IRÈNE
Je roulais aussi vite que je pouvais, les mains crispées sur le volant pour m'empêcher de me ronger les doigts. La route était déserte et cette solitude silencieuse me faisait hésiter entre soulagement et inquiétude.
Mon cœur battait trop fort, une pression oppressante s'accumulait dans ma poitrine comme si j'étais au bord de l'implosion. Je savais que Mei et Aren allaient en souffrir et la culpabilité me brûlait.
Mais au fond, je n'avais pas d'autre choix. Ce sacrifice est injuste mais était la seule option pour protéger mon frère et moi.
En réalité mon angoisse ne venait pas tant de ce qui pourrait arriver à Mei et Aren. Non, c'était la peur dévorante d'être retrouvée par Alejandro. Cette pensée me hantait, me paralysait presque.
Derrière le dernier mot que j'avais lu dans le dossier d'Aren, il avait ajouté une phrase qui m'avait arraché un bref sourire :
« Il ne s'est rien passé entre toi et Alejandro. »
Il faisait allusion à cette nuit où je m'étais retrouvée dans le lit d'Alejandro. J'essayais de chasser ce souvenir de ma tête, mais c'était impossible.
Les yeux rivés sur le GPS, je suivais la route sans relâcher mon accélérateur. J'avais dû reprendre le téléphone pour ne pas me perdre en chemin, même si cela augmentait mes chances d'être repérée.
Plus de deux heures s'étaient écoulées depuis mon dernier appel avec Alejandro. Il devait sûrement déjà s'impatienter, attendant que je fasse ce qu'il voulait.
— Il va me tuer, murmurai-je dans ce silence.
La route était plongée dans l'obscurité totale. Sans les phare on n'y verrait absolument rien. J'essayais de calmer ma respiration, mais c'était peine perdue, plus je m'efforçais de rester calme, plus l'angoisse me serrait.
Soudain, des gouttes de pluie s'écrasèrent contre le pare-brise et très vite, elles se transformèrent en une pluie battante, rendant ma vision encore plus difficile.
Le bruit de l'eau sur le toit et les vitres dominait tout, étouffant le reste du monde dans un fracas continu.
Le téléphone sonna, affichant le nom d'Aren. Mon pied appuya instinctivement un peu plus sur l'accélérateur, l'angoisse grimpant en moi et mon cœur battant presque aussi fort que le martèlement de la pluie.
Ma respiration s'emballa, je refusais de répondre, mais le téléphone sonna de nouveau. Je savais qu'il ne s'arrêterait pas tant que je ne décrocherais pas. Et finalement je décroche.
D'un geste brusque, je pris enfin l'appel et mis au parleur le téléphone.
— Quoi ?! Quoi encore, fils de pute ! crachai-je, les mots jaillissant toute ma frustration et mon épuisement contenus dans cette insulte.
Un ricanement glacé répondit, une voix pleine de moquerie et de mépris.
— Oh, diosa, tu as vraiment perdu toute politesse, on dirait. Je pensais que notre relation méritait un peu plus de respect que ça. C'est ce qui arrive quand tu fuis comme un chien errant, sans ton maitre pour te dresser.
Je serrai les dents, essayant d'ignorer le ton sarcastique qui suintait dans chaque mot. Il poursuivit, son amusement presque palpable.
— Alors, tu comptes fuir jusqu'à quand ? Tu sais que c'est ridicule, n'est-ce pas ? Fuir de moi, de mon ombre ? Tu ne feras qu'épuiser ceux qui t'aident et pour quoi ? Pour rien. Parce qu'au final, c'est moi qui gagnerai. Toujours.
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Fernandez
ActionUne ville balnéaire, un pays en proie aux flots tumultueux de la discorde. Une cause ? Une organisation. Alejandro Fernandez Diaz, un dirigeant puissant, cruel et célèbre pour sa férocité mythique ; il possède tout un monde. Allan Serenity, réputé...