Une décision à prendre

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Je me laissai tomber dans le fauteuil de mon bureau, épuisée par le tourbillon de pensées qui s'agitait dans mon esprit. Tout ce qui s'était passé depuis nos retrouvailles semblait irréel, comme si je vivais une autre vie, une vie où le rêve et la réalité se confondaient constamment. Je n'arrivais toujours pas à clarifier mes idées. Chaque jour, je sentais que je m'enfonçais un peu plus, que je tombais chaque fois un peu plus amoureuse. Et pourtant, une vérité froide s'imposait : Da Shu avait été clair. Il ne voulait rien d'autre qu'une relation physique.

Alors pourquoi cette tendresse ? Pourquoi cette douceur dans ses gestes, cette manière de prendre soin de moi, comme si j'étais précieuse à ses yeux ? Je n'arrivais pas à comprendre, et c'est ce qui me troublait le plus. Je me sentais prise dans un piège, un piège où je risquais de perdre bien plus que mon cœur.

La scène dans les toilettes du George V me revenait en mémoire. Cette femme m'avait regardée avec un mélange de pitié et de malveillance. « Da Shu a eu de nombreuses partenaires avant toi. Qu'est-ce qui te fait croire que tu es différente ? » Ses mots résonnaient encore, comme un avertissement que j'avais choisi d'ignorer. Mais elle avait peut-être raison. Pourquoi moi ? Pourquoi se soucierait-il autant de moi quand il pouvait avoir toutes les femmes qu'il voulait, d'un simple claquement de doigts ?

Une peur sourde montait en moi. Et si je n'étais qu'une autre conquête dans sa liste interminable ? Je me sentais flattée par toute cette attention, mais en même temps, je me demandais si je n'étais pas en train de me jeter dans un tourbillon dont je ne pourrais pas m'échapper. J'avais toujours imaginé que ma première fois serait avec quelqu'un qui m'aimerait, quelqu'un que j'aimerais. Mais avec lui, c'était différent. Il était trop riche, trop possessif, trop dominateur, trop charismatique. Tout était trop.

Je soupirai, m'enfonçant dans le fauteuil, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur. Je savais ce que je voulais au fond de moi : être aimée, aimer en retour, me marier, avoir des enfants. Mais ce rêve, je savais qu'il ne faisait pas partie des plans de Da Shu. Au plus profond de moi, j'en étais convaincue. Pourtant, comment pouvais-je me relever maintenant que j'étais tombée si bas ?

Je rejoignis la famille d'accueil pour le dîner, essayant de retrouver un semblant de normalité. Leur chaleur et leur bienveillance étaient apaisantes, et pendant un instant, j'oubliai mes préoccupations. Après le repas, je me réfugiai dans ma chambre et m'écroulai sur le lit, exténuée. Je répondais distraitement aux messages de mes amis avant de sombrer dans un sommeil agité.

Mon téléphone sonna tard dans la nuit, me tirant d'un rêve confus. Je cherchai l'appareil à tâtons, encore à moitié endormie.

- Oui ? dis-je d'une voix ensommeillée.

- C'est moi, dit Da Shu. Je viens d'arriver. Que fais-tu ?

Je fronçai les sourcils, essayant de chasser la brume du sommeil.

- Je dors... répondis-je, exaspérée.

Il rit doucement à l'autre bout du fil, un son qui fit battre mon cœur un peu plus fort.

- Alors dors bien, ma petite poupée, murmura-t-il.

Il y eut un silence, comme s'il hésitait. Puis je demandai, presque sans réfléchir :

- Pourquoi ? Pourquoi es-tu si gentil avec moi ?

Son souffle se fit plus audible, comme s'il avait été pris de court par ma question.

- Pourquoi quoi ? répondit-il, sa voix plus distante.

- Pourquoi es-tu si attentionné alors que tu ne veux rien de sérieux ? Je tombe amoureuse de toi, Da Shu... murmurais-je, sentant une vague de vulnérabilité me submerger.

Il soupira longuement, un souffle qui me sembla lourd de significations.

- Il vaut mieux que tu ne tombes pas amoureuse de moi, dit-il finalement. Va dormir, on reparlera de ça à mon retour. Bonne nuit.

Avant que je ne puisse répondre, il raccrocha, me laissant seule avec mes doutes et mon cœur brisé. Je restai là, le téléphone toujours à la main, le regard fixé sur l'écran noir. Il me soufflait le chaud et le froid, et j'étais perdue, incapable de comprendre ce qu'il voulait vraiment de moi.

Je finis par reposer le téléphone sur ma table de nuit, fermant les yeux avec un soupir de frustration. Était-ce une façon pour lui de me garder sous son emprise, de me manipuler ? Ou y avait-il quelque chose de plus, une tendresse qu'il ne savait simplement pas exprimer autrement ?

Je me tournai sur le côté, essayant de trouver le sommeil, mais mes pensées tourbillonnaient encore autour de lui. Je n'étais pas prête à accepter que je m'étais peut-être jetée dans une relation qui ne me mènerait nulle part, mais je savais que je devrais bientôt faire face à cette réalité.

Ce soir-là, je pris une décision silencieuse, celle de me protéger, même si cela signifiait me briser le cœur. Parce que malgré toute la passion et le désir, je méritais d'être aimée, réellement aimée. Et si Da Shu ne pouvait pas me donner cela, alors il me faudrait trouver la force de m'éloigner, avant qu'il ne soit trop tard.

Mais pour l'instant, je laissai mes larmes couler en silence dans l'obscurité de la nuit, espérant que demain serait plus clair.


Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant