Lumiere Eteinte

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Le lendemain matin, la lumière du soleil filtrait à travers les rideaux de la chambre, projetant des ombres dansantes sur les murs. Mon corps était lourd, engourdi, et mon esprit assombri. Chaque mouvement me rappelait ce qu'il avait fait, chaque respiration était un poids que je n'arrivais pas à soulever.

Mes yeux s'ouvrirent lentement, rencontrant une silhouette assise près du lit. Da Shu.

Il était là, le regard fixé sur moi, une expression indéchiffrable sur son visage. Dans ses yeux, il y avait une lueur de tendresse, mais aussi un éclat sombre, celui d'un homme habitué à contrôler, à posséder.

Je me redressai lentement, grimaçant sous la douleur qui émanait de chaque muscle de mon corps.

« Tu n'aurais pas dû rester, » murmurai-je, ma voix rauque, presque inaudible.

Il baissa les yeux un instant, puis se leva, s'approchant de moi. Je me reculai instinctivement, la peur serrant ma gorge.

« Ne t'approche pas, » avertis-je, ma voix tremblante mais ferme.

Il s'arrêta, levant les mains dans un geste de reddition.

« Je voulais m'assurer que tu allais bien, » dit-il doucement.

Je ris sans joie, un son amer et cassé. « Bien ? Tu penses que je vais bien après ce que tu as fait ?

Il ne répondit pas immédiatement, mais je pouvais voir la lutte interne sur son visage. Il inspira profondément avant de murmurer :

« Jeni'er, je... je suis désolé. »

Ces mots résonnèrent dans la pièce comme une trahison.

« Désolé ? » répétai-je, ma voix montant d'un cran. « Désolé ? C'est tout ce que tu as à dire ? Tu m'as anéantie, Da Shu ! Tu as pris ce qui ne t'appartenait pas, et maintenant tu dis que tu es désolé ? »

Il serra les poings, ses traits se crispant.

« Je sais que je t'ai blessée, » dit-il enfin. « Je sais que je suis allé trop loin. Mais je ne pouvais pas... »

Il s'interrompit, cherchant ses mots.

« Tu ne pouvais pas quoi ? Me laisser tranquille ? Me respecter ? » Ma voix tremblait de colère et de douleur.

Il leva les yeux vers moi, ses traits adoucis par une sincérité déconcertante.

« Je ne pouvais pas m'arrêter. »

Ces mots, prononcés avec une telle simplicité, furent comme une lame enfoncée dans ma poitrine.

« Tu es un monstre, » murmurai-je, les larmes coulant librement sur mes joues. « Je te déteste. »

Il s'avança lentement, et cette fois, je ne reculai pas. Je n'avais plus la force.

« Jeni'er, » murmura-t-il, sa voix presque suppliante. « Je ne sais pas comment t'expliquer ce que je ressens. Ce que tu es pour moi. Tu es la seule à oser me tenir tête, la seule à me faire ressentir... tout ça. »

Je le fixai, cherchant à comprendre si ses mots étaient sincères ou simplement une autre manipulation.

« Ce n'est pas de l'amour, Da Shu, » dis-je doucement, presque en chuchotant. « Ce que tu ressens, ce n'est pas de l'amour. C'est un besoin de contrôler, de posséder. Et je refuse d'être ton jouet. »


Je me levai, rassemblant mes affaires avec des gestes précipités.

« Où vas-tu ? » demanda-t-il, sa voix chargée d'une inquiétude que je n'attendais pas.

« Je pars, » dis-je simplement.

Il s'approcha de moi, mais cette fois, il ne tenta pas de me retenir.

« Je te laisserai partir, » dit-il doucement. « Mais pas comme ça. »

Il s'approcha de la table, attrapa un petit objet qu'il me tendit. Une clé USB.

« Qu'est-ce que c'est ? » demandai-je, méfiante.

« Des informations. Sur moi. Sur mes affaires. Si un jour tu veux te venger, utiliser ça contre moi, je ne t'en empêcherai pas. »

Je le regardai, incrédule. Était-ce une tentative de rachat ? Ou une manière de m'attacher à lui, même de loin ?

Je pris la clé sans un mot, la glissant dans mon sac avant de quitter la chambre.

La gare était bondée, un chaos de voyageurs et d'annonces incompréhensibles. Assise dans le train, je fixai le paysage défilant par la fenêtre sans vraiment le voir. Mon esprit était embrouillé, ma poitrine lourde d'émotions contradictoires.

Le cliquetis des rails rythmait mes pensées, mais je ne parvenais pas à les ordonner. La veille me hantait. Ses mots, ses gestes, ses excuses. Tout semblait irréel, comme un cauchemar dont je ne pouvais m'éveiller.

À un moment, une femme assise en face de moi me lança un regard compatissant.

« Tout va bien, mademoiselle ? » demanda-t-elle doucement.

Je secouai la tête, incapable de répondre. Les mots semblaient coincés dans ma gorge.

Le train entra en gare. Je pris mes affaires et descendis, l'air frais du matin frappant mon visage. La maison de mon grand-père n'était pas loin. J'inspirai profondément avant de pousser la porte.


Nana m'accueillit avec un sourire chaleureux, mais son expression changea en voyant mon état.

« Mon enfant, que s'est-il passé ? » murmura-t-elle, me prenant dans ses bras.

Je me laissai aller à ses bras réconfortants, les larmes montant à mes yeux.

« J'ai besoin de temps, Nana. Je vais bien, ne t'inquiète pas. »

Elle hocha la tête, respectant mon silence.

Mon grand-père, assis dans le salon, posa son journal en me voyant entrer.

« Te voilà de retour. Tout va bien ? » demanda-t-il, son ton bienveillant mais légèrement inquiet.

Je forçai un sourire, hochant la tête. « Oui, tout va bien. Je suis juste fatiguée. »

Il acquiesça, mais je savais qu'il voyait au-delà de mes mots.

Je montai dans ma chambre, fermant la porte derrière moi. La clé USB était toujours dans mon sac. Je la regardai un instant, puis la posai sur la table.

Quelques jours plus tard, un coursier déposa une enveloppe à la maison. À l'intérieur, une lettre de Da Shu.

"Jeni'er,
Je sais que je t'ai anéantie. Je ne mérite pas ton pardon, et je ne le demande pas. Mais sache que je vais changer, pas pour te récupérer, mais pour devenir un homme meilleur. Pour toi.
Tu es la seule lumière dans ma vie, et je ne veux plus être celui qui t'éteint.
- Da Shu."

Mes mains tremblaient en lisant ses mots. Était-ce sincère ? Ou simplement une nouvelle manière de m'attacher à lui ?

Je froissai la lettre, la jetant dans la poubelle.

"Non, Da Shu. Tu ne m'auras plus."


Malgré la douleur, je savais que je devais avancer.. Je repris lentement mes habitudes, me concentrant sur mes cours et mes projets. Mais chaque pas était lourd, chaque sourire semblait forcé.

Un soir, alors que je rentrais d'un cours, je vis une voiture noire garée près de l'entrée. Mon cœur s'arrêta en reconnaissant la silhouette familière de Da Shu.

Il sortit de la voiture, mais cette fois, il resta à distance.

« Je voulais juste te voir une dernière fois, » dit-il doucement. « Pour m'assurer que tu allais bien. »

Je le fixai, les émotions se bousculant en moi.

« Tu ne devrais pas être là, » murmurai-je.

Il hocha la tête, un sourire triste sur les lèvres. « Je sais. Mais sache que, peu importe où tu es, je penserai toujours à toi. »

Sans attendre ma réponse, il remonta dans la voiture et disparut dans la nuit.

Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant