Retour

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Revenir en Chine était comme retrouver une part de moi-même. Pourtant, cette fois, j’étais déterminée à écrire un nouveau chapitre, loin des ombres du passé.

Mon grand-père m’accueillit avec un sourire empreint de fierté, et Nana, fidèle à elle-même, me couvrit de baisers et de larmes.

« Tu es si belle, mon enfant, » murmura-t-elle. « Et si forte. »

Quelques jours après mon arrivée, mon grand-père m’offrit un cadeau inattendu : un appartement cosy dans un quartier calme de Pékin.

« C’est pour toi, Jeni'er, » dit-il simplement. « Un endroit où tu pourras bâtir ton avenir. »

Quand je poussai la porte de mon appartement, je fus submergée par un mélange d’émerveillement et de gratitude.

C’était petit mais élégant, baigné de lumière grâce aux grandes baies vitrées qui donnaient sur un parc verdoyant. Les murs beige clair dégageaient une ambiance chaleureuse, et j’avais décoré chaque pièce avec soin : un canapé en velours gris, une table basse en bois brut, et une bibliothèque qui se remplissait peu à peu de livres et de souvenirs.

Dans ma chambre, une literie blanche immaculée était rehaussée d’un plaid en laine. Une bougie parfumée diffusait une odeur apaisante, créant un espace où je me sentais enfin libre.

Pendant ce temps, à l’autre bout de la ville, Da Shu plongeait dans son univers de luxe et de solitude. Son immense bureau, entouré de murs vitrés qui surplombaient Pékin, reflétait son pouvoir. Pourtant, derrière son apparente maîtrise, une tempête faisait rage.

Ce jour-là, son secrétaire Wang entra timidement dans la pièce.

« Monsieur, » commença-t-il prudemment, tenant un dossier.

« Parle, » répondit Da Shu, sans lever les yeux de son écran.

Wang prit une profonde inspiration. « Melle Jeni'er est revenue en Chine. »

Ces mots furent comme une décharge électrique. Da Shu releva brusquement la tête, ses yeux brillants d’une intensité nouvelle.

« Où est-elle ? » demanda-t-il, sa voix basse mais vibrante de tension.

« Elle s’est installée dans un appartement offert par son grand-père, » répondit Wang, hésitant. « Elle a repris ses études et fait un stage chez Lin Xia. »

Da Shu se leva lentement, s’approchant de la baie vitrée. Ses mains, habituellement immobiles, tremblaient légèrement.

Elle était là, dans la même ville.

Un sourire sombre se dessina sur ses lèvres, mais derrière ce masque de contrôle, un torrent d’émotions le submergeait : soulagement, désir, et une peur sourde.

« Continuez de me tenir informé, » ordonna-t-il.

Wang hésita avant de demander : « Vous êtes sûr, monsieur ? La suivre ainsi… est-ce vraiment nécessaire ? »

Da Shu tourna lentement la tête, son regard glacial.

« Je veux tout savoir, Wang. Chaque détail. Ne pose pas de questions. »

Le retour de Jeni'er enflamma une obsession qu’il avait tenté de réprimer pendant des mois. Il savait qu’il n’avait pas le droit de l’approcher, mais il ne pouvait pas s’en empêcher.

Il attendait souvent dans sa voiture aux vitres teintées, garée près de son immeuble ou de l’université. Il la regardait, l’observait, essayant de deviner ses pensées, ses émotions, à travers ses gestes.

Un soir, alors qu’elle sortait de l’université, il sentit son cœur s’accélérer. Elle riait avec des amis, son sourire illuminant son visage.

Mais en même temps, une jalousie brûlante le rongeait. Qui étaient ces gens qui partageaient son temps ? Qui osait s’approcher d’elle ?

Il resta dans l’ombre, incapable de se montrer, mais incapable de partir.

De retour chez lui, Da Shu s’effondra dans son fauteuil en cuir, son verre de whisky à la main.

"Qu’est-ce que tu m’as fait, Jeni'er ?" pensa-t-il.

Il se leva brusquement, balaya les dossiers sur son bureau, et poussa un cri rauque, chargé de frustration et de douleur.

« Elle est là, dans la même ville, et je ne peux même pas la toucher, » murmura-t-il, les mains tremblantes.

Il savait qu’il devait la laisser tranquille, qu’il lui avait déjà fait assez de mal. Mais chaque fibre de son être le poussait vers elle.

"Tu es comme une drogue. Et je suis en manque."

De mon côté, je continuais ma routine. Entre mon stage, mes cours, et mon appartement à organiser, mes journées étaient bien remplies.

Un soir, alors que je rangeais des affaires, je tombai sur un objet que j’avais presque oublié : la clé USB que Da Shu m’avait donnée avant mon départ.

Je la fixai, mon cœur se serrant à l’idée des souvenirs qu’elle contenait. Avec un soupir, je la jetai dans la poubelle, décidée à tourner la page.

Mais quelque chose m’arrêta.

"Et si ?"

Je récupérai la clé, la connectai à mon ordinateur, et ouvris les fichiers.

Ce que je découvris me laissa sans voix.

Des rapports détaillés révélaient une autre facette de Da Shu, bien plus sombre que ce que je connaissais : des bars clandestins, du trafic d’influence, des fermetures brutales d’usines pour maximiser ses profits…

Chaque document confirmait une réalité que je refusais d’admettre.

"Il dirige son empire comme une organisation criminelle," pensai-je, abasourdie.

Je continuai à explorer les fichiers, découvrant des preuves de manipulations politiques, des témoignages de victimes de ses décisions impitoyables.

Mon cœur s’accéléra. La colère monta en moi, mais aussi une étrange fascination.

"Qui est vraiment Da Shu ?"

Da Shu, toujours obsédé, continuait de la surveiller de loin, ignorant qu’elle venait de découvrir une partie de ses secrets.

Pour lui, chaque jour sans elle était une torture. Mais il savait que s’il voulait regagner sa confiance, il devait changer.

"Jeni'er, je t’attendrai. Peu importe combien de temps cela prendra, je t’attendrai."

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Mon oncle et moi ( da shu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant