Requiem [Dark Romance] | SPIN-OFF CRESCENDO

Chapitre quarante-neuf

LUCA

— Eden...

— Retire le pansement d'un coup, m'implore-t-elle.

J'essaye de retranscrire les paroles de Knox, mais je sais qu'il n'y aura aucun retour en arrière possible. Ce que je m'apprête à lui apprendre signera la fin de notre relation et je ne suis pas prêt pour ça. Cependant, je n'ai pas le droit de lui mentir... j'ai égoïstement fait ce choix à sa place et j'en subis à présent les conséquences.

— Luca, dis-moi qu'Ellia va bien, me supplie-t-elle en prenant ma main.

Une douleur phénoménale se propage dans ma poitrine alors que je prends le temps de la contempler. Ce sont sûrement les derniers instants que je passerai avec elle.

— Ellia se porte bien.

Je me penche sur cet ange et lui dérobe un baiser. Malgré son appréhension évidente, elle me le rend sans hésiter en m'insufflant tout l'amour qu'elle éprouve pour moi. Je m'en imprègne, je le tatoue sur chaque parcelle de mon épiderme puis, lorsque vient le moment de nous séparer, je laisse mon front reposer contre le sien.

Cacher la vérité a été la seconde pire erreur commise avec Eden.

— Il y a deux semaines, tu as été déclarée comme étant portée disparue... Nous avons réussi à tasser l'affaire, mais quelqu'un te recherche activement et... Il t'a trouvée grâce à ses propres contacts.

Je n'ai pas pu me résoudre à réduire au silence cette personne. J'ai essayé. Kieran m'a même proposé de le faire à ma place. Seulement, ce serait la trahir une fois de plus.

— De quoi tu parles ? Je n'ai plus personne en dehors de vous, m'affirme-t-elle, loin du compte.

La pluie s'accentue, infiltrant nos vêtements, alourdissant le poids déjà bien présent sur mes épaules.

— Il te reste quelqu'un, Eden, avoué-je dans un souffle vaguement audible. Knox vient de me dire qu'il sera en ville dans quelques heures.

— Je ne comprends pas...

Je prends une grande inspiration, bien que le courage me manque.

— Ethan est vivant.

À peine ai-je prononcé les mots que les yeux d'ambre d'Eden s'écarquillent. Elle recule d'un pas, puis d'un second, se tenant le ventre comme si je venais de lui infliger un coup d'une puissance démesurée.

Quelque part, c'est le cas.

La pluie s'accentue, s'abattant sur nos têtes avec violence. L'eau est pourtant tellement plus douce que le poison qui vient de s'échapper d'entre mes lèvres. Il s'insinue avec force dans nos veines, brûlant chaque parcelle de nos muscles pour essayer de nous mettre à genoux. S'il me consume plus lentement, ce n'est pas le cas d'Eden.

— C'est impossible, lâche-t-elle d'une voix blanche. Ce n'est pas... ce n'est... pas...

Ses jambes flageolent et elles lâchent d'un seul coup. J'ai à peine le temps de la rattraper au vol pour l'accompagner sur ce sol boueux.

— Les fantômes... n'existent... pas, geint-elle difficilement. Ethan... est...il est mort !

Une nouvelle fois, à cause de moi, tu souffres plus que jamais.

Une grimace de détresse déforme mon visage alors que je retiens ses poignets pour arrêter l'élan d'automutilation qu'elle commence sur ses bras. Elle se sert de la douleur pour se raccrocher à la réalité. Les larmes d'Eden se mêlent aux gouttes d'eau. Elle se débat sans véritablement le faire, luttant contre une crise de panique intense.