Sous l'Ombre de la Ville

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La ville s'étendait devant moi comme un océan de lumières, scintillant dans l'obscurité. Assise sur ce canapé en velours noir, je me sentais à la fois à l’aise et étrangère dans le penthouse de mon oncle Da Shu.
Cela faisait dix ans que nous ne nous étions pas vus, et cette réunion, aussi opulente soit-elle, était teintée d'une tension palpable.
Mon regard se perdait dans les lumières clignotantes de la ville, tandis qu'une vague de souvenirs d'enfance me submergeait.
Je portais une robe noire, élégante mais courte, qui m'avait semblé appropriée pour la soirée. Pourtant, en voyant Da Shu, je commençais à douter de mon choix.
Sa silhouette imposante se tenait derrière moi, et j'aimais et redoutais cette proximité.
« Qu'est-ce que tu faisais là-bas, habillée comme ça ? » demanda-t-il d’une voix ferme, une impatience sous-jacente trahissant son regard qui scrutait mes jambes.

La gêne me traversa, mais je me redressai, décidée à ne pas me laisser intimider.
« J'ai dix-huit ans, Da Shu. Je ne suis pas une enfant, » répliquai-je, cherchant à faire entendre la confiance qui battait dans mon cœur.

« Dix-huit ans, et tu te promènes dans la ville habillée ainsi ? »
Sa voix, bien que sérieuse, révélait une inquiétude plus profonde.
« Tu te rends compte que le monde n’est pas sûr ? »

Je sentis mon cœur s’accélérer. Je n'avais fait qu'aller à une soirée entre amis, rien de plus.
« Je ne faisais que sortir avec des amis, » insistant sur chaque mot, comme si ma défense pouvait apaiser ses préoccupations.

Il s’approcha de moi, se penchant légèrement pour mieux me voir. Ses yeux, d'un noir profond, semblaient chercher quelque chose au-delà de la surface.
« Tu dois faire attention, »
dit-il doucement, mais son sérieux me glaça le sang. « L’innocence ne protège pas. »
Un frisson me parcourut. Je réalisai que son regard ne se contentait pas d'être paternaliste. Il y avait une inquiétude profonde, une peur de voir ce que le monde pouvait faire à quelqu'un d'aussi vulnérable que moi. Cela me touchait, mais je ressentais un mélange de frustration et de
rébellion face à son autorité.

« Je suis majeure, je peux prendre soin de moi, » affirmé-je, ma voix tremblant légèrement.

Il se redressa, son corps devenant rigide. « Ce n'est pas une question de maturité. C'est une question de sécurité. »

Ces mots résonnaient en moi, faisant écho à la douleur d'une séparation qui avait duré dix longues années. Je me souvenais de lui comme d’un héros de mon enfance, mais là, face à cet homme protecteur, j'avais l'impression d'être une petite fille perdue.

Les lumières de la ville continuaient de scintiller, et je savais que ma vie ne serait plus jamais la même. Je voulais découvrir la profondeur de son âme, de cet homme qui avait été absent si longtemps, même si cela signifiait affronter ses peurs et ses démons.

Ce moment, ce penthouse, cette conversation, tous étaient le début d’une danse délicate entre le désir de reconnecter et la prudence d’un passé troublé.

Et malgré la tension, une voix en moi me disait que j'étais prête à explorer ce lien complexe, même s'il était empreint de dangers.

Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant