Requiem [Dark Romance] | SPIN-OFF CRESCENDO

Chapitre trente

LUCA

Les iris miel d'Eden s'écarquillent.

Elle presse une nouvelle fois la gâchette, mais seul le son d'une balle tirée à blanc résonne dans nos oreilles.

Ce n'est pas une roulette russe, mon ange.

L'instant suivant, j'accule Eden contre l'arbre en la débarrassant de ce flingue inutile. Je l'ai échangé contre le mien, que j'ai soigneusement rangé dans mon dos. Elle hoquette de surprise, sans pour autant se défendre lorsque je rassemble ses poignets au-dessus de sa tête. Sa poitrine se soulève et vient percuter mon torse sous le rythme effréné de sa respiration.

Je déteste me répéter, et pourtant...

— C'est dangereux ce que je ressens pour toi, Eden, murmuré-je proche de son visage. Je ne le supporte pas très bien, tu sais.

— Es-tu seulement capable d'éprouver quoi que ce soit, Luca ? ose-t-elle demander de façon à peine audible.

Mes lèvres frôlent son nez, puis sa mâchoire, avant de venir sur le lobe de son oreille attentive. Eden tressaille. J'insère ma jambe dans la fente de sa robe et m'immisce entre les siennes pour la garder en place. Tout son corps se contracte contre le mien.

— Danse avec moi, Eden...

Déstabilisée, la jeune femme se laisse tout de même faire lorsque j'amorce un début de valse. La musique est lointaine, mais elle parvient à accompagner nos mouvements. Seuls au milieu de ce vaste jardin, je laisse mon regard se perdre sur la beauté de son visage. Illuminée et mise en valeur par la lueur de la lune, Eden est resplendissante dans cette robe que j'ai spécialement choisie pour elle.

Je m'approche de son oreille et hume son parfum envoûtant de sorcière. Je dois faire un effort démesuré pour lui murmurer ces mots qui embrasent mon âme :

— Toutes mes envies s'intensifient lorsque tu es à proximité, que ce soit celle de t'étrangler ou celle de te prendre dès que tu poses tes fichus yeux sur moi. Tu es la tentation à l'état pur, celle qui est aussi douce que létale. J'ai un besoin irrationnel de toujours t'avoir en visuel, bien en évidence dans ma mire. Tu es le fruit défendu qui m'est interdit, Eden. Tu es ma cible, ma proie, l'objet de ma vengeance et la chair à canon qui servira à protéger les miens. Je devrais te tuer ou te laisser partir tout en sachant que tu ne reviendras jamais en vie. C'est ce que je devrais faire... Alors pourquoi est-ce que tu respires encore ? Je te méprise tellement, bordel !

Eden sursaute à peine lorsque je hausse la voix et lâche un soupir au moment où je plante mes dents dans la peau fine de son cou pour la punir. Son corps tremble, je la soutiens complètement en me plaquant totalement contre elle.

Je peux déjà sentir mon excitation pointer le bout de son nez comme à chaque fois qu'elle est trop proche de moi. Putain, c'est incontrôlable.

Nous ne nous arrêtons pas de danser pour autant. Je la fais tournoyer avant de la reprendre contre moi, espérant secrètement m'en imprégner jusqu'au moindre centimètre.

— Tu veux un conseil ? Arrache-lui sa robe au lieu de la déshabiller du regard comme tu le fais. Tu seras moins à l'étroit dans ton futal quand tu seras enfin en elle, s'est moqué mon meilleur ami alors que je l'admirais en train de descendre les escaliers.

Je ne parviens pas à la repousser. Je la déteste autant que je la réclame. J'ai besoin de sa peau contre la mienne, de sa présence auprès de moi, de ses lèvres insolentes sur les miennes et de ses soupirs volés au détour d'étreintes interdites.