Chapitre cinquante-trois

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LUCA


Un an.

Il s'est écoulé douze mois depuis qu'elles sont parties de Salt Lake City et pas un jour ne passe sans que je lutte contre moi-même pour aller les retrouver, où qu'elles soient.

Un an durant lequel j'ai eu des photos d'Ellia et des appels visios en fonction de ses volontés, mais je n'ai pu qu'apercevoir l'ombre d'Eden. Elle fait absolument tout pour éviter le moindre contact visuel avec moi. Knox a même refusé de me transmettre des accès aux vidéos de surveillance. Cet enfoiré, Emilie, Isée et Kieran gardent constamment un œil sur elles.

Ils méritent tous un séjour dans les geôles pour se souvenir de qui est le patron.

Je relève brièvement le nez sur le cadre photo disposé sur mon bureau. J'ai encadré la feuille que m'a offerte Ellia avant de partir et à chaque fois, ce qu'elle contient me redonne le sourire.

— Luca, m'interpelle ma sœur en entrant dans la pièce. J'ai retenu quelques noms, ça serait bien si on terminait ça aujourd'hui.

Je pince l'arête de mon nez, blasé par avance. J'ai déjà fait passer une dizaine d'entretiens et malgré le désespoir évident d'Isée, je n'ai accepté aucune candidature.

— Je suppose qu'ils sont derrière la porte ?

Le sourire d'Isée m'exaspère. J'ai clairement perdu beaucoup trop de temps avec cette histoire. J'ai besoin de mains supplémentaires au Heaven, en particulier depuis que ma sœur s'est lancée dans une quête similaire en tout point à celle d'Ivy. Les Reapers ne sont peut-être plus d'actualité, mais le trafic d'enfants existe toujours. Isée s'est pleinement investie dans la cause. Elle s'évertue à sauver les gamins en déployant les forces des Hell's Lake tandis que Kieran et moi développons sans cesse le cartel.

Nous n'avons jamais été aussi puissants. Autant craints. Ça a beau être jouissif, je ne me sens pas entièrement satisfait. Il me manque deux choses essentielles pour parfaire ce tableau et rien ne pourra jamais remplacer ce manque étouffant.

J'effectue un signe de la main à Isée pour qu'elle fasse entrer la personne. C'est une femme quelconque et le regard lubrique qu'elle pose sur moi me hérisse les poils.

— Non.

— Luca ! s'offusque ma sœur. Elle n'a même pas commencé !

— Et c'est non.

Isée grogne en me lançant un regard noir que j'ignore. Je mentirais en disant que je n'ai pas couché avec d'autres femmes qu'Eden depuis qu'elle est partie, mais je ne supporte pas que mes employées aient immédiatement des idées dès qu'elles passent le seuil de la porte. Je ne mélange pas le boulot et le cul.

La seconde personne entre dans le bureau. Une nouvelle femme, âgée d'une cinquantaine d'années.

— Vous avez déjà travaillé avec des enfants ?

— Je suis infirmière en pédiatrie depuis plus de vingt ans, me répond-elle.

C'est intéressant. Isée réprime un soupir de soulagement lorsque j'ouvre son dossier pour lire le résumé de son parcours.

— Nous avons un accord avec le gouvernement. Ils transfèrent au Heaven tous les enfants victimes des différents trafics. Ils ont subi de nombreux sévices et qui présentent un traumatisme. Vous pensez que vous pourrez supporter ça ?

Caresser ces enfoirés dans le sens du poil alors que c'est nous qui faisons tout le job me tue, mais je ne peux décemment pas confesser à une civile qu'elle va travailler pour la mafia sans le savoir.

Requiem [Dark Romance] | SPIN-OFF CRESCENDOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant