Requiem [Dark Romance] | SPIN-OFF CRESCENDO

Chapitre trente-neuf

LUCA

— Tu dois choisir, Luca ! vocifère Silas, à bout de nerf. Isée ou Eden ?! Choisis !

— Tes conneries se propagent avec une célérité phénoménale.

Je fixe l'arme que pointe Silas sur la tempe d'Isée alors que mon rythme cardiaque élevé se calme petit à petit. Le silence s'étire et s'éternise pendant d'interminables secondes durant lesquelles rien ne se passe.

Absolument rien.

Un sourire mesquin ourle mes lèvres alors que Silas devient soudainement plus nerveux. C'est à son tour de se tendre et de ressentir l'étreinte de l'angoisse s'imprégner de chaque pore de sa peau. Son front se met à perler d'épaisses gouttes de sueur, son teint blêmit et ses déglutitions deviennent nettement plus compliquées.

Ce n'était pas suffisamment lubrifié pour toi, Silas ?

Au moment où il fait volte-face pour viser la tête de Black, cette dernière se propulse en arrière. Son corps maculé de sang séché bascule dans le précipice sous nos regards effarés. Silas lève le bras pour l'abattre en plein vol, mais Ice est plus rapide. Dissimulée non loin, la balle d'Emilie lui transperce le crâne, le faisant tomber à la suite de la jeune femme.

Oublie ta sale manie de vouloir me filer entre les doigts, Black !

— Luca, c'est trop dangereux ! s'égosille Emy alors que je m'élance à mon tour.

Je saute sans perdre une seconde de réflexion supplémentaire.

Toujours prisonnière de ses entraves, l'échine de Black claque violemment sur la surface de l'eau assez profonde pour épargner un atterrissage brutal contre les roches. Mon plongeon, bien que plus maîtrisé, m'arrache tout de même une grimace de douleur. J'ai l'impression de me prendre un mur en pleine gueule. J'use de toutes mes ressources pour parvenir à nager le plus profondément possible, suivant la trajectoire de cette putain de lâche qui ne cesse de s'enfoncer dans les abîmes.

Tu ne m'échapperas pas.

Libérés du sac en toile de jute, ses cheveux s'étirent autour d'elle tels les filaments d'une méduse. La brûlure que je ressens en m'emparant de son bras est immédiate. Elle irradie chaque parcelle de ma peau tandis que ramène son corps frêle contre mon torse.

La première inspiration que je prends en sortant nos têtes de l'eau m'arrache un poumon au passage. J'essaye de nous maintenir à flot tandis que je retire l'épais morceau de scotch qui entrave ses lèvres et jure en extirpant le torchon fourré entre ses lèvres abîmées.

Des ecchymoses parsèment son visage, nuançant de couleurs sombres son teint de porcelaine.

— Je te promets que si tu claques, je te ramène pour te descendre de mes propres mains, sifflé-je.

Son pouls pulse faiblement contre les deux doigts que je pose contre sa carotide et le fantôme du sourire qui étire ses lèvres de me donne envie de la noyer moi-même. Elle ose se fendre la poire alors qu'elle est inconsciente, la connasse !

Je dois fournir un effort surhumain pour nager sur plusieurs mètres afin de nous replier sur la terre ferme. Je tire son corps jusqu'à ce que ses pieds soient totalement extirpés de l'eau et m'effondre à côté, le souffle haletant.

Je sors un canif de ma poche et coupe la corde également nouée autour de ses chevilles ainsi que celles qui relient ses poignets. Ses bras portent de nombreux hématomes, tout comme ses jambes. Toute sa peau est meurtrie, rares sont les parcelles encore vierges de coups.