Chapitre 15.

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Le bruit des pneus hurlant sur l'asphalte résonna dans ses oreilles, et l'instant sembla se figer.

Puis, plus rien. Elle resta là, le cœur battant à tout rompre, l'adrénaline la figeant sur place. Était-elle en sécurité, ou venait-elle de frôler la mort? L'ombre de la voiture disparut aussi vite qu'elle était apparue, mais Fily, les jambes tremblantes, n'osa pas se retourner. Elle se contenta de continuer à avancer, sans savoir si elle avait échappé de justesse à la collision ou si la voiture l'avait frôlée. Le doute la rongeait alors qu'elle continuait sa fuite dans la nuit noire.

Après plusieurs heures de marche à travers la nuit noire, ses pieds douloureux et ses pensées embrouillées, Fily commença à perdre espoir. L'angoisse pesait sur ses épaules, et la fatigue la gagnait à chaque pas. Elle marchait à travers des ruelles désertes, sans but, en quête de réconfort, de quelqu'un qui pourrait l'aider. Puis, au détour d'un virage, elle aperçut les feux d'une voiture qui s'approchait à toute allure. Ses jambes tremblantes la firent hésiter, mais la peur de retourner chez elle, sous le joug de son mari et de sa belle-famille, la poussa à lever la main.

La voiture s'arrêta enfin à sa hauteur. Un homme au visage marqué par l'âge la regarda de ses yeux fatigués. C'était un chauffeur de sept places, le genre d'homme qui parcourt le pays en transportant des voyageurs d'un point à l'autre. Fily se précipita vers lui, la voix brisée par les larmes et l'épuisement. "S'il vous plaît... emmenez-moi, je n'ai nulle part où aller. Je vous en supplie... emmenez-moi à Loboudou, dans mon village. C'est tout ce que je vous demande." Le chauffeur la dévisagea un instant, mais l'angoisse dans ses yeux sembla le convaincre. Il acquiesça lentement, ouvrant la porte arrière et lui permettant de s'installer. En silence, Fily se laissa glisser dans le véhicule, soulagée de quitter la ville, mais incertaine de ce qui l'attendait dans le village de Loboudou, à Louga. Elle savait qu'elle venait de fuir une prison, mais la route vers la liberté serait semée d'embûches.

Dans la voiture, Fily se laissa aller contre la fenêtre, fermant les yeux un instant. Le rythme des roues roulant sur la route déserte la berçait, mais elle ne pouvait pas oublier ce qu'elle venait de fuir. Chaque pensée lui ramenait des souvenirs de son mari, de ses belles-sœurs, de son beau-père, des mots violents et des humiliations. Le calme de la nuit était presque irréel après tout ce qu'elle avait traversé. Elle sentait le poids de son corps, fatigué et douloureux, mais aussi celui de l'enfant qu'elle portait, un fardeau mais aussi un espoir de fuite, de liberté.

Louga était à des centaines de kilomètres, mais la route semblait infinie. Le chauffeur, un homme d'apparence tranquille, ne disait presque rien. Il lui jeta de temps en temps un regard, sans vraiment poser de questions. Ils roulaient dans une nuit sans fin, traversant des villages endormis et des paysages désertés. Au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient de Dakar, Fily se sentait étrangement protégée, bien qu'elle ne sache pas exactement où elle allait ni ce qu'elle y trouverait.

Finalement, après plusieurs heures, ils arrivèrent à un petit village entouré de champs verdoyants. Louga semblait être un endroit où les gens vivaient en harmonie avec la terre, loin du tumulte de la ville. Mais pour Fily, cet endroit n'était qu'un point d'atterrissage temporaire. Elle savait qu'elle ne pouvait pas y rester éternellement, mais pour l'instant, cela semblait être la seule échappatoire.

Le chauffeur la conduisit à la maison d'un ami, un vieux paysan, et avant de partir, il lui donna quelques pièces pour les premiers besoins. "Repose-toi ici, et réfléchis à ce que tu veux faire", dit-il d'une voix calme. Puis, il disparut sous le chaud soleil, laissant Fily seule dans un endroit inconnu, mais un peu moins oppressant que tout ce qu'elle avait connu auparavant.

Elle s'assit contre la porte de la maison, les yeux dans le vide, sans savoir ce qui l'attendait. Mais pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait un peu plus libre, même si l'incertitude et la peur étaient toujours là.


Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant