Chapitre onze

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BLACK

Les heures passent, le temps s'écoule au ralenti.

Je lutte contre le sommeil, redressant vivement la tête dès que ma nuque faiblit. Ma bouche est pâteuse à cause du manque d'eau, mes membres sont engourdis à force de rester dans la même position, bien attachée à cette chaise en fer.

Le poulet rôti apparaît prêt à se faire cuire...

C'est à peine si j'entends une personne entrer dans la pièce. Je plisse les yeux, mais ne distingue qu'une ombre, jusqu'à ce que les traits d'un jeune homme se démarquent. Je ne le connais pas.

— Retourne téter les seins de ta mère.

— Une salope de Raven, commente-t-il en refermant la porte derrière lui. Tu mérites de mourir.

— Je suis ravie d'entendre ton point de vue. Tu devrais en toucher deux mots à ton supérieur, il sera sûrement plus intéressé que moi.

Je pousse un soupir las dès lors que l'homme dégaine son calibre et qu'il le braque dans ma direction. Il risque de se blesser, ce con. Enfin, si tant est qu'il parvienne à trouver le cran de sécurité.

— Tu ne veux pas me laisser roupiller cinq minutes ? Tu me files un mal de crâne phénoménal.

Le gamin fulmine. Il a quoi, dix-neuf, vingt ans ? Il ne sait absolument pas comment gérer la frustration, à un tel point que je m'attends à voir de la fumée sortir par ses oreilles d'une seconde à l'autre.

— Tu souhaites dormir, répète-t-il, pensif.

— Ne réfléchis pas trop, tu risques de te fracturer les quelques neurones qui te restent. D'ailleurs, tu ne veux pas plutôt me desserrer les liens ? Je dois me gratter, la sensation est assez désagréable.

Il ne m'écoute plus et se dirige vers un interrupteur, qu'il actionne. Soudain, une vive lumière plonge la pièce dans un blanc aveuglant. L'intensité des néons me contraint à fermer les yeux si fort que des étoiles apparaissent. Je tâche de contrôler les battements de mon cœur, mais je sais que je ne pourrais pas tenir longtemps dans ces conditions.

Putain...

— Essaye de pioncer avec ça, sale chienne, ajoute-t-il en enclenchant un son entêtant qui résonne de toute part.

Je serre les dents et lui assène un regard noir qui l'oblige à reculer jusqu'à la porte, juste avant de se barrer en laissant le tout allumé. La musique, je peux gérer, même si elle est de très mauvais goût. En revanche, la lumière blanche... je déglutis à plusieurs reprises.

Combien de temps s'est-il écoulé ?

Je tire sur les liens toujours aussi étriqués qui m'entravent sur cette chaise en fer. Les pulsations de mon cœur résonnent dans mes oreilles, allant jusqu'à couvrir le son qui tourne en boucle et que je n'entends plus depuis belle lurette.

— Éteignez, susurré-je du bout des lèvres.

Dès que j'ouvre les yeux, j'ai l'impression que la lumière me brûle les rétines, ce qui me contraint à les refermer immédiatement. Même ainsi, elle pénètre à travers mes paupières.

— Éteignez...

La bile fait le yoyo dans mon œsophage.

— Bande... d'enfoirés...

J'agrippe les accoudoirs avec force dans l'espoir de vaincre mes tremblements incessants. Une peur panique me broie les intestins, me compresse la gorge. Je sens d'épaisses gouttes de sueur couler le long de mes tempes.

Requiem [Dark Romance] | SPIN-OFF CRESCENDOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant