Chapitre dix-neuf

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EDEN


Une semaine. Sept maudits jours que je surveille et analyse la demeure démesurée que Luca et Kieran souhaitent que j'infiltre. Mon soi-disant petit travail consiste à me faire entrer par effraction dans cet endroit afin de voir comment je me débrouille sur le terrain.

Je n'ai pas la moindre indication. Rien, net, nada. Ils se contentent de me fournir ce dont j'ai besoin - enfin, Kieran, puisque Luca m'ignore la plupart du temps malgré le fait que je vive sous le même toit que lui. Le Baron ou un membre de l'Élite m'accompagnent à chaque fois que je dois sortir pour effectuer mes repérages, attentifs à chacun de mes gestes.

Ils veulent savoir comment j'ai réussi à entrer chez Dan et ils me mettent en condition réelle dans leur ville. J'ai des compétences similaires à Black, mais je ne possède pas sa méthode de réflexion. Elle est bien plus vicieuse que moi. Avec elle, tout semble facile.

Dépitée, je me laisse tomber dans le canapé moelleux disposé dans le bureau de Luca. Nous venons à peine de rentrer et je dois préparer mon rapport, comme si Kieran ne m'avait pas collé à l'arrière-train une bonne partie de la nuit.

Il est près de quatre heures du matin et j'ai vraiment envie de dormir.

— Je ne sais pas si je vais y arriver. Cette baraque est mieux gardée que celle de Dan, qui y a pourtant mis les moyens. Vous comptez me dire qui habite là-dedans ? Le Roi d'Angleterre ?

— Non, soupire Kieran tandis que Luca, installé sur son trône derrière le bureau, n'a pas ouvert la bouche. Tu dois parvenir à dénicher une faille, quelle qu'elle soit.

Mes yeux roulent dans leurs orbites.

— Je résume la situation. Vous voulez que j'entre par effraction dans une maison mieux gardée que la Maison-Blanche, qui fourmille de gardes armés jusqu'aux dents, sans blesser ni tuer. Évidemment, tout ça pour trouver un collier stupide dont j'ignore la localisation, même partielle ?

— Bravo, Eden. Tu sais finalement te servir de ton cerveau.

— Oh. Le Parrain a donc cessé de se prendre pour une plante verte ? asséné-je hargneusement.

Les lèvres de Kieran se retroussent dans un sourire amusé tandis que Luca m'adresse un énième regard noir. Dire que notre relation s'est dégradée serait un euphémisme. Le pire, c'est que j'ignore vraiment pourquoi. Il se peut que le récit de la mise à mort de son père ne soit pas passé, finalement.

— Si on fait sauter la maison, on va finir par retrouver le collier dans les décombres. Ça prendra juste plus de temps.

Cette fois-ci, ce sont deux paires d'yeux blasés qui se braquent sur moi. L'inconvénient, c'est que ça a décidé Luca à prendre pleinement part à la conversation :

— Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans les mots "pas de mort" et "discrétion" ?

Je hausse les épaules en gardant cependant cette idée dans un coin de ma tête. Je pensais y arriver sans Judith, mais le fait est que ce n'est pas le cas. Je vais devoir lui demander de l'aide.

— Je peux passer un coup de fil à un ami ou papa Clarke ne veut pas ?

Luca pince l'arête de son nez. Sa patience s'étiole à chaque seconde qui s'écoule et ça m'amuse autant que ça m'énerve. Je déteste qu'il m'ignore et lorsqu'il ne le fait pas, c'est son mépris qui me rend nerveuse.

— Tout dépend de la personne que tu souhaites joindre. Tant que l'appel se fait en notre présence, je n'y vois pas d'inconvénients, cède Kieran.

De toute manière, je n'ai pas le choix. Jude sera la seule à pouvoir réellement m'aider. Je la considère comme une amie et ne lui en ai jamais voulu de ne pas avoir su faire la différence entre Black et moi. Elle ignore que j'ai une double personnalité machiavélique.

Requiem [Dark Romance] | SPIN-OFF CRESCENDOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant