'est ainsi que ce qui devait être une simple apparition à Times Square se transforma en un méticuleux cambriolage, rocambolesque dans sa forme, faisant la une des journaux télévisés et papier.

Après vouloir voir les choses en grand, il désira déployer toute sa colère contre les gros studios et usa de sa nouvelle artillerie pour détruire les pellicules, ravager les tournages, éliminer des employés et les patrons ... Oubliant peu à peu le désir de publicité à son projet pour devenir un alter-ego à toute sa frustration. Mysterio avait, néanmoins, une profonde pitié pour les petits studios indépendants, comme lui, qu'il épargnait, et venait même épauler en leur laissant emprunter un peu de leur matériel pour certains tournages.


Néanmoins, c'est en partie à cause de cela, et de sa tendance à être bavard quand il jouait le rôle de Mysterio, que l'on avait pu finalement arriver jusqu'à lui et l'arrêter. En prison, il perdit tous ses biens, sa société fut rachetée par un major des studios de cinéma, et toutes ces créations furent dérobées par cette dernière, ne faisant qu'accroître sa rage et affirmant son désir de détruire les gros studios. A peine était-il libéré qu'il planifiait déjà sa vengeance contre ces patrons véreux et peu soucieux du bien-faire du spectacle, profitant du soutien moral voir physique de certains travailleurs du cinéma qui l'épaulaient dans ces projets de plus grande envergure. Et il m'en voulait car mon enquête, en tant que Peter Parker, m'avait permis de remonter jusqu'à Beck Productions.

Nos confrontations ont duré pendant un long moment, où ces trucages devenaient de plus en plus sophistiqués, m'aspergeant de gaz hallucinatoire pour renforcer sa mise en scène et pour mieux me fuir ou me nuire. Depuis le temps, la passion du cinéma avait disparu et avait été remplacée par la vengeance et l'amère rancœur.

Mais il y eut une confrontation ou tout a mal fini, et ce fut en partie de ma faute, c'était la période où je portais le symbiote. Notre énième confrontation nous avait mené à l'une de ces nombreuses planques, où se cachaient tout son matériel, ces machines, accessoires et autres trucages en tout genre. Mysterio avait profité de la pièce qu'il connaissait par cœur pour me plonger dans l'une de ses hallucinations dans l'intention classique de me déboussoler, de me blesser pour ensuite s'en prendre à moins quand j'étais vraiment blessé.

Sous l'impulsion symbiotique, j'ai détruit l'ensemble de ces machines, entraînant rapidement un incendie dans le hangar et, quand Mysterio voulut s'en aller, je tissa ma toile sur lui pour le ramener vers le sol et l'immobiliser avec ma toile avant de m'en aller.

Ce n'est qu'en retirant mon costume, et en écoutant la radio, que j'ai finalement compris ce que j'avais fait. Et malgré les soins intensifs de l'hôpital, personne n'a pu le sauver. C'est avec cet incident, accumulé à d'autres problèmes, que j'ai finalement décidé de me débarrasser définitivement du symbiote.

C'est pour cela que j'ai du mal à croire que le Mysterio qui est de retour soit celui que je connais. Non seulement pour sa personnalité aux antipodes de Quentin Beck mais surtout parce que je sais que son premier coup serait d'officialiser ma responsabilité dans sa prétendue mort. Mais, d'un autre côté, je ne connais absolument personne qui puisse reprendre son flambeau ... 

Spider-Man : New-York's SaviorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant