Partie 45.

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Depuis l'installation de Mère Marème dans leur maison, Fily avait appris à composer avec les remarques déguisées de sa belle-tante. Mais ce jour-là, alors qu'elle préparait le petit-déjeuner dans la cuisine, les piques commencèrent dès l'aube.

— Hmm... du pain et du café, rien d'autre ? dit Mère Marème, observant Fily avec un sourire sarcastique. — À l'époque de ma mère, une vraie femme préparait toujours un repas copieux pour son mari. Mais enfin, on ne peut pas attendre ça de toutes les épouses...

Fily inspira profondément, serrant la cafetière entre ses mains pour contenir son agacement.

— Mouhamadou préfère des choses légères le matin, répondit-elle calmement, sans se retourner.

— Mouhamadou, Mouhamadou... c'est ce que tu dis, mais je parie qu'il ne te le dit que pour te ménager. Un homme comme lui mérite bien mieux que ça, murmura Mère Marème en sortant de la cuisine, non sans lui lancer un regard en coin.

L'après-midi, alors que Fily s'affairait à ranger la maison, Mère Marème lui tendit un tissu joliment emballé.

— Prends ça, je me suis dit que tu pourrais en faire quelque chose, dit-elle en souriant.

Fily ouvrit le paquet pour découvrir un pagne éclatant mais bien trop voyant pour son style habituel.

— Merci, mais ce n'est pas vraiment...

— Ah, ne me remercie pas ! C'est Mouhamadou qui m'a dit de te l'acheter. Tu devrais le porter pour lui plaire. Mais si tu préfères tes vêtements... enfin, chacun ses goûts, conclut-elle avec un faux sourire.

Le soir même, Mère Marème fit un commentaire à Mouhamadou devant Fily.

— Ton épouse n'aime pas les cadeaux qu'on lui offre, elle a refusé le tissu que j'ai choisi exprès pour elle. Peut-être que je devrais m'abstenir à l'avenir ?

Fily, désireuse d'éviter un conflit, se contenta de sourire doucement. Mouhamadou haussa un sourcil mais changea rapidement de sujet.

Le soir, après le dîner, Mère Marème s'assit dans le salon avec Mouhamadou, une tasse de thé fumant dans les mains. Fily rangeait encore la cuisine, laissant sa tante seule avec son mari. Mère Marème saisit l'occasion pour lancer subtilement son premier piège.

— Mon fils, commença-t-elle doucement, tu sais combien je tiens à toi.

Mouhamadou, qui répondait à quelques e-mails sur son téléphone, leva les yeux vers elle, intrigué.

— Bien sûr, tante. Pourquoi cette déclaration soudaine ?

Mère Marème sourit doucement avant de poser sa tasse sur la table basse.

— J'ai remarqué que ta femme semblait... comment dire... un peu distante, ces derniers temps.

— Distante ? répéta Mouhamadou en fronçant les sourcils.

— Oh, ce n'est rien de grave, je te rassure. Peut-être est-ce seulement moi, mais tu sais, aujourd'hui, je lui ai offert un tissu magnifique. Vraiment de qualité, choisi avec soin. Mais elle n'a pas semblé... enthousiaste.

Mouhamadou inclina légèrement la tête, cherchant à comprendre où elle voulait en venir.

— Peut-être que ce n'est pas son style ? Fily a des goûts simples, tu le sais.

Mère Marème secoua la tête, feignant l'incrédulité.

— C'est possible, mais je me demande si elle ne se sent pas à sa place ici. Parfois, les jeunes femmes modernes n'apprécient pas les traditions, les attentions que nous avons dans notre famille. Mais enfin, c'est ta maison, et je ne devrais pas m'immiscer dans vos affaires.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant