La confrontation

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Je montai dans la voiture, refermant la portière avec un geste vif. La robe bleu nuit que je portais caressait mes jambes, son tissu soyeux et élégant me rappelant l'attente implicite de perfection qui pesait sur mes épaules. Je glissai mes mains sur mes genoux, tentant de calmer l'anxiété qui montait en moi.

Le chauffeur, un homme au regard discret, rompit le silence.

- « Grande soirée en perspective ? » demanda-t-il d'un ton poli.

- « En perspective, oui. Mais pas dans le bon sens. » répondis-je avec un demi-sourire cynique.

Il hocha la tête, captant que je n'avais pas envie d'en dire davantage.

Les lumières de la ville s'étiraient à travers la vitre, dansant sur mon visage, mais je ne voyais rien. Mon esprit était déjà là-bas, anticipant chaque regard, chaque commentaire, chaque sourire en coin. Je savais que cette soirée ne serait qu'une mascarade de plus. Pourtant, malgré l'envie de fuir, je savais que mon absence aurait été interprétée comme une faiblesse.

Quand la voiture s'arrêta devant l'imposante demeure de ma belle-mère, je pris une grande inspiration. Des voitures de luxe s'alignaient impeccablement dans l'allée, et les rires discrets des invités résonnaient déjà, portés par la brise.

- « Bonne chance, mademoiselle. » murmura le chauffeur avec un sourire presque compatissant.

Je sortis de la voiture, redressai les épaules et me dirigeai vers l'entrée.


À peine avais-je franchi le seuil que je sentis les regards se poser sur moi. Certains furtifs, d'autres appuyés, mais tous me traversant comme des flèches. La maison scintillait sous les lustres, une opulence étouffante enveloppant chaque détail. Je pris une inspiration discrète et continuai d'avancer, ignorant les murmures et les regards curieux.

Ma belle-mère ne tarda pas à apparaître, comme une ombre surgissant des coulisses. Sa robe noire, sobre mais impeccable, renforçait l'aura froide qu'elle dégageait.

- « Ah, te voilà enfin. » dit-elle avec un sourire si poli qu'il en devenait menaçant. « Seule, comme d'habitude. »

Je relevai légèrement le menton, refusant de lui donner la moindre satisfaction.

- « Oui, comme d'habitude. Mais au moins, je suis ici. »

Son sourire se crispa légèrement, mais elle se contenta d'un hochement de tête.

- « Fais attention à toi. Les erreurs sont vite remarquées dans ce genre de soirées. »

Elle s'éloigna sans attendre de réponse, me laissant seule dans ce champ de bataille .

Au centre de la pièce, ma demi-sœur Yue-li régnait, entourée de ses amies comme une reine entourée de ses courtisanes. À 26 ans, elle maîtrisait l'art d'être admirée, ses rires savamment calculés et ses gestes parfaitement chorégraphiés attirant l'attention de tous. Sa robe rouge, clinquante et provocante, n'était qu'un prolongement de son arrogance naturelle.

Quand elle me vit, son sourire s'élargit, mais pas de la manière chaleureuse que l'on pourrait attendre d'une sœur.

- « Eh bien, regarde qui a osé se montrer. » dit-elle en s'avançant, ses amies gloussant derrière elle.

Je la laissai venir, ma patience déjà mise à l'épreuve.

- « Yue'li. Toujours au centre de l'attention, je vois. » dis-je, un sourire poli aux lèvres.

- « Et toi, toujours à la périphérie. Mais ce n'est pas grave, tout le monde a sa place. » rétorqua-t-elle, ses yeux brillant d'un plaisir malveillant.

Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant