Partie 9.

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Attention sujet sensible

Les jours suivants furent une véritable lutte pour Fily. Elle essayait de continuer sa vie comme si rien ne s'était passé, mais chaque matin, elle se réveillait avec un poids immense sur la poitrine, un poids qu'elle ne savait comment alléger. Les souvenirs de cette nuit revenaient sans cesse, comme des éclats tranchants qui la laissaient brisée et perdue.

Mère Siré, qui l'observait de loin, semblait remarquer la douleur silencieuse de Fily. Mais dans cette maison où les secrets et les non-dits régnaient, elle ne posa jamais de questions. Fily n'osait pas en parler. Qui la croirait ? Pape était respecté par sa famille, par le voisinage. Il était l'image de l'homme accompli, celui que tout le monde admirait.

Une nuit, incapable de trouver le sommeil, Fily décida de sortir prendre l'air dans la cour. Elle s'assit près d'un arbre, ses pensées en tourbillon. Elle se sentait enfermée dans un cauchemar dont elle n'arrivait pas à s'échapper.

C'est à ce moment que son beau-frère, Thierno, apparut. Thierno, le seul dans cette maison qui lui avait montré un semblant de soutien et de gentillesse depuis son arrivée. Il l'observa un instant, remarquant ses yeux rougis par les larmes.

« Fily, ça va ? » demanda-t-il d'une voix douce, brisant enfin le silence qui pesait autour d'elle.

Fily hésita, mais cette fois, elle sentit que les mots lui échappaient, comme un barrage qui cédait sous la pression. Elle baissa la tête et murmura : « Non, Thierno... rien ne va. »

Les mots sortirent un à un, difficilement, entrecoupés de sanglots silencieux. Elle n'entra pas dans les détails, mais Thierno comprit bien plus qu'elle ne disait. Il posa une main réconfortante sur son épaule, lui offrant un soutien silencieux. Pour la première fois, elle se sentait écoutée, vue, comprise.

« Fily, personne ne mérite de vivre ça, » lui dit-il avec compassion. « Tu mérites une vie de respect et de paix. Si tu as besoin d'aide pour partir d'ici... je serai là. »

« Ne dis rien à personne s'il te plait »

En France

Le jeune homme respire bruyamment les yeux lointains.
Mouhamadou Mansour Cherifa n'avait que douze ans lorsque le monde, tel qu'il le connaissait, bascula brutalement. Une nuit étouffante, où l'air était lourd de mystères non dits, ses parents disparurent de la maison familiale. La veille, ils semblaient préoccupés, échangèrent des regards inquiets, mais n'avaient rien dit à leur fils, essayant de le protéger. Cependant, Mouhamadou comprenait, à sa manière, que quelque chose d'étrange se tramait.

Quelques jours plus tard, la nouvelle tomba, glaçante et incompréhensible pour un enfant : ses parents avaient été retrouvés morts près des rives du fleuve. Selon les autorités, ils avaient été victimes d'un « accident ». Mais au fond de lui, Mouhamadou savait qu'il ne s'agissait pas d'une simple tragédie. Des années après il comprit. Les marques étranges sur leurs corps, la disposition des lieux... Il y avait quelque chose de plus sombre, de plus sinistre, un secret enfoui qui restait hors de portée.

Après la mort de ses parents, Mouhamadou fut confié à sa grand-mère maternelle, une femme forte, bienveillante et sage, qui comprit vite que son petit-fils aurait besoin de quelque chose de plus grand pour s'en sortir. Voyant l'intelligence et la détermination dans le regard du garçon, elle décida de lui offrir une chance de fuir ce passé qui menaçait de l'emprisonner. Elle se battit pour lui offrir une éducation irréprochable, se privant souvent pour qu'il puisse suivre les meilleures écoles du Sénégal.

Elle répétait toujours, dans ses moments de prière : « Un jour, tu quitteras ce pays. Un jour, tu auras une vie meilleure. » Mouhamadou grandit en entendant ces mots comme une promesse, et il s'attacha à son rêve de devenir quelqu'un, d'aller loin pour honorer la mémoire de ses parents.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant