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La porte de la maison de Da Shu se referma derrière moi avec un claquement qui sembla résonner dans mon âme. Je ne me retournai pas. Chaque pas loin de lui était une déclaration silencieuse de liberté, un acte de rébellion contre l'emprise qu'il avait eue sur moi.

Le chauffeur m'attendait à l'extérieur. Sans un mot, il ouvrit la portière, et je montai.

« Retournez chez mon grand-père, » murmurai-je, le regard fixé sur l'obscurité.

La maison de mon grand-père était un phare de stabilité dans ma vie. C'était là que j'avais grandi, entourée de son amour et de sa sagesse. Alors que la voiture s'engageait dans l'allée, je vis la lumière chaleureuse du salon filtrer à travers les fenêtres, me rappelant que, peu importe ce que j'avais traversé, cet endroit resterait toujours mon refuge.

Il m'attendait à la porte, son visage empreint d'inquiétude et de tendresse. Lorsqu'il me vit descendre, il ouvrit les bras.

« Jeni'er, » murmura-t-il doucement.

Je me précipitai vers lui, m'accrochant à son étreinte comme si ma vie en dépendait.

Il ne posa pas de questions ce soir-là. Au lieu de cela, il me conduisit à ma chambre.
Pourtant, je savais que ma place ici ne serait que temporaire.

Quelques semaines plus tard, j'entamai des études de journalisme, un domaine qui m'avait toujours fascinée. Avec l'encouragement de mon grand-père, je pris la décision de m'installer dans les dortoirs de l'université. C'était un pas nécessaire pour regagner mon indépendance et m'éloigner des ombres de mon passé.

La vie en dortoir était bruyante et désordonnée, mais elle m'aida à me reconnecter avec le monde. Je partageais ma chambre avec Xiaoyu, une fille joviale et bavarde qui devint rapidement une amie proche.

« Tu es tellement calme, Jeni'er, » me dit-elle un soir en étalant ses affaires sur son lit. « Tu dois apprendre à te détendre. Viens, on va à la cafétéria avec les autres ! »

Parmi ces « autres », il y avait Minghao, un étudiant curieux et passionné par les affaires internationales. Ensemble, ils devinrent ma petite famille à l'université.

Un jour, après un cours sur les techniques d'interview, Minghao m'interrogea :
« Pourquoi le journalisme ? »

Je marquai une pause, réfléchissant. « Parce que les histoires comptent. La vérité compte. Et j'ai envie de donner une voix à ceux qu'on ignore. »

Il hocha la tête, impressionné. « Je crois que tu vas aller loin, Jeni'er. Tu as une perspective unique. »

Dans les couloirs de l'université, je sentais souvent les regards sur moi. Les garçons étaient captivés par ma beauté, chuchotant parfois en me voyant passer.

« Elle est tellement belle, » murmura un jour un étudiant à son ami. « Comme une poupée. »

Un autre ajouta : « On dirait qu'elle sort d'un tableau. »

Je percevais leur admiration, mais je préférais rester discrète, ne répondant jamais à ces commentaires.

En revanche, les filles de l'université étaient souvent moins bienveillantes. Certains de leurs regards étaient lourds de jalousie.

« Tu as vu comme tout le monde la regarde ? Elle croit qu'elle est meilleure que nous ? »

« Elle est belle, oui, mais elle le sait, ça se voit. »

Ces remarques me blessaient parfois, mais Xiaoyu, qui était toujours à mes côtés, refusait de laisser ces mots m'atteindre.

« Ignore-les, » me dit-elle un jour alors que je lui faisais part de mes inquiétudes. « Elles sont jalouses parce qu'elles n'ont pas ta grâce, ton élégance naturelle. Toi, tu n'as rien à prouver. »

Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant