Partie 11.

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Fily n'était qu'un spectre, marchant mécaniquement à côté de Thierno qui, malgré son inquiétude, n'arrivait pas à cacher sa frustration. Il la tenait par le bras avec une certaine fermeté, comme si cela pouvait l'empêcher de sombrer dans l'obscurité. La ville défilait autour d'eux, mais Fily ne voyait rien. Elle était perdue dans ses pensées sombres, incapable de réagir à l'agitation autour d'elle. Son esprit était ailleurs, noyé dans des tourments qu'elle ne pouvait plus ignorer.

Thierno, à la fois inquiet et en colère, lui criait de temps en temps, essayant de la sortir de sa torpeur. Mais chaque fois, sa voix semblait se perdre dans le vide. Il avait l'impression de crier à une personne qui ne l'entendait plus. Finalement, il s'écria, exaspéré et paniqué : "Fily, tu vas te foutre en l'air ou quoi ?!"

Ses mots étaient durs, mais il ne savait plus comment réagir. La détresse de Fily l'écrasait, et la peur qu'elle puisse sombrer davantage dans l'abîme du désespoir l'angoissait.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin à la maison, Thierno laissa échapper un soupir de soulagement. Mais son soulagement se dissipa aussi vite qu'il était venu lorsqu'ils entrèrent dans le salon et trouvèrent toute la famille réunie. Il sentit immédiatement l'atmosphère lourde, comme une pression écrasante. La présence de tout le monde ici semblait tout sauf réconfortante.

Pape se leva dès qu'il les aperçut. Ses yeux, froids et pleins de colère, se fixèrent sur Fily. Il s'avança d'un pas lourd, et d'un geste brusque, il lui donna une gifle. Le bruit de la claque résonna dans toute la pièce. La violence de son geste fit sauter toute la maigre stabilité que Fily avait réussie à garder. Elle ne réagit même pas, son regard perdu dans le vide.

Pape, rouge de rage, lui hurla : "Qu'est-ce que tu fous dehors à cette heure-là, espèce de salope ?!"

La mère de Pape, Mère Siré, se leva à son tour, l'air furieux, ses yeux pleins de jugement. "Regardez-moi ça. Elle pense pouvoir se taper les deux frères, c'est ça ? Vous ne voyez pas qu'elle nous ridiculise, toute cette famille ?" Elle lança ces mots avec une violence calculée, cherchant à détruire encore davantage l'estime de Fily, à la rendre encore plus minable aux yeux de tous.

Thierno, abattu par les insultes et la brutalité de la situation, tenta de prendre la défense de Fily. "Arrêtez, ça suffit ! Vous ne comprenez rien, laissez-la tranquille !" Sa voix tremblait, mais il n'acceptait pas que sa sœur soit traitée ainsi. Cependant, sa mère, implacable, lui lança un regard menaçant et lui cria : "Tais-toi, Thierno ! T'es qu'un faible, tu ne vas pas nous dire ce qu'on doit faire ici !"

Thierno se tut, mais l'indignation brûlait en lui. Il n'était pas d'accord avec cette injustice, mais il savait que dans cette maison, il n'avait ni pouvoir ni voix. Il observait, impuissant, sa sœur détruite sous le poids de l'humiliation.

Codou n'avait jamais aimé la façon dont Thierno s'était toujours montré protecteur envers Fily. Dans son esprit, cela dépassait le simple souci fraternel. Elle se sentait ignorée, négligée, comme si tout l'amour de son mari allait vers une autre femme. Et ce jour-là, cela atteignit son paroxysme.

Elle éclata finalement, incapable de contenir la haine qui bouillonnait en elle. Son visage rougi par la colère, elle se tourna brusquement vers Thierno, sa voix perçante résonnant dans la pièce.

"Tu veux quoi, toi ?! Toujours la sauver, toujours la défendre ! C'est quoi ton problème ? Tu veux lui donner quoi de plus, hein ? T'es qu'un idiot !" Elle cracha ces mots comme des poignards, sa voix tremblante d'une rage qui menaçait d'exploser.

Elle s'approcha de lui, les poings serrés, prête à lui faire payer son indifférence. "Regarde ce que t'as fait ! T'as ruiné notre vie ! C'est de ta faute si tout est devenu un putain de bordel ici !" Elle hurlait, sa voix brisée par les larmes de frustration et de jalousie.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant