𝟑𝟕 - 𝐈𝐫𝐞𝐧𝐞/𝐀𝐥𝐞𝐣𝐚𝐧𝐝𝐫𝐨

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IRÈNE

Nous avions fini par nous arrêter quelque part en pleine nuit sans que j'en prenne vraiment conscience. Mei avait pris le volant et je m'étais écroulé sur la banquette arrière, plongé dans un sommeil sans rêves jusqu'au lendemain après-midi. 

En ouvrant les yeux je la trouvai elle aussi endormie, la tête tombée contre la vitre du siège conducteur. Nous étions garés près d'une petite fontaine et l'endroit semblait désert, silencieux. Je décidai de profiter de cette pause pour me rafraîchir un peu. 

Délaissant la fatigue de la route je détachai mes cheveux, les retenant cette fois en une queue-de-cheval haute et plongeai mes mains dans l'eau fraîche.

Je passai l'eau sur mon visage, ma nuque et mes bras et la sensation me procura enfin un semblant de clarté. Mei se réveilla et fit de même. Encore deux petites heures de route avant Roswell. Après ça, New York, puis le vol pour l'Italie. Encore un peu, et tour sera enfin fini.

Je fouillai dans le sac qu'Aren m'avait remis, mes doigts rencontrant d'abord un chargeur compatible avec la voiture puis un second téléphone. Le premier appareil était à court de batterie depuis des heures et il nous restait encore du chemin à parcourir avant de rejoindre la gare.

À l'instant même où je tenais le nouveau portable, il vibra l'écran illuminé affichant le nom d'Aren. L'impulsion dans mes mains me fit lever les yeux et je m'installai sur le bord d'un rocher. Prenant une longue inspiration, je décrochai enfin : 

— Où êtes-vous ?!

Je reculai légèrement le téléphone de mon oreille alors qu'il se mit à crier. Son ton vif et abrupt me surprenait, presque agressif et je peinais à comprendre la raison de cette brusquerie soudaine.  

Au même moment mon regard glissa vers Mei qui avait attrapé quelques barres de céréales. Elle les déballait avec calme, comme si chaque bouchée apaisait un peu de cette fatigue accumulée sur la route. Je repris le téléphone près de mon oreille.

— Tu n'as pas besoin d'exploser mes tympans, l'avertis-je. 

— Irène dis-moi où êtes-vous ?! 

Je laissai mon regard s'appuyer sur l'environnement, tentant de comprendre où exactement nous nous trouvions. Tout semblait indistinct, je savais qu'on approchait de Roswell, plus que deux heures de route et c'est bon.

Je demeure septique, tandis que la voix tremblante d'Aren résonnait encore dans mes oreilles. Quelque chose dans son ton m'instillait une inquiétude, le genre d'appréhension qui serre la poitrine, comme pressentiment d'un danger qu'on ne peut ignorer.

— Nous sommes à deux heures de Roswell, pourquoi ? Que se passe-t-il ? 

Un silence pesant s'installa. Son souffle inquiet résonnait dans le téléphone, lourd et irrégulier. Ce silence est entrecoupé de respirations nerveuse, et en disait bien plus que n'importe quel mot. Je sentais mal cette situation.

— Pourquoi vous avez pris autant de retard ? me questionne-t-il d'un mauvais ton. Vous devriez déjà être dans le train normalement !

— Arrête de me crier dessus ! On s'est reposer!

Mes cris attire ma meilleure amie. Elle accourut aussitôt les traits tendus et se posta devant moi, les yeux écarquillés d'inquiétude. Elle n'eut même pas besoin de poser de questions, un simple signe de tête suffisait pour me demander ce qui se passait.

— Irène, les hommes d'Alejandro se trouve déjà à Roswell ! 

La panique monta en moi, mes muscles tendus, immobiles. Mon souffle se fit court, presque coupé. Autour tout semblait lointain comme étouffé. Je restais incapable de bouger, avec cette certitude oppressante qu'ils étaient tout près, bien plus près que je ne le pensais. Il gagne toujours, et cela même quand je dispose de l'avance. 

FernandezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant