Je restai figée, mes jambes menaçant de se dérober sous moi. Mon souffle devint court, ma gorge sèche. C'était lui. Da Shu.
Il se tenait là, devant moi, imposant dans son costume bleu nuit, son visage légèrement fatigué mais toujours aussi magnétique. Sa barbe naissante ajoutait une touche de dureté à son expression.
Il me fixa, ses yeux noirs pénétrants s'attardant sur moi comme s'il essayait de lire chaque pensée qui me traversait. Après un long silence, il parla enfin, d'une voix basse et autoritaire :
« Qing, laissez-nous. »
Sa secrétaire, visiblement surprise, cligna des yeux et hésita.
« Vous êtes sûr, Monsieur ? » demanda-t-elle, son regard oscillant entre lui et moi.
Il hocha la tête, son ton ferme. « Oui. Et que personne ne nous dérange. »
Elle me jeta un regard chargé de suspicion, presque hostile, avant de s'incliner légèrement et de tourner les talons.
« Très bien, Monsieur. »
Elle referma la porte derrière elle.
Da Shu se tourna vers moi, désignant un fauteuil face à son bureau.
« Installe-toi. »
Sa voix était polie, distante, comme s'il parlait à une simple collègue ou à une inconnue. Ce vouvoiement qu'il employait, où il n'y avait plus aucune chaleur, me heurta. Était-ce sa manière de poser une barrière ?
Je pris place dans le fauteuil qu'il m'indiquait, m'efforçant de retrouver mon calme. Mon cœur battait si fort que j'avais peur qu'il l'entende.
« Je vous écoute, » dit-il en s'asseyant en face de moi, son regard toujours aussi perçant.
Je sortis mon micro enregistreur et mes notes, tâchant de ne pas laisser ma confusion transparaître.
« Monsieur, » commençai-je d'un ton professionnel, « comme vous le savez, cette interview s'inscrit dans le cadre des séries que nous réalisons pour explorer les perspectives des grands dirigeants chinois. »
Je posai le micro sur son bureau et ajustai mes papiers, évitant de croiser son regard trop longtemps. « Nous allons aborder plusieurs sujets, principalement liés à votre carrière et à vos perspectives d'avenir. Cela vous convient-il ? »
Il hocha simplement la tête, son expression impassible.
Je pris une profonde inspiration et commençai mes questions. Au début, tout se passa de manière fluide. Je posai mes questions avec assurance, et il répondit avec la même maîtrise.
Puis vint une question qui me fit hésiter :
« Pourquoi avez-vous accepté cette interview, alors que vous n'en donnez presque jamais ? »
Il marqua une pause, croisant ses doigts sur son bureau avant de répondre calmement :
« J'ai été inspiré par le discours de Mme Wang lors de la dernière remise de prix. Elle a évoqué l'importance de transmettre ses expériences, et j'ai trouvé que le moment était opportun pour m'exprimer. »
Sa réponse était posée, réfléchie, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir une tension sous-jacente.
Nous continuâmes ainsi, nos échanges professionnels et directs, jusqu'à ce que je lise la dernière question. Mon cœur se serra en voyant les mots sur la page.
« Quelle est votre situation amoureuse actuelle ? »
Je déglutis, ma voix légèrement tremblante lorsque je lus la question à voix haute.
Il haussa légèrement un sourcil, un sourire presque imperceptible au coin des lèvres.
« Je n'ai pas encore trouvé chaussure à mon pied, » répondit-il, son ton calme, presque indifférent.
Ces mots me frappèrent comme un coup de poing. Je savais que je n'étais qu'une femme parmi tant d'autres dans sa vie, mais l'entendre le confirmer avec une telle légèreté me donna un profond sentiment de trahison.
Je terminai rapidement l'interview, le remerciant poliment avant d'arrêter l'enregistrement.
Alors que je rangeais mes affaires, prête à partir, il se leva de son fauteuil.
« Où vas-tu ? » demanda-t-il, sa voix plus basse qu'auparavant.
Je relevai la tête, surprise. « Nous avons terminé, il me semble, » répondis-je, essayant de maintenir une distance en continuant de le vouvoyer.
À ce moment-là, sa secrétaire entra avec un plateau de thé et des tiramisus. Mon cœur fit un bond en voyant ces desserts. Mon dessert préféré.
Avait-il prévu cela ? Savait-il que je viendrais ?
« Ne pars pas sans prendre ton goûter, » dit-il en m'indiquant la table basse.
Sa secrétaire me regarda avec une expression mêlant incompréhension et irritation. Elle semblait choquée par son tutoiement soudain, mais resta silencieuse.
« Non merci, je vous remercie, Président, » dis-je d'un ton sec, espérant mettre fin à cette scène étrange.
Mais il tapa violemment du poing sur son bureau.
Le bruit me fit sursauter, tout comme sa secrétaire. Je savais que rien de bon ne sortirait de cette situation si je n'obéissais pas. Résignée, je m'assis à nouveau et pris une bouchée de tiramisu, incapable d'apprécier le goût tant la tension était palpable.
Il fit un geste brusque à sa secrétaire, qui quitta la pièce sans un mot. Puis il s'installa à son bureau et passa un appel, ignorant ma présence.
La situation était si étrange que je me sentais presque nauséeuse. L'atmosphère dans la pièce semblait lourde, oppressante.
Lorsque j'eus terminé, je me levai rapidement.
« J'ai fini. Je m'en vais. Merci. »
Mais avant que je ne puisse atteindre la porte, il se leva et m'attrapa par le bras, me forçant à m'asseoir sur son bureau imposant.
Il se plaça entre mes jambes, son regard brûlant fixé sur moi. Je sentais la pression de ses mains sur mes hanches, et mon souffle s'accéléra.
« Tu étais magnifique à la cérémonie, » murmura-t-il, son ton bas et envoûtant. « Tu as brillé comme un soleil. »
Je restai immobile, incapable de répondre.
« Je n'ai jamais douté de tes capacités, » continua-t-il, sa voix vibrante. « Mais... tu m'as manqué. »
Il se pencha légèrement, effleurant mes cheveux avant de descendre doucement vers mon cou. Une vague de chaleur et de panique monta en moi lorsqu'il leva la jupe de mon tailleur.
Mon esprit était en ébullition. Je savais que je devais mettre un terme à ce moment avant qu'il ne devienne incontrôlable.
« Da Shu, arrête, » murmurai-je, ma voix tremblante.
Mais avant qu'il ne puisse aller plus loin, la porte s'ouvrit brusquement. Sa secrétaire entra, et ses yeux s'écarquillèrent en voyant la scène devant elle.
Da Shu se redressa immédiatement, sa mâchoire serrée, et me lâcha.
« Excusez-moi, Président, » dit-elle, visiblement mal à l'aise.
Je profitai de l'interruption pour me lever précipitamment. Je réajustai ma jupe, attrapai mon sac et sortis en courant, les joues en feu.
Dans le couloir, j'entendis un bruit sourd derrière moi, comme si quelque chose venait d'être lancé contre un mur. Puis la voix furieuse de Da Shu résonna, criant des ordres à sa secrétaire.
Je ne ralentis pas. Je me précipitai vers l'ascenseur, appuyant frénétiquement sur le bouton. Lorsque les portes se refermèrent, je m'appuyai contre le mur, respirant difficilement.
Je sortis de l'immeuble sans me retourner, le cœur battant à tout rompre. La scène que je venais de vivre était irréelle, comme un rêve troublant dont je voulais me réveiller.
Mais une chose était sûre : je ne voulais plus jamais croiser son chemin.
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Mon oncle et moi ( da shu)
RomanceDans cette histoire fascinante, suivez le parcours d'une jeune fille de 18 ans qui, après une décennie d'absence, retrouve son oncle mystérieux et séduisant. À l'âge de 8 ans, elle avait perdu tout contact avec lui, mais aujourd'hui, à 35 ans, il e...