La fuite

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Le matin du départ, l'air était doux et ensoleillé, l'été s'installait pour de bon. Je terminais de préparer mes valises, des éclats d'excitation me traversant à chaque vêtement que je pliais. Un voyage à Londres et Paris, offert par mon grand-père, était exactement ce dont j'avais besoin pour me recentrer, pour respirer un peu loin de l'atmosphère oppressante que Da Shu avait subtilement créée autour de moi.

Au fond de moi, je savais que ce départ était aussi une fuite - un moyen de prendre de la distance avec la proposition que Da Shu avait insinuée, cette promesse obscure et possessive qui m'habitait encore malgré moi. J'avais besoin de réfléchir, de comprendre ce que je voulais vraiment.

Dans l'entrée, mon grand-père et Nana attendaient, me regardant avec leurs sourires bienveillants. Ils savaient tous les deux que ce voyage comptait énormément pour moi, et je sentais leur fierté de me voir prendre ce premier envol. Après quelques adieux et des recommandations bienveillantes, ils m'accompagnèrent jusqu'à l'aéroport. Avant que je franchisse la zone de sécurité, mon grand-père me glissa quelques mots :

« Profite de chaque instant, ma fille. Découvre le monde, et n'oublie pas qui tu es. »

Les yeux légèrement embués, je lui fis un dernier signe de la main avant de disparaître vers l'aventure.

À Londres, je fus accueillie par une famille chaleureuse et accueillante, qui vivait dans une charmante maison en briques rouges, typique des quartiers résidentiels de la ville. Mon séjour serait rempli de découvertes : quinze jours à explorer les ruelles pavées de la ville, à visiter des musées, et à goûter la liberté, loin des regards inquisiteurs et des attentes de Da Shu.

Dès les premiers jours, je me retrouvai avec d'autres jeunes en échange, riant et partageant des moments simples. Un après-midi, nous étions assis en terrasse, à siroter des cocktails, et je me surpris à profiter de chaque instant, du soleil, du rire de mes amis et de l'agitation des rues londoniennes. C'était un sentiment grisant de me sentir anonyme, libérée du poids de tout ce que j'avais laissé derrière moi. Parfois, je capturais l'attention de certains regards, et je souriais timidement, consciente de mon charme dans cet univers inconnu.

Le soir, je m'endormais épuisée de mes aventures, mais au fond de moi, l'ombre de Da Shu persistait. Dans ces moments-là, je me demandais si j'avais fait le bon choix en partant sans prévenir, en fuyant plutôt qu'en affrontant ce qu'il représentait pour moi. Mais je repoussais vite ces pensées, décidant de savourer chaque instant de mon voyage.

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Après quinze jours à Londres, vint le moment de partir pour Paris. La ville m'accueillit avec son élégance intemporelle, ses rues pavées et l'atmosphère romantique qui semblait flotter dans chaque café, chaque rue.

La famille qui m'hébergeait vivait dans un petit appartement sous les toits, avec une vue incroyable sur les toits de la ville. Ma chambre, située dans une pièce mansardée, me rappelait les chambres de bonne d'un autre temps. Mais l'endroit avait son charme, une simplicité qui contrastait avec le luxe étouffant auquel Da Shu m'avait habituée. Ici, je me sentais libre de mes pensées, libre d'imaginer un futur différent, loin des attentes des autres.

Le jour, je déambulais dans les rues de Paris avec mes nouveaux amis d'échange, découvrant les monuments majestueux de la ville : la Tour Eiffel, le Louvre, Montmartre... Les soirées étaient animées, faites de rires, de discussions interminables autour de cocktails et de regards échangés. Certains jeunes parisiens me complimentaient, me lançaient des regards charmeurs, et même si j'étais flattée, rien ne m'atteignait vraiment. Car, malgré la distance, l'ombre de Da Shu me hantait encore.

Un soir, alors que je regardais les lumières de la ville depuis la terrasse d'un café, un garçon charmant engagea la conversation. Il me parlait de ses rêves, de sa vie à Paris, et je me laissais porter par la douceur de l'instant. Pourtant, au fond de moi, je savais qu'aucun de ces regards ne pourrait effacer la présence magnétique de Da Shu, ce mystère et cette part d'ombre qu'il avait laissés en moi.

Plus les jours passaient, plus je réalisais que ce voyage était aussi une pause, un moment pour comprendre mes sentiments, pour démêler ce que je ressentais vraiment. Chaque soir, seule dans cette petite chambre sous les toits, je me demandais ce que je voulais vraiment. Vivre dans le monde libre et lumineux de ces nouvelles rencontres, ou retourner dans l'univers mystérieux de Da Shu, là où il m'attendait, avec cette intensité possessive que je ne parvenais toujours pas à oublier.


Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant