Requiem [Dark Romance] | SPIN-OFF CRESCENDO

Chapitre cinq

LUCA

Mes espoirs s'anéantissent au moment où j'entends les salves de mitraillettes.

Mes mains moites se cramponnent au volant, j'alterne entre une dualité de peur panique et une envie de meurtre imminente. Ma vitesse augmente encore, puis je donne un grand coup de volant et dérape sur le sol de la rive du lac. J'emporte dans ma course effrénée trois ennemis, percutés de plein fouet par ma carrosserie. Du sang gicle de partout, mais au moins, il ne reste plus aucun assaillant.

Je n'attends pas une seconde pour sortir de ma caisse, arme en poing, prêt à tout détruire sur mon passage. La voiture blindée de mon père est stationnée près de la forêt qui entoure le lac, mais il n'y a aucun signe de lui, ni même de ma sœur. Plusieurs corps jonchent le sol, indice qu'Alex et Emilie ont opéré un grand nettoyage.

Plus j'avance, plus ma tachycardie devient douloureuse.

Rapidement, plusieurs fourgons arrivent, envahissant les lieux. Les Hell's Lake rappliquent en nombre. Ils n'ont pas besoin de mes ordres pour savoir ce qu'ils ont à faire : sécuriser et anéantir la menace. Armés jusqu'aux dents, ils se déploient sur toute la zone en un battement de cil.

D'un coup, Alex sort de derrière la voiture blindée, plus pâle que jamais. Il tient à peine sur ses jambes et ses mains sont ensanglantées. Je ressens son angoisse d'ici, ce qui accentue la mienne.

— Lincoln arrive, me prévient-il d'une voix tremblante.

— Où sont-ils ? claqué-je sévèrement malgré mon appréhension évidente.

— Luca... Ils...

Non, pas ça... Tout, absolument tout, mais pas ça !

Il se mord la lèvre tandis qu'un frisson de sueurs froides dévale ma colonne vertébrale. Je déglutis et le contourne pour passer. Une boule énorme me compresse la gorge, c'est à peine si je parviens à respirer... Puis mon souffle se coupe.

Une mare de sang s'est étendue autour de mon père, allongé à même le sol. La bile remonte dans mon œsophage face au trou béant situé entre ses deux yeux. Je réprime un geignement d'agonie et enfonce mes ongles dans mes paumes pour ne pas fracasser Alex qui se tient dans mon dos.

— Isée... Isée ? hurlé-je soudainement, cherchant ma sœur du regard.

— On est là, s'écrie Emilie, la voix enrouée. Où est Lincoln, putain ?!

Là, à l'arrière de la voiture, ma petite sœur est dans les bras de sa meilleure amie. Emilie a retiré sa cagoule, ses yeux d'un bleu azur laissent échapper un millier de larmes. Le teint pâle d'Isée me fait tourner la tête, et le sang qui s'écoule sur les banquettes me donne envie de vomir tant l'angoisse m'empoigne les tripes.

— Où est-ce qu'elle a été touchée ? demandé-je en feignant un calme olympien.

— A l'épaule... j'essaye de contenir l'hémorragie.

J'ai l'impression de prendre un mur à pleine vitesse, le sol qui se dérobe sous mes pieds tend à me faire perdre tout contrôle.

Soudain, Isée reprend conscience et se met à gémir d'une douleur sans nom. Je me précipite vers elle et lui murmure des mots apaisants qui ne dupent personne. Je peux lire l'effroi dans son regard, comme si elle avait compris l'ampleur de la situation, juste avant de replonger dans l'inconscience.

— Lincoln est là !

— On l'extirpe d'ici, ordonné-je à Emilie tandis que le médecin se prépare.