Partie 29.

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Les jours suivants, Fily se laissa complètement engloutir par la douleur de la perte de sa fille. Elle n'était plus la femme déterminée qu'elle avait été quelques jours plus tôt. Chaque matin, elle se réveillait avec cette douleur lancinante qui ne la quittait pas, cette sensation que tout ce qu'elle avait vécu n'était plus que l'ombre d'une vie antérieure.

Elle passait ses journées dans un état presque catatonique, souvent allongée sur le canapé ou assise dans un coin de la pièce, regardant dans le vide, sans vraiment voir. Son esprit était ailleurs, dans une sorte de tourbillon de pensées noires et destructrices, mais elle ne disait rien. Ses amis, ceux qui l'aimaient et se souciaient d'elle, tentaient de la réconforter, mais leurs efforts semblaient vains. Elle ne répondait pas, ou à peine. Il était comme si Fily était devenue un autre être, déconnectée de la réalité, de la souffrance, de ses amis.

Mouhamadou était le premier à tenter de la soutenir, mais chaque conversation semblait s'éteindre dans l'air, comme si elle n'entendait pas, ou qu'elle refusait d'entendre. Il lui apportait des repas, essayait de l'encourager à parler, à exprimer sa douleur, mais elle ne faisait que secouer la tête, souvent sans un mot. Parfois, il restait juste là, à ses côtés, mais il n'y avait plus de lumière dans ses yeux. Il avait l'impression de voir une version vide et brisée de la femme qu'il connaissait.

Sophie, elle, était plus persistante. Elle essayait de lui parler, de lui rappeler les raisons pour lesquelles elle se battait, de lui offrir un peu d'espoir. "Fily, je sais que c'est dur, mais tu n'es pas seule. Tu n'as pas à traverser ça toute seule," lui disait-elle, sa voix remplie de douceur, mais aussi de frustration. Elle savait que Fily devait se relever, mais elle ne savait pas comment l'y aider.

"Fily, regarde-moi," répétait Sophie chaque jour. "Regarde ce que tu es devenue. Tu étais forte. Tu es encore forte. Mais il faut que tu réagisses. Il faut que tu venges ta fille."

Mais Fily ne réagissait pas. Elle restait dans sa torpeur, presque comme si elle se refusait à accepter la réalité de la situation. Elle vivait dans une forme d'inertie, sans repères, sans envie, son cœur lourd comme une pierre. Parfois, elle fixait son téléphone, comme si elle attendait un appel, un signe de sa fille, mais bien sûr, rien ne venait.

Mike, lui, restait dans l'ombre de tout ça, observant avec une attention particulière. Il savait que Fily était plus forte qu'elle ne le pensait, mais il voyait aussi la douleur dévorer tout ce qu'elle avait été. Chaque jour, il venait la voir, sans trop savoir comment l'aider. Il n'avait pas les mots, mais il était là, silencieux, avec la force de sa présence. À ses yeux, Fily n'était pas simplement une victime de la situation. Elle était une femme de combat, une femme capable de tout, capable de remonter même du fond du gouffre. Mais pour l'instant, il la voyait brisée, et c'était insupportable.

Ce qui frappait le plus Mike, c'était l'admiration qu'il ressentait pour elle. Ce n'était pas de l'amour, mais plutôt une admiration fraternelle. Il avait vu Fily être forte, implacable dans sa détermination, et maintenant, il la voyait se perdre dans la douleur. Ce contraste l'intriguait et le touchait profondément. Il savait qu'elle n'était pas la femme qui resterait assise dans sa souffrance indéfiniment. Mais il se demandait, à chaque visite, quand elle allait enfin se relever.

Un jour, alors qu'il la retrouvait dans son état de torpeur, il s'assit à côté d'elle et lui parla doucement, avec la fermeté d'un frère qui veut secouer sa sœur. "Fily, je ne vais pas te mentir. Je vois ta douleur. Mais tu as été bien plus forte que ça, tu sais. Cette douleur que tu ressens, elle ne va pas te définir. Je sais que tu n'as pas envie de m'écouter, que tu veux t'effondrer, mais je suis là. Et tant que je serai là, tu n'es pas seule."

Il la fixa, observant le vide dans ses yeux. "Tu m'as montré tellement de force, Fily. Ce n'est pas la fin. C'est juste un moment de ta vie, et tu dois te relever. Tu sais pourquoi ? Parce que tu le dois. Tu le dois pour ta fille. Et pour toi."

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant