Partie 21.

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Fily, brisée mais déterminée, avait passé des jours dans une confusion douloureuse après la disparition de sa fille. La vie, déjà si cruelle, semblait lui avoir pris le dernier lien qui la maintenait encore debout. Mais elle ne pouvait pas abandonner. Pas tant qu'elle n'avait pas tout fait pour retrouver Adji Maguette.

Avec rien d'autre que ses vêtements et un petit sac où elle avait rangé quelques affaires, Fily quitta Loboudou au petit matin, sans prévenir personne, pas même Sophie. Elle savait que son amie aurait tenté de l'en dissuader ou insisté pour l'accompagner. Mais Fily ne voulait pas mettre d'autres vies en danger dans sa quête.

Sans argent, elle marchait de village en village, s'arrêtant pour demander de l'aide ou des informations. Mais la plupart des gens la regardaient avec méfiance, voire avec pitié. Certains lui donnaient à manger, d'autres lui refusaient même un verre d'eau.

Fily arriva à une petite gare routière animée, perdue au milieu de nulle part. Les cris des marchands et les klaxons des minibus s'entremêlaient dans un chaos assourdissant. Elle était épuisée, son regard vagabondait d'un coin à l'autre à la recherche de quelqu'un, de quelque chose, mais elle ne savait pas vraiment quoi.

Elle approcha timidement un chauffeur qui semblait attendre des passagers.

— Bonjour... Est-ce que vous allez à Dakar ? demanda-t-elle, hésitante.

Le chauffeur, un homme costaud avec un bonnet enfoncé sur la tête, la regarda de haut en bas.
— Dakar ? Oui, mais ce n'est pas gratuit, ma sœur. Tu as de l'argent ?

Fily baissa les yeux.
— Non... Mais je dois y aller. C'est urgent.

Le chauffeur soupira.
— Tout le monde a des urgences, mais moi je dois nourrir ma famille. Si tu n'as rien à payer, je ne peux rien faire pour toi.

Elle recula, le cœur lourd, et chercha un autre moyen. Elle essaya de parler à d'autres chauffeurs, d'autres passants, mais les réponses furent toujours les mêmes : pas d'argent, pas de transport.

Le soleil commençait à décliner, teintant le ciel d'une lumière orange, lorsqu'une femme d'âge moyen, portant un large plateau de beignets sur la tête, s'approcha. Elle avait observé Fily de loin.

— Hé toi, ma fille, pourquoi errer ici comme une âme perdue ?

Fily hésita, mais finit par répondre :
— Je cherche un moyen d'aller à Dakar... pour retrouver ma fille.

La femme fronça les sourcils.
— Ta fille ? Tu es seule ?

Fily hocha la tête.

— Monte, dit la femme en désignant son vieux chariot tiré par un âne. Je vais te conduire jusqu'au grand carrefour. Là-bas, tu auras peut-être plus de chance.

Fily monta sans réfléchir, un maigre espoir renaissant dans son cœur. Sur le chemin, la femme lui parla doucement, lui offrant des conseils et des bénédictions.

— Dakar est grande et pleine de dangers. Garde la foi, ma fille. Si ta lumière est juste, tu retrouveras ce que tu cherches.

En arrivant au carrefour, Fily remercia la femme avec une sincérité profonde. Une fois encore, elle se retrouva seule dans l'immensité de son combat.

Mais au fond d'elle, une voix murmurait : "Continue, ne t'arrête pas, pas encore."

Fily, épuisée par la marche et l'espoir presque éteint, scruta la longue route qui s'étendait devant elle. Le carrefour était animé, mais personne ne semblait prêter attention à cette femme frêle et désemparée. Elle serra ses bras autour d'elle, comme pour se protéger de la réalité.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant