Le calme avant la tempête

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Les derniers jours à Paris défilèrent dans un étrange mélange de clarté et de confusion. Je visitai les lieux emblématiques, m'efforçant de me perdre dans l'effervescence de la ville pour oublier ce qui pesait sur mon cœur. Mais les mots de Da Shu résonnaient encore comme une plaie ouverte : « Ne tombe pas amoureuse de moi. »

Ce soir-là, dans le silence de ma chambre, j'éteignis mon téléphone. Je savais que c'était la seule manière de me protéger. Pourtant, avant de le faire, je lui envoyai un dernier message :

« Il vaut mieux qu'on termine notre histoire ici. Je ne peux pas continuer. »

La réponse ne se fit pas attendre. Une notification. Une seule phrase.

« Non, je ne suis pas d'accord. »

Ce message me fit vaciller. Mais cette fois, je choisis le silence. Je n'avais plus la force de me battre contre ses contradictions.

Retour à la maison : une paix fragile

Lorsque je rentrai chez moi, tout me semblait à la fois familier et étranger. Ma chambre, mon lit, les rires de mes proches... Ce cocon était apaisant, mais mon esprit restait hanté par les souvenirs de Paris et les émotions conflictuelles laissées par Da Shu.

Je me concentrai sur la reprise des cours à la fac, retrouvant mes amis et les discussions légères. Mais au fond, je n'étais pas vraiment là. Mes pensées divaguaient souvent, et mes absences répétées finirent par inquiéter.

- « Tout va bien ? » me demanda un jour une amie, les sourcils froncés.

Je me contentai de hocher la tête avec un sourire forcé, mais la vérité, c'est que je n'en étais pas certaine.

Quelques jours plus tard, poussée par une curiosité que je détestais, je rallumai mon téléphone. Pas un seul message. Pas un appel. Rien de Da Shu. Un mélange de soulagement et de déception m'envahit. Peut-être avait-il compris que notre relation ne mènerait nulle part.

Alors que je commençais à retrouver une routine, une interruption imprévue bouleversa mon fragile équilibre. Un matin, mon grand-père me tendit une invitation soigneusement ornée de dorures.

- « C'est pour l'anniversaire de ta demi-sœur. Mais ne t'en fais pas, tu n'es pas obligée d'y aller. Nous enverrons un cadeau si tu préfères rester ici. »

Je hochai la tête, reconnaissante pour sa bienveillance. Mais ce répit fut de courte durée. Pendant le dîner, le téléphone sonna. C'était mon père. Sa voix autoritaire claqua comme un ordre :

- « Tu as reçu l'invitation ? »

- « Oui. »

- « Tu as intérêt à être là. »

Et il raccrocha avant même que je puisse répondre.

Ces hommes et leurs ordres... Ils m'épuisaient. Pourtant, je savais que si je n'y allais pas, ma belle-mère et ma demi-sœur trouveraient mille façons de me dénigrer. Leur mépris était une arme qu'elles maniaient avec une précision chirurgicale, et je ne voulais pas leur offrir cette satisfaction.

Les jours précédant l'événement furent étrangement paisibles, comme le calme avant une tempête. Puis, le soir tant redouté arriva.

Mon grand-père, toujours soucieux de m'apaiser, m'offrit une boîte contenant une robe.

- « Une petite surprise pour toi. » dit-il avec un sourire tendre.

La robe, d'un bleu profond, était élégante et raffinée. Échancrée dans le dos, elle sublimait ma silhouette sans être provocante. Nana, fidèle à elle-même, s'appliqua à me maquiller avec soin, rehaussant mes traits sans en faire trop. Elle releva mes cheveux en un chignon sophistiqué qui me donnait une allure adulte.

Quand je me regardai dans le miroir, je ne pus m'empêcher d'être troublée. Cette femme élégante, c'était moi. Pour une fois, je me trouvai belle, presque intouchable.

- « Tu es sublime, ma petite. Une vraie femme, maintenant. » murmura mon grand-père, ému.

Il immortalisa l'instant avec son vieux Polaroïd, souriant comme s'il voyait un trésor. Mais derrière ses mots, je ressentis une honte grandissante. Que dirait-il s'il savait pour Da Shu ? S'il connaissait mes doutes, mes erreurs, cette relation qui me consumait lentement ?

Le cadeau pour ma demi-sœur était à son image : ostentatoire et calculé. Un sac de luxe soigneusement choisi par mon grand-père. Un objet qu'elle adorait et qui ne manquerait pas de flatter son ego.

Je serrais la boîte contre moi, le cœur lourd. Je savais ce qui m'attendait : des regards condescendants, des compliments déguisés en critiques, et une comédie savamment orchestrée par ma belle-mère et ma demi-sœur.

Mais ce soir-là, en me regardant dans le miroir une dernière fois, je décidai de jouer mon propre rôle. Peut-être qu'ils m'attendaient pour me rabaisser, mais je n'étais pas venue pour eux. Cette fois, je voulais leur montrer que je ne courberais pas l'échine.

Avec un dernier soupir, je me redressai, prête à affronter ce qu'ils avaient préparé. La tempête pouvait bien arriver, je comptais me tenir droite au milieu du chaos.

Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant